Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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La Forteresse cachée
Tahei et Matashichi, deux paysans avides de gloire et de récompenses, ont cherché à participer à la guerre opposant le clan Yamana au clan Akizuki mais arrivent après la victoire des premiers et sont réduits en esclavage. Profitant d'une révolte pour s'échapper, ils découvrent de l'or qui appartient aux Akizuki et rencontrent le général Rokurota Makabe, qui protège la princesse Yukihime, recherchée par les Yamana. Le groupe décide de joindre les terres du clan Hayakawa, allié des Akizuki, en dissimulant l'or dans des fagots de bois et en voyageant incognito. Un trajet semé d'embûches.

La première fois que j'ai entendu parler de La Forteresse cachée d'Akira Kurosawa, ce n'était pas en me documentant sur le cinéma japonais mais dans un texte quelconque sur Star Wars puisque ce film est d'après George Lucas une de ses inspirations pour sa célèbre saga, en tout cas son premier volet. Contrairement à Sergio Leone qui avec Pour une poignée de dollars signait un véritable remake adapté à un autre contexte, Lucas ne risquait pas un procès de la part de Kurosawa et pas parce qu'il avait pensé à acheter les droits. Une fois qu'on est au courant de la filiation, on voit les parallèles mais ils ne sont pas si nombreux que cela: il y a une princesse au caractère bien trempé, une partie de l'intrigue repose sur le besoin de l'exfiltrer d'un territoire ennemi vers un fief allié, on a deux faire-valoir comiques qui ne cessent de se disputer et lancent l'intrigue, un samouraï défiguré qui a un passé commun avec le samouraï qui guide la princesse. Bon après il faut imaginer R2-D2 et C-3PO envisager de violer la princesse Leïa et on réalise vite la limite de l'exercice.

Le film est heureusement bien plus qu'une curiosité pour fans de Star Wars. C'est un grand film d'aventures, un périple dans des paysages variés magnifiés par Kurosawa: de la plaine aride où l'on découvre les deux paysans en fuite et où surgit soudain un samouraï mourant aux montagnes pelées dans lesquelles se cache la princesse Yuki en passant par fleuves et forêts, on voit du pays et les personnages ont bien des obstacles à franchir. Les personnages d'ailleurs, sont tous marquants à leur manière: Yuki, princesse protégée qui découvre le monde sous tous ses aspects, bons ou mauvais, le valeureux et rusé Rokurota, la petite esclave sauvée par Yuki qui se révélera d'une aide précieuse, ou encore Tadokoro du clan Yamana, ami et rival de Rokurota au sens de l'honneur chevillé au corps. Il y a aussi Tahei et Matashichi, marquants, certes mais pas pour les bonnes raisons.

Au rang des personnages comiques-boulets insupportables, ils se hissent en bonne place, pardon monsieur Kurosawa. Ils sont stupides, geignards, lâches, violeurs potentiels donc et s'il y a une boulette à faire pour mettre le groupe en danger, ils la font. Difficile de les trouver attachants quand bien même le traitement que leur réserve Rokurota au début peut sembler dur et illustrant des différences de classe que l'on a du mal à admettre avec la distance. Pour être juste, ils ne sont pas inutiles puisqu'après tout, ils lancent l'histoire et sont à l'origine du stratagème pour traverser la frontière qui va inspirer Rokutora. Cela ne reste pas suffisant, d'autant qu'on ne leur offre même pas un moment de gloire dans le dernier acte pour contrebalancer. L'enseignement qu'ils ont peut-être tirés de cette aventure se résume sans doute à leur dernier échange, qui peut être touchant si l'on ne trouve pas que c'est trop peu, trop tard.

Les acteurs Minoru Chiaki et Kamatari Fujiwara ne sont pas en cause et le casting est d'ailleurs tout à fait recommandable. Toshiro Mifune en tête, sans surprise, qui transpire le charisme dans son rôle de héros sans peur et sans reproche qui doit guider sa troupe en territoire ennemi. La carrière de Misa Uehara a été brève, s'étendant sur seulement deux ans passés à la Toho (neuf films quand même dans l'intervalle) mais elle est excellente en princesse remuante, qui ne veut pas montrer ses émotions mais qui suit celles-ci, ce qui n'est pas toujours une mauvaise chose, le rachat de la jeune esclave des griffes d'un maquereau en témoignera. Dans ce rôle, Toshiko Higuchi n'a peut-être pas beaucoup de dialogues et arrive tardivement dans l'intrigue mais la loyauté de son personnage la rend vite attachante (pas comme les deux autres...). Enfin, il faut mentionner Susumu Fujita qui hérite d'un des personnages les plus intéressants, Tadokoro, partagé entre le sort de son ami, les volontés de son suzerain et sa propre conception de l'honneur.

Tahei et Matashichi m'auront empêchée de goûter pleinement le film et c'est bien dommage car le grand spectacle est au rendez-vous et porté par un Toshiru Mifune toujours d'une classe impériale. La Forteresse cachée est donc un film d'aventures de la plus belle eau mais rétifs aux comparses comiques horripilants, vous êtes avertis, il y en a deux qui rôdent.
potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 2 Juin 2023, 18:01bouillonnant dans le chaudron "Films".