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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Les Incorruptibles
À Chicago en 1931, Al Capone, enrichi par la Prohibition, est au sommet de sa puissance. Pour s'opposer à lui, Eliot Ness, agent fédéral, ne peut compter que sur une petite poignée d'hommes qu'aucun pots-de-vin ni aucune menace ne peuvent détourner de leur mission.

Un film signé Brian De Palma alors qu'il était encore dans une période faste, Robert De Niro en Al Capone, Sean Connery oscarisé, une musique d'Ennio Morricone et des costumes confectionnés par Giorgio Armani... Sur le papier, il y avait là de quoi tenir un très grand film. À l'arrivée, pourtant, la déception est de mise. Une déception à relativiser car elle tient plus à de grandes attentes qu'à un résultat franchement médiocre mais tout de même, demeure une impression tenace de ne pas avoir assisté à plus que ce qui a été montré. La faute en revient en partie à un Kevin Costner très lisse et manquant de charisme dans le rôle d'Eliot Ness, ce qui n'empêchera pas ce film de faire de lui une des grandes vedettes américaines du début des années 90 et de contribuer à populariser son prénom dans l'Hexagone, et à un scénario pas spécialement habile. Il est vrai qu'il avait la lourde tâche, en partant des mémoires d'Eliot Ness et de la série télé des années 50/60, de rendre la lutte entre Ness et Capone plus excitante qu'elle ne l'a été. Hélas, à vouloir trop bien faire, il frise parfois le ridicule.

En effet, Eliot Ness et Capone ne se sont jamais retrouvés face à face pour s'envoyer des mots doux et le premier n'a jamais été vraiment en danger, pas plus que ses hommes, car son adversaire était suffisamment pragmatique pour savoir qu'un agent fédéral tué serait immédiatement remplacé et qu'en éliminer lui attirerait plus d'ennuis qu'il ne pouvait en gérer. Capone est effectivement tombé pour phobie administrative à cause d’impôts non déclarés mais ce n'est pas l'équipe de Ness, un peu plus étoffée que ce que le film montre, qui s'en est occupée. Quant à Frank Nitti, second de Capone, malgré son surnom d'"exécuteur", il était bien moins impressionnant que sous les traits de Billy Drago et n'a pas connu le même destin (suicide en 1943). De tels changements dans le cadre d'une fiction sont toutefois compréhensibles mais il y a un manque de subtilité qui finit par porter préjudice à l'ensemble.

Le film démarre sur les chapeaux de roue. Après un premier échec Eliot va mettre en place son équipe de choc, une équipe de choc qui manque de relief: Ness est le héros droit dans ses bottes mais encore naïf qui va s'endurcir, Malone le vieux mentor tout aussi droit dans ses bottes ce qui l'a empêché de faire carrière dans une ville corrompue chargé de dispenser ses leçons de vie (Sean Connery, oscar pour ce rôle, s'inscrit dans la série "on est content qu'il en ait un mais dommage, ce n'est pas pour ce qu'il a fait de mieux"), Wallace le comptable forcément petit et binoclard mais courageux et oui, droit dans ses bottes et George Stone, en réalité d'origine italienne, la jeune recrue qui va prouver que tous les italo-américains ne sont pas des gangsters, il y en a qui tiennent droit dans leurs bottes Armani. En plus de cette caractérisation très tranchée, le film se fait bizarrement moralisateur quand les protagonistes qui ne survivent pas sont systématiquement ceux qui s'en sont jetés un petit derrière la cravate peu de temps avant leur décès. Dans le camp d'en face, Robert De Niro est peu présent mais fait le show que l'on attendait de lui et Billy Drago a une bonne tête de tueur, donc.

Derrière la caméra, Brian De Palma semble dans un premier temps étonnamment sobre, livrant une réalisation léchée (la reconstitution de Chicago est luxueuse) mais classique. On le retrouve cependant dans certaines séquences comme l'infiltration chez Malone en vue subjective où l'on joue sur la perception du spectateur adoptant le point de vue du tueur et où le manipulé n'est pas celui que l'on croit tout d'abord. Il se lâche également dans la scène de la gare où il case un hommage au Cuirassé Potemkine parce que pourquoi pas, étire le suspense, use de ralentis à gogo... Le sommet du film qui rend le dernier quart d'heure un peu poussif en comparaison mais également tellement énorme qu'il prête volontiers à la parodie (les ZAZ ne s'en sont pas privés).

Les Incorruptibles est un bon divertissement grand public qui à sa sortie connut un fort succès au box-office. Avec un tel sujet et une telle équipe aux manettes, on peut cependant regretter que cela n'ait pas abouti à un film plus incisif.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 22 Mai 2022, 15:19bouillonnant dans le chaudron "Films".