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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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The Creator
Pendant des décennies, les humains ont cohabité avec les Intelligences Artificielles qui leur étaient entièrement dévouées. Dix ans après l'explosion d'une ogive nucléaire à Los Angeles provoquée par une IA, les États-Unis ont décidé de détruire les leurs mais aussi celles de la Nouvelle Asie, où elles continuent de vivre en harmonie avec l'Homme. Joshua, soldat américain envoyé en territoire ennemi pour débusquer Nimrata, créateur des IA asiatiques, découvre l'existence d'une arme prenant la forme d'une petite fille. Joshua et l'IA rebaptisée Alphie vont vite être contraints de prendre la fuite ensemble.

Après avoir été écarté en cours de route du tournage de Rogue One (film considéré par certains comme un des tous meilleurs Star Wars, ce n'est pas mon cas), Gareth Edwards a mis plusieurs années à revenir à la science-fiction en concoctant un projet très personnel, co-écrit avec Chris Weitz (ce nom, vois-tu, il semble vraiment surgir d'outre-tombe): The Creator. Un gros film qui n'est pas une adaptation, qui n'appartient pas à une franchise connue, c'était déjà un point intéressant. Le faible budget (80 millions de dollars, bien deux à trois fois moins que n'importe quel blockbuster moderne) difficile à croire en découvrant le film avait aussi de quoi donner un regain d'optimisme: en tournant en décor naturel plutôt qu'en studio, en économisant sur les caméras, les équipes, et en gérant habilement l'intégration des effets spéciaux, Gareth Edwards n'a-t-il pas trouvé la solution pour stopper la course aux budgets de plus en plus colossaux des productions de studio et de faciliter le besoin de ceux-ci de rentrer dans leur frais et même faire du bénéfice après plusieurs échecs cuisants?

Malheureusement, The Creator lui-même, malgré son faible coût, est mal parti pour rentrer engranger des dollars. Or, devant le film lui-même et malgré les qualités visuelles, on ne peut guère en vouloir aux spectateurs de ne pas le faire bénéficier d'un bon bouche-à-oreille. Alors que le thème des IA et notre utilisation de ces dernières sont plus que jamais d'actualité, la réflexion d'Edwards sur le sujet se résume à dire qu'elles sont très gentilles et ressentent toute la gamme des émotions humaines sauf la haine. Des êtres admirables incapables de faire le mal et ce n'est pas un spoiler alors de dévoiler que l'explosion à Los Angeles est une erreur humaine tellement c'est évident. Depuis au moins Blade Runner on a amplement traité au cinéma du sujet du robot proche de l'humain au point qu'il est difficile de faire quelque chose de nouveau mais le film ne propose pas simplement du déjà-vu: c'est le degré zéro de la moindre esquisse d'idée sur la question. Au fond, ce cadre futuriste et cette guerre humains/IA sont surtout un prétexte à dénoncer l'impérialisme américain. Il y a matière donc soit mais la balourdise du traitement énerve.

En tournant son film en partie dans les superbes paysages thaïlandais, cambodgiens ou encore vietnamien, Gareth Edwards renvoie à une imagerie évoquant la guerre du Vietnam mais avec une approche trop manichéenne et simpliste. Au énième plan de villageois et d'enfants en pleurs devant la menace des militaires ou s'esclaffant en chœur avec des IA, on a envie de jeter l'éponge. Il est aussi ironique de voir que cette charge anti-impérialiste est planté dans un monde où tous les pays asiatiques ont fusionné en un seul (tout le monde a abandonné sa souveraineté nationale comme cela, sans heurt et sans qu'un pays ne tire la couverture à lui aux dépens des autres?) tandis que l'Occident se résume aux seuls États-Unis, la seule nation qui existe à l'ouest visiblement aux yeux de Gareth Edward. Oups. Autre source d'amusement, l'intrigue a beau se dérouler en 2065, les seules musiques qu'écoutent les personnages datent du XXe siècle ou du début du XXIe, les émissions semblent datées aussi, bref, malgré toutes leurs qualités et leur supériorité, les IA de The Creator sont à peu près aussi innovantes que ChatGPT et les Humains ont aussi l'inspiration en stand-by, dirait-on.

L'écueil principal n'est cependant pas la maladresse et la main lourde du scénario. Ces défauts passeraient si l'on était capable de s'attacher aux personnages et surtout à la relation entre Joshua et Alphie. Or, elle fonctionne par à-coup, au gré des besoins sans véritable justification. On ne sait pas trop pourquoi Alphie apprécie si vite Joshua et ne cherche pas à filer dans les premiers temps. Le personnage de Drew est symptomatique: qu'on ne se perde pas en explication et qu'il y ait des ellipses narratives dans une histoire se déroulant sur plusieurs années est obligatoire. Mais le bougre est un coup dans l'armée américaine, un coup installé en Nouvelle Asie à vivre avec une IA et à en fabriquer, goûtant sa nouvelle vie, ce qui ne l'empêche pas d'aider immédiatement Joshua recherché par les autorités de la Nouvelle Asie... Bref, le bonhomme agit exclusivement en fonction de ce que le scénario a besoin qu'il fasse sur le moment sans que cela se justifie le moins du monde. Quant au dernier acte, il arrive à être confus alors que l'enjeu est simple (faire sauter l'Étoile noire) car on ne comprend rien à la topologie des lieux. De plus, on reproche souvent aux Américains de bouder les films ne les présentant pas sous un bon jour mais je ne crois pas qu'on puisse leur en vouloir de rechigner à aller applaudir des héros qui détournent un vol avec ses passagers pour aller faire péter un bâtiment (pas de panique, ce sont les gentils dont tout est évacué en deux secondes histoire qu'ils ne fassent sauter que des locaux désertés). Perdus dans cette histoire, les acteurs font de leur mieux, Madeleine Yuna Voyles s'en sort même très bien dans le rôle d'Alphie mais cela ne sauve pas les meubles.

The Creator est une déception d'autant plus amère qu'il aurait pu ouvrir la voie à un mode de production plus raisonnable que ce à quoi on a eu droit ces dernières années. Dommage que ce modèle de gestion intelligente du budget modeste ne se soit pas étendu aux autres aspects de l’œuvre.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 18 Octobre 2023, 22:31bouillonnant dans le chaudron "Films".