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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Fargo, saison 3
Emmit Stussy, prospère entrepreneur propriétaire de parkings dans le Minnesota, ne pourrait être plus différent de son frère cadet Ray, agent de probation convaincu que son aîné ne doit sa fortune qu'en ayant mis la main sur une collection de timbres hérité de leur père qui devait lui revenir. Désireux de récupérer son dû, Ray provoque malgré lui une catastrophe. Quant à Emmit, il tombe sous la coupe d'un mystérieux criminel, V.M. Varga.

Après une deuxième saison située dans les années 70, Fargo revient à un cadre plus contemporain dans la suivante, toujours dans un Minnesota enneigé néanmoins. La série est désormais bien rodée et on est donc en territoire connu même quand le scénariste adopte des partis-pris déconcertants. Les allusions à la filmographie des Coen continuent d'être disséminées, ici dès la scène d'ouverture sans grand lien avec le reste de l'intrigue (si ce n'est pas la mention de Yuri Gurka) mais qui pose la thématique de ce qui va suivre, à l'instar de la première scène d'A Serious Man. On a un antagoniste diabolique et terrifiant, des personnages qui se croient beaucoup plus malins qu'ils ne le sont en réalité ce qui va les entraîner dans les pires situations, une policière vaillante et déterminée mais peu soutenue... On est bien de retour dans Fargo, pas de doute.

Cependant, cela ne va pas sans les défauts qui affleuraient déjà précédemment mais qui deviennent plus repérables à la longue: en respectant un certain esprit, un certain type de personnages, on a parfois le sentiment qu'il y a un cahier des charges à remplir, quelque chose de trop rigide pour une série qui par ailleurs se permet de partir sur des pistes folles. Par exemple, si c'est toujours un plaisir de croiser Shea Whigham, son personnage de flic qui refuse de prendre au sérieux l'héroïne rappelle furieusement celui de Bob Odenkirk en saison 1 sans les mêmes raisons pour expliquer sa conduite (sans raison du tout, en fait, hormis celle de causer des difficultés à Gloria pour les besoins du scénario). D'où un aspect un peu trop artificiel, qu'on peut ressentir dans les conclusions abruptes de certains parcours: c'est volontaire et non du bâclage de dernière minute parce qu'on ignore comment finir mais à force cela peut paraître de la facilité.

Le casting est comme d'habitude impressionnant. Ewan McGregor écope d'un double rôle qui lui a valu un Golden Globe, et il y est très bon, on croit sans peine que Ray et Emmit sont deux individus différents, pas seulement grâce au maquillage. Néanmoins aucun des deux ne se placera dans le panthéon des personnages de la série. Carrie Coon fait partie de ces actrices sur lesquelles on peut toujours compter pour donner une bonne performance, Michael Stuhlbarg est amusant et pathétique dans le rôle du bras droit d'Emmit qui s'imagine être un dur et qui va tomber de haut face à des gens réellement dangereux, mais ce sont surtout David Thewlis et Mary Elizabeth Winstead qui sortent du lot cette saison. Vargas n'est pas sans rappeler Malvo en ce qu'il est une incarnation du mal à l'état pur même s'il procède de manière très différente et que tout est fait pour le rendre aussi physiquement répugnant qu'il l'est intérieurement. Winstead brille dans le rôle de Nikki Swango, la fiancée de Ray dont les actions sont souvent répréhensibles mais pour qui on ne peut s'empêcher d'entretenir une forme d'admiration (son face-à-face avec Varga dans l'avant-dernier épisode est un sommet de tension).

La série n'a jamais été timide pour réserver un sort cruel, mérité ou non, à ses personnages mais cette saison est probablement la plus sombre pour l'instant. On la lance en sachant d'emblée que le spectacle risque d'être féroce mais il peut y avoir des moments où là encore, cela peut paraître trop recherché, où l'on se prend à espérer une petite respiration. À ce niveau, la saison se permet un épisode à part dans lequel Gloria va en Californie enquêter sur son beau-père assassiné, une rupture étrange à plus d'un titre: on quitte le Minnesota et la plupart des intrigues lancées pour s'intéresser à quelque chose de périphérique, le roman écrit par le beau-père nous est présenté sous forme de dessin animé qui ponctue le récit... Un excellent épisode pris tout seul mais il est un peu étonnant de placer ce style d'épisodes atypiques aussi tôt dans la saison, alors que l'histoire principale se met à peine en branle.

Malgré une tendance à se reposer un peu trop sur ce qui ressemble désormais à des gimmicks au risque de devenir mécanique même dans son côté perché et à ne pas exploiter autant qu'elle le pourrait tous ses excellents acteurs, cette saison 3 de Fargo ne démérite pas par rapport aux précédentes et offre toujours de grands moments et des personnages marquants.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 4 Mai 2022, 14:39bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".