Golden Friars est un paisible petit village anglais... la plupart du temps car il arrive que certains événements étranges défraient la chronique et fournissent des sujets de conversation à l'auberge du coin. Un bébé recueilli par un pasteur et sa femme menacé par un sinistre personnage, un baronnet terrifié par le lac près de son domaine, la romance contrariée entre un jeune homme et une mystérieuse fuyarde, voilà de quoi briser la routine du voisinage.

Je progresse, je progresse et mine de rien, je vois la fin de cette intégrale de l’œuvre de Joseph Sheridan Le Fanu: j'ai fait le tour des romans, laissé les recueils de nouvelles derrière moi et je suis désormais dans l'entre-deux: les récits trop longs pour être des nouvelles mais plus courts que ses romans. Les trois se passant à Golden Friars ont logiquement été regroupés sous le titre Chronicles of Golden Friars. Le premier, A Strange Adventure in the Life of Miss Laura Mildmay conte les mésaventures d'une jeune femme recueillie après sa naissance par une tante éloignée et menacée par un vilain capitaine, qui réapparait après des années d'absence sous une fausse identité. Du classique avec un couple de beaux jeunes gens faits l'un pour l'autre, un soupirant sur le retour, un vilain très vilain et quelques bienfaiteurs.

The Haunted Baronet est l'histoire la plus connue,la plus longue des trois et la plus compliquée avec des rivalités familiales à rebondissements, des prophéties et de la culpabilité qui revient à la charge. Cela dit, c'est peut-être cette histoire que j'ai eu le plus de mal à suivre, pas très concentrée que j'étais.

The Bird of Passage est la moins gothique du lot, dirons-nous: un jeune homme recueille sous son toit une charmante jeune femme en fuite, une nonne défroquée pense-t-il, ce n'est pas tout à fait cela. Vu l'époque de l'écriture, une fois qu'on connait son secret, on comprend que la fuyarde et le jeune premier ne finiront pas ensemble mais ça reste une histoire d'amour un peu triste mais pas fondamentalement tragique comparée à d'autres du même auteur.

Rien de mythique à l'image de Carmilla, autre récit entre nouvelle et roman, mais comme d'habitude Le Fanu sait marier ses ingrédients habituels à base de hobereaux tourmentés, de secrets qui ne le restent jamais suffisamment et de jeunes ingénues.