Le Docteur, Yaz et Ian arrivent près d'un petit village côtier en Chine, à l'aube du XIXe siècle. La célèbre reine des pirates, Madame Ching, vient d'y accoster à la recherche d'un mystérieux trésor et a involontairement libéré une force monstrueuse.

À l'époque où David Tennant et Russell T. Davies avaient décidé de coordonner leur départ de la série, le passage de relais entre les saisons 4 et 5 n'avait pas été direct: plutôt que de s'en aller dans l'épisode final de la quatrième saison et d'attendre plus d'un an que la nouvelle équipe se mette en place, décision avait été prise d'offrir plusieurs épisodes spéciaux afin de préparer les derniers moments de Ten. L'épisode de Pâques, Planet of the Dead avait déçu: il n'était pas mauvais et avait bénéficié d'un tournage dans le désert près de Dubaï, ce qui été le grand luxe à une époque où la série se tournait exclusivement en Grande-Bretagne. Cependant, ce qui aurait pu être un épisode honorable de 45 minutes au sein d'une saisonclassique n'était pas suffisamment intéressant pour durer 1 heure, être l'une des dernières aventures de Tennant et avoir suscité des mois d'attente.

Il aura fallu treize ans pour voir arriver un nouvel Easter Special, dans des circonstances similaires, une petite friandise avant le départ d'un showrunner et d'un Docteur, et la ressemblance ne s'arrête pas là: encore une fois, on a mis le paquet sur le visuel mais l'intrigue est tout ce qu'il y a de plus basique. Néanmoins, l'épisode dure moins de 50 minutes, ironiquement le Special est plus court cette fois que la plupart des épisodes réguliers de l'ère Chibnall. De plus, le run de ce dernier ayant été bien moins extraordinaire que la première ère Davies, les attentes étaient moindres et une intrigue (ici co-écrite par Chibnall et la nouvelle venue Ella Road) sympathique et distrayante ferait amplement l'affaire.

Pour l'occasion, on nous ressort les Sea Devils, ennemis classiques du Docteur qui n'avaient jamais fait leur réapparition depuis le relaunch (et il en reste encore en réserve au bout de treize saisons: les Axons! la Rani! les Zarbis! bon peut-être pas ceux-là). C'est simple, il s'agit des cousins des Siluriens version fonds marins, les problématiques sont les mêmes donc on gagne du temps. La remise au goût du jour n'est pas mauvaise mais les masques manquent d'expressivité. Contrairement à Curse of the Black Spot qui multipliait les clins d’œil à Pirates des Caraïbes, cet épisode est moins référentiel mais met en scène un personnage historique, Madame Ching, qui n'est hélas pas très développée bien que Crystal Yu soit très bien dans le rôle.

Quant à Thirteen, elle a l'air fort consciente de n'en avoir plus pour très longtemps bien que l'on n'insiste pas autant qu'à la belle époque de Ten. Cela la rend mélancolique et elle préfère garder ses distances avec Yaz en sachant que ses relations ne peuvent tenir sur la durée, d'une manière ou d'une autre, ce qui ajoute un poil de gravité à cette aventure finalement sans grandes surprises mais on ne peut pas dire que la relation entre ces deux personnages aient été creusée autant qu'elle aurait pu l'être si l'on n'avait pas laissé si longtemps Yaz sur la touche malgré sa présence depuis plus de trois saisons. Reste un sentiment de trop peu trop tard.

Legend of the Sea Devils est un épisode aussi visuellement impressionnant que son intrigue est légère. Il est agréable à suivre et pose un tout petit peu les bases pour le départ imminent désormais de Thirteen lors d'un Centenary Special prévu pour la fin de l'année (le centenaire célébré n'est évidemment pas celui de la série mais de la BBC).