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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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La Vallée de la Peur
Depuis l'assassinat de sa famille dans sa petite enfance, Jeb Rand est hanté par des cauchemars. Adopté par Medora Callum, il grandit aux côtés du fils et de la fille de celle-ci, Adam et Thor. Une fois adulte, un étranger l'incite à s'engager dans l'armée pour combattre l'Espagne. Démobilisé, Jeb retourne au ranch et veut élucider le mystère qui entoure son passé alors que son frère adoptif se montre de plus en plus hostile.

Les titres français des westerns de l'âge d'or n'avaient souvent pas grand chose à voir avec ceux d'origine et avaient tendance à en rajouter dans le spectaculaire, surtout quand le titre américain reprenait celui d'une chanson populaire qui n'évoquait rien de notre côté de l'Atlantique. My Darling Clementine devenant chez nous La Poursuite infernale en est un exemple emblématique. Il en va de même avec ce film de Raoul Walsh, Pursued sorti en France sous le titre La Vallée de la Peur. Rien à voir. Et en même temps, une fois n'est pas coutume on peut faire un lien car si on ne verse pas carrément dans le fantastique, une ambiance lourde et mortifère pèse sur ce western: poursuivi, Jeb l'est, mais pas tant par les cavaliers qui viennent le traquer dans la dernière partie que par les fantômes du passé. Fantômes qui habitent encore la vallée où se trouvait la ferme familiale, lieu du massacre inaugural qui hante son sommeil.

La Vallée de la Peur est une tragédie familiale dans laquelle le héros est adopté par une femme lui dissimulant les raisons de la mort des membres de sa famille et dont on comprend vite qu'elle connait l'identité du meneur des assassins, un de ses proches. Ce dernier agit par vengeance et n'entend pas laisser le dernier Rand en vie, qu'il va poursuivre de ses tentatives de revanche pendant de nombreuses années. Tentatives qui vont passer de celle de meurtre à la manipulation d'un frère jaloux, d'un soupirant de la sœur bien intentionné mais influençable, à une condamnation... Ce mauvais ange va mettre à mal les années de paix avant la tempête de la famille Callum, d'autant que Thorley se retrouve partagée entre son frère biologique et le frère adoptif dont elle est tombée amoureuse mais qu'elle viendra à prendre pour un assassin.

Le noir et blanc a rarement aussi bien convenu à un western qui prend quelques traits gothiques. Les relations entre Jeb, Thor et Adam ne sont pas sans rappeler celles de Heathcliff, Catherine et Hindley Earnshaw dans Les Hauts de Hurlevent, en moins paroxystiques tout de même. Sans aller jusqu'au récit enchâssé comme dans le roman d'Emily Brontë, on a une structure en flashback, ce qui n'est pas un défaut en soit mais qui ici sonne de manière artificielle car c'est Jeb qui résume son histoire à Thor venue le retrouver dans les ruines de son foyer natal alors qu'elle en connait déjà plus que les grandes lignes et qu'on assiste à des scènes ne les impliquant pas et dont on ne voit pas qui aurait pu les leur rapporter.

Dans le rôle de Jeb Rand, Robert Mitchum apporte sa décontraction coutumière sans occulter le penchant plus tourmenté du personnage qui peu à peu retrouve la mémoire alors que ceux qu'il a toujours considéré comme sa famille deviennent de plus en plus hostiles. Teresa Wright, surtout connue pour L'Ombre d'un Doute hérite également d'un personnage intéressant d'amoureuse entraînée malgré elle dans la spirale d'une vengeance familiale qui se poursuit d'une génération à l'autre. Judith Anderson en matriarche cherchant à protéger ses enfants tout en dissimulant une vérité qui tient de la bombe à retardement et Dean Jagger en vengeur obsessionnel font également forte impression. John Rodney n'est pas mauvais non plus mais hérite d'un rôle qui reste hélas trop superficiel de frère jaloux, pas assez développé pour devenir intéressant alors qu'il pouvait y avoir du potentiel. Parmi les seconds rôles, on repérera Harry Carey Jr., grand habitué des westerns de John Ford.

En dépit d'un récit qui aurait aussi bien pu être relaté sans la narration de Jeb à Thor, La Vallée de la Peur est une petite réussite, qui mise plus sur la psychologie des personnages pris dans un engrenage de violence que sur des scènes spectaculaires qui bénéficient néanmoins du savoir-faire de Walsh en la matière: comme cette attaque que l'on voit venir alors que Jeb chevauche et que l'on observe les progrès de son ennemi en arrière-plan, l'atmosphère lourde s'accompagne d'un joli sens du suspense.
potion préparée par Zakath Nath, le Samedi 3 Juin 2023, 20:42bouillonnant dans le chaudron "Films".