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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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The Northman
Au Xe siècle, Amleth, fils du roi nordique Aurvendil, voit son père assassiné par son oncle Fjölnir. Il jure de se venger et de libérer sa mère des griffes de l'usurpateur. Des années après, devenu un terrible guerrier, Amleth se fait passer pour un esclave afin de rejoindre le territoire de Fjölnir en Islande.

Les deux premiers films de Robert Eggers, The VVitch et The Lighthouse, proposaient des voyages étranges et terrifiants. Ils étaient aussi plastiquement superbes qu'ils dépeignaient un monde profondément inquiétant, celui de puritains confrontés à la sorcellerie dans l'un, de gardiens de phare plongeant dans la folie pour l'autre. The Northman, dont le synopsis peut paraître classique, revenir à la légende d'Amleth qui a inspiré la célèbre pièce de Shakespeare, ne fait pas exception. Si l'on entre dans la salle à la recherche d'un grand spectacle barbare montrant des guerriers nordiques pillant et s'entretuant, on en aura pour son argent. Si l'on n'en attend que cela, il y aura cependant de quoi être déconcerté.

The Northman nous conte une histoire de vengeance s'accompagnant d'une réflexion sur ledit besoin de vengeance, qui amène plus de destruction que de repos de l'âme. Amleth, transformé de petit prince un peu niais en berserker redoutable suite à l'assassinat de son père, pense ne pouvoir trouver la paix et l'honneur qu'en tuant son oncle félon et en sauvant sa mère captive de celui-ci. Au fur et à mesure qu'il progresse dans sa quête, la simplicité limpide de cette dernière va être remise en cause: Aurvendil n'était pas le noble roi qu'il imaginait et ne formait pas un couple aimant avec sa mère qui a toujours été attirée par Fjölnir. Ce qui était perceptible dès le début mais qu'Amleth à travers ses yeux d'enfant, ne pouvait voir. Fjölnir a tout du traitre mais finalement ne parait pas pire que son demi-frère bien que les lauriers que lui tressent sa reine semblent également exagérés: son bilan guerrier est médiocre et il ne se prive pas de tenter d'abuser d'esclaves entre deux sages conseils à son plus jeune fils. Amleth est placé devant un choix, protéger ceux qu'il aime ou détruire ceux qu'il hait, quitte à aller à sa perte, et il faudra attendre longtemps avant qu'il ne tranche. Si le musculeux prince parait bien moins indécis et introspectif que le personnage de Shakespeare, son parcours n'est pas si évident qu'il y parait malgré sa détermination.

Comme on peut l'attendre de la part de Robert Eggers, esthétiquement, c'est un festin pour les yeux. Les paysages d'Islande sont saisissants, les décors de villes et villages peu nombreux mais recherchés et la caméra y suit de manière fluide les personnages dans les moindres recoins. Le spectacle est souvent brutal, entre les mises à sac, les sacrifices et la vengeance du personnage principal qui va toujours plus loin dans la terreur qu'il souhaite infliger à son ennemi, jusqu'à perdre le contrôle de lui-même. Le réalisateur a-t-il reproduit fidèlement le mode de vie des Vikings ou offre-t-il une succession d'images d'Épinal? Les historiens seront mieux placés que moi pour le dire mais au moins, on évite les casques à cornes. Le film s'inscrit en tout cas dans la lignée des précédents long-métrages d'Eggers qui mettaient ses personnages face à un paganisme sans concession.

On assiste ainsi à nombre de rituels angoissants et sanglants tandis qu'Amleth croit dur comme fer aux prédictions des sorcières qu'il croise. Au point où l'on ne sait pas si le film verse dans la fantasy ou se veut une approche réaliste d'une légende: souvent, lorsque l'on croit que le surnaturel est bien présent, la scène suivante désamorce cette impression et laisse penser que c'est seulement le héros qui est en proie à des hallucinations. En offrant des images fantasmagoriques, Robert Eggers n'évite pas toujours le comique involontaire (l'apparition de la Valkyrie en jette mais... elle a un appareil dentaire doré? Le symbolisme m'échappe). Côté distribution Nicole Kidman est par moment ridicule (sur la fin, surtout) mais le casting est globalement très investi, Alexander Skarsgård en tête. Anya Taylor-Joy joue toujours bien de son physique étrange et Claes Bang ne manque pas d'allure.

Parfois fatigant, parfois grotesque, souvent impressionnant et toujours fascinant, The Northman confirme que Robert Eggers fait partie des réalisateurs à suivre, au fil de projets déconcertants traversés d'images fortes.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 17 Mai 2022, 16:28bouillonnant dans le chaudron "Films".