Élevé par sa tante après la mort de ses parents, Ben est resté éloigné de sa maison du village de Stargrave, bordée par une forêt plantée par sa famille. Une fois adulte et auteur de contes qui prennent tous place dans un froid polaire, il revient s'y installer avec sa femme et ses enfants. Les souvenirs enfouis commencent à remonter à la surface tandis qu'il comprend que quelque chose dans la forêt s'intéresse particulièrement à lui.

De la production du prolifique Ramsey Campbell, même pas une dizaine de livres ont été traduits en français. De plus, depuis l'arrêt des collections Pocket Terreur et J'ai Lu Épouvante, un seul a été publié chez nous, il y a déjà un bout de temps. Pourtant, c'est une valeur sûre du genre et si Soleil de Minuit n'est pas ce qu'il a écrit de mieux, le roman n'en vaut pas moins le détour. C'est une lecture de saison, d'ailleurs, quand bien même les températures en ce moment ne sont pas des plus hivernales où je me trouve.

Dès les premiers chapitres situés durant l'enfance de Ben, on est happé par l'ambiance glaciale qui se dégage, les secrets qui entourent la famille du héros et dont essaie sans trop savoir comment de le protéger sa brave tante bien catholique. Une première mort étrange d'une voisine proche de la forêt qui longe une vaste demeure, un livre de légendes écrit par un arrière-grand-père disparu dans de mystérieuses circonstances et qui marque Ben même après que le bouquin soit placé hors-de-portée... Voilà qui est alléchant même si l'angoisse retombe un peu par la suite alors que les années passent et que l'on accorde du temps à la nouvelle famille de Ben, histoire de la faire exister un peu, notamment sa femme, mais certains passages peuvent paraître un peu superflus, comme son entretien d'embauche qui ne mène nulle part.

Heureusement une fois de retour à Stargrave le roman reprend son allant et certains passages sont très évocateurs comme la chute de neige lors du spectacle de fin d'année. On imagine facilement le froid, les flocons contre les vitres, l'atmosphère bizarre et ouatée des nuits enneigées où on ne voudrait pas mettre le nez dehors et en même temps faire un tour dans la nature. Le dénouement, en revanche, est un peu en deçà, moins apocalyptique qu'on nous le laisse un temps soupçonner, avec une petite ouverture évitant heureusement un twist de dernière seconde qui semblait pourtant se préparer.

Ce Soleil de Minuit est un bon petit roman horrifique, pas dépourvu de faiblesse mais bien mené et à l'ambiance parfaitement posée, qui a de quoi faire frissonner à plus d'un titre. Décidément, Ramsey Campbell mériterait d'être un peu plus mis en avant chez nous, ne serait-ce qu'en rééditant ce qui a déjà été traduit.