Barmaid dans un hôtel de luxe située sur une petite île canadienne, Vincent épouse Jonathan Alkaitis, fidèle client et magnat de la finance. Quelques années plus tard, ce dernier est condamné pour fraude après avoir mis en place un système de Ponzi. Vincent refait sa vie mais ni elle ni son entourage ne peuvent échapper aux fantômes du passé.

Achat pas du tout forcé mais fait pour éviter de sortir d'une librairie les mains vides, je n'avais pas hâte de me lancer dans The Glass Hotel. En fait, une fois sortie de la boutique, je m'en voulais presque de l'avoir acheté, non parce qu'il avait l'air mauvais mais parce que je sentais que je l'avais choisi pour de mauvaises raisons sans qu'il me tente plus que cela (il était rangé au rayon des romans SFFF mais à en lire le résumé le fantastique serait plus que diffus). Au point où j'envisageais presque de le revendre ou de le mettre dans une borne de livres-échanges sans même l'avoir lu. Ce qui aurait été parfaitement ridicule.

C'est donc un peu pour m'en débarrasser et arrêter de regarder le bouquin en me demandant si j'allais vraiment le lire, si je serais un jour motivé pour le lire ou jamais, que je me suis lancée dans cette lecture... qui m'a accrochée dès les premières pages. On suit le destin de plusieurs personnages, reliés d'une manière ou d'une autre à Jonathan et ses magouilles. Vincent, son demi-frère Paul qui rêve d'une carrière de compositeur, Walter le manager de l'hôtel, Leon, qui va accepter les conseils de Jonathan pour placer son argent, Olivia, vieille connaissance du frère aîné de Jonathan qui va faire de même, les complices de ce dernier qui se voient rattraper par la justice... Tout le monde se trouve réuni par des fils ténus, parfois improbables. On se fait d'ailleurs avant les personnages la réflexion que le monde est petit. Raconté de manière non-linéaire, le roman annonce vite que Vincent finira à la mer et Jonathan en prison et le puzzle se complète petit à petit. Et donc, il y a des fantômes. Des fantômes qui hantent Paul, Jonathan et Vincent, les deux premiers dont les raisons de se sentir coupables sont évidentes même s'ils se cherchent toujours des excuses ou des circonstances atténuantes mais qui prouvent qu'ils ne sont pas dupes de ce qu'ils sont. Rien de spectaculaire, rien de manifestement surnaturel au départ mais le récit parle de gens hantés à plus d'un titre et l'illustre de la manière la plus littérale qui soit.

Glass Hotel est un roman à l'atmosphère étrange, dont les personnages ont en permanence une catastrophe qui plane au-dessus de leur tête (bien que leur sort ne soit pas uniformément tragique), où les spectres, surtout là comme manifestation d'une mauvaise conscience, à une exception près, ajoutent une touche de mélancolie.