Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore
The English (2)
Dimanche 11/02 16:30 - Zakath-Nath
Doctor Who: The Giggle (2)
Lundi 11/12 12:11 - Zakath-Nath
Alice, Sweet Alice (2)
Mardi 16/05 09:35 - Zakath-Nath
Over the Garden Wall (2)
Mardi 04/04 09:12 - Zakath-Nath
House of the Dragon, saison 1 épisode 9: The Green Council (2)
Vendredi 21/10 12:03 - Zakath-Nath
The Goes Wrong Show, saison 2 (2)
Jeudi 15/09 19:05 - Zakath-Nath
Call Me by Your Name (2)
Dimanche 21/08 09:12 - Zakath-Nath
La Quête de Saint Camber (2)
Dimanche 05/06 11:14 - Zakath-Nath
Le 14e Docteur arrive! (2)
Lundi 09/05 18:56 - Zakath-Nath
Dracula (1)
Vendredi 21/10 11:26 - ariannememphis

Potion précédente-Potion suivante
Persuasion (2022)
Quelques années après avoir été persuadée d'éconduire Frederick Wentworth, l'homme qu'elle aimait, Anne Elliott le voit revenir dans le voisinage. Nourrissant toujours de tendres sentiments pour celui qui est désormais un officier de marine couvert de gloire, la jeune femme ne peut espérer qu'il n'est pas de son côté passé à autre chose.

Quand le trailer de Persuasion, énième adaptation d'un roman de Janes Austen, a déboulé sur le net il y a quelques semaines, il n'a pas manqué de susciter des réactions virulentes chez les spécialistes de la célèbre romancière ou n'importe qui ayant un souvenir du bouquin porté à l'écran: qu'est-ce que c'était que cette Anne Elliott délurée, ce langage anachronique qui fait déplorer à l'héroïne qu'elle et Wentworth sont des ex, ces regards complices à la caméra? Il arrive que des trailers soient mensongers, ce n'est pas le cas ici: le film est dans sa lignée et les craintes se voient confirmées: en terme d'adaptation, c'est une trahison totale du personnage et de l'esprit de l’œuvre. Pris sans penser à celle-ci, est-ce plus recommandable? Pas vraiment, hélas.

Je n'ai rien contre les adaptations libres: on peut prendre ses distances avec l'intrigue tout en gardant quelque chose de son ambiance ou de son esprit. Ou choisir délibérément un angle d'attaque atypique pour y porter un nouveau regard. Ou faire n'importe quoi mais un n'importe quoi qui pris tout seul sera réussi pour ce qu'il propose. Persuasion est le dernier roman complet de Jane Austen, publié à titre posthume et cela a son importance. En effet, on a une héroïne déjà considérée comme une vieille fille, effacée, mélancolique, consciente d'avoir laissé passer sa chance de bonheur conjugal et qui s'apprête à passer le reste de sa vie à charge d'une famille qui la méprise. Ici, exit la précarité d'une femme n'ayant pas de fortune propre (un thème récurrent chez Austen), exit la profonde tristesse et la timidité du personnage, Anne est une jeune femme excentrique et extravertie, qui noie son chagrin dans l'alcool telle Bridget Jones. C'est bien tout le problème de ce film, pas seulement en tant qu'adaptation mais en tant qu’œuvre originale.

Scène révélatrice à mes yeux de la paresse de l'approche de l'équipe qui s'est occupée de ce film: quand Anne dit à sa sœur qu'elle danserait seule sur du Beethoven dans sa chambre avec une bouteille de rouge. Ce n'est pas la bouteille qui me dérange à ce stade puisque dans ce film Anne est caractérisée comme gentiment alcoolique (un alcoolisme rigolo et sans conséquence, comme tout dans ce machin): comment une femme du début du XIXe siècle envisage-t-elle de danser seule dans sa chambre sur de la musique? Qui viendrait d'où? Ipod? Enceinte Bose? Ou seule... avec son orchestre symphonique? Mais les femmes d'aujourd'hui dansent seules dans leur chambre sur de la musique donc Anne peut s'imaginer faire pareil parce qu'elle est comme nous!

Un des rares plans qui donne l'impression d'avoir été pensé

On a des officiers de marine (dans la Royal Navy... la marine de guerre, ils ne font pas de la plaisance) qui se comportent comme des pioupiou fragiles: Wentworth est très creux, genre "bellâtre de comédie romantique n°172", et j'aime bien Edward Bluemel mais comment croire une seconde qu'on est en présence d'un capitaine vétéran des guerres napoléoniennes, jamais évoquées (la seule référence historique est Anne jouant à Marie-Antoinette avec ses neveux, encore une fois on ne voit les choses dans ce film que sous l'angle du divertissement gentillet)? Il a un type de physique qui plait dans ce genre de productions donc allons-y! On apprend que Wentmorth a détourné son navire pour sauver une baleine échouée, cet élément est aussi symptomatique du scénario: à l'époque, ça aurait été une manne pour tout l'équipage de tomber sur de la baleine fraîche mais comme on est conscient de nos jours que protéger des espèces en voie de disparition est important, le gentil Wentworth fait faire un détour pour la sauver et tout le monde l'acclame!

Cette méthode d'adaptation m'a rappelée The Irregulars, une série également Netflix qui non seulement faisait n'importe quoi des personnages de Sherlock Holmes mais proposait le même genre de modernisation en carton, comme si le passé n'était acceptable et regardable pour les spectateurs que s'il ressemblait au présent et où l'on évacue toute portée politique et sociale sauf à un niveau superficiel pour montrer qui est gentil et qui est méchant. Alors qu'il y a des exemples récents de "dépoussiérage" que j'ai trouvé réussis comme le David Copperfield de Iannucci ou Gentleman Jack qui a l'intelligence de montrer une héroïne iconoclaste sur certains aspects mais qui est aussi un femme de son temps et une Tory qui plus est, avec la mentalité qui va avec, même si ça peut froisser les téléspectateurs de 2022.

La réalisation de Carrie Cracknell est par ailleurs sans grand relief mais la distribution est correcte en dehors d'un Cosmo Jarvis beau gosse mais insipide. Richard E. Grant en sir Walter aurait mérité une autre adaptation car il est très drôle. Dakota Johnson joue bien ce personnage qui n'est pas Anne Elliott mais son chagrin est abordé de manière trop légère pour que quand elle craque sur la fin, on s'émeuve.

Adaptation ratée, comédie romantique en costumes très oubliable et peu recherchée dans sa volonté de moderniser le genre puisqu'on se contente de transplanter une jeune femme à la mentalité de notre époque dans un autre contexte sans réfléchir plus avant, ce Persuasion est tout à fait évitable et un exemple éloquent de ce qui arrive quand on pense qu'être à la mode du moment suffit pour être intéressant.
potion préparée par Zakath Nath, le Jeudi 21 Juillet 2022, 11:51bouillonnant dans le chaudron "Films".