Le jeune roi Kelson est bien contrarié: ses plus proches conseillers ont été frappés d'excommunication, tout un comté est en proie à une guerre civile opposant fanatiques anti-derynis et fidèles partisans royalistes et Wencit de Torenth rassemble ses troupes pour envahir Gwynedd.

Bigre, on y était presque. La fin du tome précédent laissait Kelson et ses alliés menacés de toute part, comment allaient-ils faire pour batailler sur plusieurs fronts? Le suspense était à son comble. Hélas, le soufflé retombe tranquillement et sûrement tout au long du roman. Warin est un fanatique anti-derynis qui prend ses propres pouvoirs pour un don de Dieu? Une bonne discussion avec les héros qui font démonstration de leurs propres pouvoir de guérison, et le voilà qui fait volte-face. Parce qu'il suffit de montrer une preuve matérielle de la vérité à un fanatique pour qu'il devienne rationnel et raisonnable, c'est à ça qu'on les reconnait (bon j'exagère, il y a une petite manip' magique mais seulement pour faciliter un changement déjà accompli). Le royaume est menacé sur deux fronts? Pas de panique, Wencit attendra obligeamment que Kelson et Morgan aient fini de gérer le problème posé par Warin avant d'envahir Gwynedd. Il est censé avoir tous les défauts du monde sauf la bêtise mais le voilà soit très prévenant soit très stupide.

Je ne parle même pas de l'affrontement final entre magiciens des deux camps, Kelson et Wencit se contenteront de s'envoyer des poèmes (pourris) et un personnage secondaire va tout régler pour tout le monde au moyen d'un incroyable twist et d'un sacrifice qui aurait pu être émouvant si on avait pris un peu de temps pour connaitre le personnage. En fait, les solutions à toutes les difficultés rencontrées donnent envie de s'exclamer "ah ben ça ça tombe bien alors!": Morgan tombe amoureux d'une femme mariée (belle et formidable, pas comme toutes les hystériques de la cour, évidemment!)? Elle lui rend ses sentiments mais leur honneur leur interdit de... Pas de panique, le mari est un traitre et se porte volontaire pour un duel à mort contre les héros.

J'étais curieuse de découvrir cette trilogie en me disant qu'elle ne souffrirait pas des inconvénients propres aux préquelles, et on sent effectivement moins un horizon bouché par des événements inévitables si l'on veut être cohérent avec ce qui a déjà été écrit. Cependant, tous les autres défauts sont là et d'une trilogie qui aurait pu être passionnante avec ses intrigues de cour et ses personnages pris entre deux feux, Kathernine Kurtz ne tire qu'une histoire aux protagonistes sans relief et à la conclusion d'une grande facilité.