Steve, Kirsty et leurs enfants Jordan et Tim quittent Londres pour une vieille maison du Somerset, The Hollow, où a longtemps vécu une romancière pour la jeunesse passée de mode, Louise Teazle. Sous le charme, la petite famille met un temps ses préoccupations et ses rancœurs de côté mais ces dernières refont vite surface, influencées par de mystérieuses présences dans la demeure.

Auteur notamment du célèbre Anno Dracula et de ses suites, Kim Newman, un peu à l'instar d'un Mark Gatiss, est un fondu d'horreur et de fantastique et a une connaissance encyclopédique du genre, en particulier tout ce qui touche à la pop culture britannique avec laquelle il joue d’œuvre en œuvre. Cela l'a poussé à utiliser de grandes figures de la littérature comme Dracula ou Moriarty et faire se croiser dans un même livre Fu Manchu et Rupert de Hentzau. Il entrecroise également ses propres bouquins, faisant apparaitre des personnages des uns dans les autres même quand ils appartiennent à des univers différents. An English Ghost Story est un roman indépendant qui entretient pourtant des liens avec d'autres: ainsi, Louise Teazle a écrit notamment une série de livres se déroulant à Drearcliff Grange, tout comme Newman lui-même. C'est amusant mais l'intérêt était surtout de voir comme il allait aborder le thème rebattu de la maison hantée. Le titre semblait annoncer qu'il comptait s'inscrire dans une certaine tradition mais s'en contenterait-il?

Une petite famille dysfonctionnelle et au premier abord (et au deuxième) assez peu sympathique, une vieille bâtisse envoutante et isolée, le point de départ n'offre rien de nouveau mais plutôt que de se montrer d'emblée inquiétant, Kim Newman aborde l'emménagement sous l'angle du merveilleux: Jordan, son frère et ses parents comprennent bien vite qu'il y a des esprits dans la demeure mais loin de paniquer, les imaginent bienveillants. La transition se fait toutefois extrêmement vite entre le ravissement des débuts et la terreur qui va suivre et les clés pour affronter les fantômes sont données très vite, ce qui fait que l'on s'impatiente plus face aux personnages que l'on ne tremble pour eux. On a en tout cas une inversion intéressante du schéma habituel où ce sont les vivants qui amènent déséquilibre et terreur, qui sont finalement hantés par leurs divers problèmes bien avant de s'installer dans un endroit paisible malgré ses particularités.

An English Ghost Story fonctionne un peu trop par à-coup avec des personnages trop peu sympathiques d'entrée de jeu pour qu'on se soucient autant que l'on devrait de leurs malheurs - à part peut-être dans le cas de Jordan - mais Kim Newman, sans renouveler profondément le genre, arrive à tirer son épingle du jeu avec une solide idée de départ.