Sophie, l'aînée de trois sœurs, se destine à une tranquille existence de chapelière quand la malédiction d'une sorcière la transforme en vieille dame. Elle se réfugie dans le château ambulant du magicien Hurle où elle se fait passer pour une femme de ménage, espérant y trouver un moyen d'annuler les effets du sortilège.

Ma sœur est une sorcière est probablement le roman de fantasy jeunesse que j'ai le plus lu en boucle avant l'arrivée d'un certain Harry Potter. Aucune de ses sympathiques suites ne s'est hissée à sa hauteur aussi dans ma tête il reste comme un one-shot parfait, posant son monde et ses règles simplement au long d'une intrigue qui ménage son lot de surprises. Le Château de Hurle est probablement plus connu grâce à l'adaptation qu'en a fait Hayao Miyazaki, Le Château ambulant. Or, si le début est accrocheur, j'ai finalement pas mal de réserves. On commence en effet sur un conte savamment décalé où une fille aînée, de par sa place de fille aînée, s'attend à ne rien faire de grandiose de sa vie tout en reconnaissant que sa marâtre est bienveillante. L'humour est présent, par cette connaissance des personnages dans les mécanismes des récits traditionnels et l'attente qu'ils ont de s'y conformer alors qu'ils sont en réalité des électrons libres; dans les situations, les confrontations entre une Sophie très pragmatiques et Hurle, mage vaniteux et séducteur qui entretient une réputation épouvantable par paresse ou lâcheté plus que par véritable malfaisance.

L'incursion au Pays de Galles, cependant, m'a déjà légèrement sortie du roman lancé sur de bons rails d'autant que contrairement à Ma sœur est une sorcière, il n'y avait pas d'indication en amont qu'il y avait possibilité de monde parallèle, et que le voyage peut visiblement se faire du nôtre vers celui de Sophie sans plus de précision. Ensuite, le récit joue beaucoup sur les identités qui s'échangent et se brouillent, tout d'abord avec les sœurs de Sophie, Lettie et Martha, qui échangent leur place, ensuite dans les révélations sur le sort du prince Justin et du mage Soliman mais alors que l'intrigue se précipite vers la fin, tout cela devient confus. Confusion entretenue déjà quand Michael fréquente Lettie qui s'avère être Martha mais continue de l'appeler Lettie tandis que Hurle rend régulièrement visite à Lettie qui est vraiment Lettie. Le Château de Hurle a connu deux suites. Néanmoins malgré une conclusion échevelée abrupte, le roman se suffit à lui-même.

Malgré son caractère foutraque où l'on se perd dans la chronologie des événements ou dans les différentes formes et identités de certains personnages, Le Château de Hurle ne manque pas de charme grâce à une écriture toujours vive et des protagonistes amusants.