Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Sherlock Junior
Un projectionniste qui ambitionne de devenir détective est accusé d'avoir volé le père de la femme qu'il aime. En rêve, il se projette dans un film où il devient le fin limier qu'il peine à être dans la réalité.

Quand on parle star comique du muet, le nom de Charlie Chaplin est certainement celui qui vient le plus vite à la bouche, connu même de ceux qui n'ont jamais vu un de ces films. Buster Keaton ne bénéficie peut-être pas de la même célébrité universelle mais si on demande d'en citer un autre que Chaplin, justement, c'est probablement à lui que l'on pensera. Laurel et Hardy ont réussi leur transition vers le parlant et ne sont pas forcément associés prioritairement à l'époque précédente, Harold Lloyd est moins diffusé et Roscoe Arbuckle inséparable d'un scandale qui a totalement éclipsé ses films. Pourtant, Keaton est bien plus qu'un numéro 2 et Sherlock Junior démontre parfaitement pourquoi.

Officiellement réalisé par Buster Keaton bien que Roscoe Arbuckle ait également participé à la mise en scène sans que l'on sache dans quelle mesure, il s'agit d'un moyen métrage de 48 minutes qui commence de manière classique, presque sage: Keaton joue un jeune homme doux et distrait qui compulse un manuel susceptible de faire de lui un grand détective. Quand on vole la montre du père de la femme qu'il aime, il y voit l'occasion de s'illustrer mais le véritable coupable s'arrange pour qu'il soit accusé à sa place. Effondré, le pauvre garçon retourne à sa cabine de projection, s'endort et dans ses songes, s'invite ainsi que son entourage dans le film en train de passer où son avatar se montrera plus dégourdi que lui. Avant le rêve, on s'amuse même si l'on reste dans des gags assez convenus, probablement même pour l'époque (oui, on a droit au coup de la peau de banane). On fait néanmoins connaissance des principaux personnages qui vont ensuite jouer un autre rôle dans le subconscient du héros. C'est quand ce dernier s'endort que le film prend vraiment son envol et devient une vraie merveille.

Keaton joue avec les décors, baladant son personnage de l'un à l'autre pour le mettre en difficulté, multiplie les cascades risquées (notamment lors d'une folle équipée sur un guidon de moto) et use de rebondissements parfois surréalistes qui font se demander comment diable il a réussi à faire ce qu'il fait. On a beau se douter que certains trucages sont dans la lignée de tours de music-hall, il est difficile de ne pas être bluffé devant eux, devant l'inventivité constante des gags, devant la mise en abyme opérée et de se dire devant certains exploits physiques que certes, c'est impressionnant mais qu'il n'est pas dommage qu'on soit un peu plus vigilants question sécurité de nos jours. Quant à Keaton, il est resté comme l'homme qui ne souriait jamais mais son impassibilité n'empêche pas son personnage d'être attendrissant dans sa maladresse vis-à-vis de sa fiancée potentielle.

Cette dernière, d'ailleurs, qui au départ n'a l'air de s'intéresser qu'au soupirant susceptible de lui amener le cadeau le plus grand et le plus cher, ne manque pas de ressource. Tandis que le pauvre protagoniste est le dindon de la farce lorsqu'il tente de jouer les détectives et ne se montre efficace qu'en rêve, elle résout l'affaire en une minute-chrono, en allant au plus simple pour le disculper. En fait, il l'est sans encore le savoir avant même de s'échapper dans ses rêves mais le fait que le spectateur voit la conclusion de cette intrigue si tôt n'empêche pas d'apprécier le gros morceau du film sous prétexte qu'on ne s'inquiète plus pour le héros et qu'il n'y a donc plus de suspense. Au contraire, on apprécie ce film dans le film sans distraction.

Si Buster Keaton n'emploie pas encore les grands moyens comme dans Le Mécano de la Générale, ce film-ci est un délice de tous les instants.

(Comme il s'agit d'un film muet, l'accompagnement musical peut varier, lors de mon visionnage sur le site d'Arte, il s'agit d'une musique composée par Robert Israel .)
potion préparée par Zakath Nath, le Jeudi 2 Mars 2023, 21:58bouillonnant dans le chaudron "Films".