Isaac Sidel est désormais vice-président des États-Unis, ou le sera sous peu car l'Investiture approche à grands pas. Lorsqu'un tueur manque de l'abattre, Sidel ne pense pas à l'acte isolé d'un déséquilibré mais qui pourrait vouloir sa mort? Cottonwood, le président sortant, J. Michael Storm, son colistier moins populaire ou quelqu'un revenu d'un passé beaucoup plus lointain?

Depuis El Bronx, Isaac Sidel était confronté à une vaste arnaque immobilière ravageant le Bronx et impliquant tout d'abord les parents de Marianna Storm et le FBI, puis le président des États-Unis lui-même. Alors que le maire de New York vient de devenir vice-président, il va découvrir le véritable cerveau de cette entreprise, qu'il a fréquenté dans sa prime jeunesse: David Pearl, désormais vieil homme reclus à l'Ansonia, célèbre hôtel new-yorkais, et qui fut à en croire cette délirante histoire, le dernier protégé d'Arnold Rothstein. C'est l'occasion d'apprendre que Sidel, policier et fan de base-ball, est un admirateur d'AR qui le fascine depuis son plus jeune âge. Une contradiction de plus pour un homme qui les cumule tellement que ça en devient logique et prévisible et donc pas si paradoxal en fin de compte.

Isaac Sidel replonge ainsi dans son passé, et l'on voit que son rapport à l'histoire de sa ville et à sa criminalité remonte à loin. L'ombre de Rothstein dont on fait un portrait à la fois vivant et pathétique (il est sur la fin quand Pearl devient son apprenti) plane sur tout le roman car en plus de l'intérêt que lui voue Isaac, Pearl lui a consacré à l'Ansonia un petit musée dans lequel il loge une femme censée incarner Inez, dernière maîtresse du Cerveau. Dont, évidemment, Isaac va tomber amoureux tandis que Pearl qui a l'en croire a fait Isaac, est à présent décidé à le détruire. Le vice-président échappe donc à des tentatives de meurtres, essaie de discerner d'où va venir le prochain coup (forcément d'un proche, ça vient toujours d'un proche) alors que J. Michael Storm n'est pas encore investi qu'avec toutes ses casseroles, on prépare déjà son éviction. Quant à son prédécesseur, il est encore plus grillé mais se débat encore et s'accroche. La Maison-Blanche voit passer de bien curieux dirigeants, décidément.

Malgré un programme lourd auquel on peut ajouter une médium qui n'en est pas une, ce onzième tome des folles aventures d'Isaac Sidel est moins dispersé que d'ordinaire. Peut-être parce que l'on noue des fils balancés et laissés en suspens dans les deux précédents livres, avec une volonté de presque tout clôturer (il ne reste plus qu'un roman après celui-ci). Sous l’œil de Dieu n'est pas non plus un roman policier classique, les personnages en sont trop déjantés et l'univers dans lequel ils évoluent aussi (la population et les électeurs en particulier n'ont plus l'air de s'étonner de grand chose ou s'enthousiasment au contraire facilement) mais il est peut-être l'un des plus solides.