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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Rothstein: The Life, Times, and Murder of the Criminal Genius Who Fixed the 1919 World Series
Né dans une famille respectable à la fin du XIXe siècle, Arnold Rothstein se passionne rapidement pour les jeux d'argent et se rebelle contre l'autorité paternelle. À l'âge adulte, il fait fortune dans les paris sportifs et s'implique dans diverses entreprises, pour la plupart illégales, jusqu'à son assassinat teinté de mystère en 1928.

Je lis rarement deux biographies d'une même personne. En fait, la seule exception que je pouvais citer jusqu'ici concerne William Wilberforce, parce que la première bio, achetée sur un coup de tête, était une catastrophe signée par un auteur plus occupé à servir sa propagande évangéliste qu'à dresser un portrait équilibré de son sujet et son entourage. Cela s'explique par le fait que je n'ai pas une passion suffisante pour une personnalité historique particulière pour bouffer toutes les biographies sérieuses écrites sur elle, un ouvrage considéré de référence me suffit, sans quoi je trouverai vite l'entreprise répétitive. The Big Bankroll de Leo Katcher, avait rempli son office concernant Arnold Rothstein quand je l'ai lue il y a près de deux ans tout en me laissant un petit sentiment de frustration: en effet, publiée dans les années 50, elle avait l'avantage d'être écrite par quelqu'un qui avait pu rencontrer des personnes ayant côtoyé Rothstein. Désavantage: ces personnes ne souhaitaient pas forcément être citées explicitement et longuement. C'était flagrant dans le cas de Luciano que Katcher était allé visiter lors de son séjour en prison: encore en vie à l'époque de la publication de la biographie, il est à peine mentionné dans celle-ci. De même pour Lansky. Il ne valait mieux pas contrarier ses messieurs.

D'où l'envie de revenir à Rothstein dans une biographie plus récente, qui n'aurait pas à s'embarrasser de scrupules et de prudence concernant les méfaits des uns et des autres. David Pietrusza est un spécialiste du base-ball mais ce n'est pas l'implication de Rothstein dans le trucage du championnat de 1919 qui l'a motivé: il voulait simplement écrire sur New York dans les années 20 mais quel que soit l'angle d'attaque, politique, criminel, sportif, culturel, financier, Arnold Rothstein s'y retrouvait toujours, impossible à contourner. Pietrusza corrige quelques inexactitudes de Katcher, concernant des dates principalement mais si l'on a déjà lu le livre de ce dernier, le sien n'apporte pas de énormément de nouvelles informations. Le chapitre sur Tammany Hall et la mort d'Herman Rosenthal m'a paru plus digeste mais Pietrusza passe plus rapidement sur des points qui m'intéressaient et que Katcher a davantage développé (sur le rapport d'Arnold à son frère Harry et ses parents avant de suivre la carrière que l'on connait, par exemple). Plus intéressant, le point de vue de Pietrusa semble diverger de celui de Katcher et d'autres sur le fameux championnat: Rothstein est resté dans la légende comme celui qui l'a truqué mais The Big Bankroll le montrait moins comme le grand planificateur que comme quelqu'un qui, approché pour financer la tricherie, a refusé mais en bon opportuniste a parié en fonction de ce dont il avait eu vent. Pietrusza estime qu'il est parfaitement coupable mais décrit surtout une véritable pagaille impliquant des parieurs divers truquant sans forcément se concerter, des joueurs achetés mais qui s'arrêtaient de perdre faute de voir l'argent arriver, le tout avec un manque de discrétion telle que le scandale ne pouvait qu'éclater. Difficile donc d'y voir l’œuvre d'un génie criminel, Rothstein a tiré profit de la situation et s'en est sorti sans dommage grâce à son avocat Bill Fallon mais quand on est loin de l'univers du base-ball, tout cela ne semble pas aussi mythique que ce que les Américains ont l'air d'en avoir fait avec le temps.

Dans l'ensemble, le livre est concis, avec un ton parfois vachard amusant mais les passages sur les opérations financières me perdent toujours et les derniers chapitres sont moins prenants: on s'attarde après l'assassinat de Rothstein et l'acquittement de George McManus sur la fin de Tammany Hall et le sort de gens liés à Rothstein mais sans qu'il ait tellement à voir avec la situation, avant de revenir le temps d'un chapitre sur le whodunit de la mort du Cerveau, dans lequel Pietrusza fait beaucoup de mystères avant de livrer la solution la plus probable, à savoir que McManus était bien le tireur sans que cela ait été prémédité. Tout ça pour ça.

"Tout ça pour ça" pourrait résumer la vie d'Arnold Rothstein d'ailleurs (et celles des autres gangsters dont j'ai lu les méfaits). Malgré mes réserves à son égard, je pense préférer la biographie de Leo Katcher, celle de Pietrusza vaut pour quelques corrections mais elle me convainc moins et hormis les passages concernant Luciano et Lansky, plus francs et complets, est moins fouillée. Elle offre cependant un bon panorama de l’œuvre diverse et néfaste d'Arnold Rothstein et un aperçu de sa personnalité sans vraiment la cerner (il y a quelques contradictions ou en tout cas des nuances ou des doutes que l'on peut tenir face à certaines affirmations).
potion préparée par Zakath Nath, le Jeudi 22 Juin 2023, 20:09bouillonnant dans le chaudron "Littérature".