Un détective de la Continental est chargé d'enquêter sur un vol de diamants, dérobés au domicile des Leggett. La fille de Leggett, Gabrielle, aux fréquentations aussi douteuses que les substances qu'elle consomme, est vite suspecte mais le détective découvre bientôt que le reste de la famille a aussi ses secrets.

Après Moisson rouge, c'est à nouveau un plaisir de retrouver le "Continental Op", ce détective anonyme travaillant pour une agence basée à San Francisco. Cette fois-ci, il ne s'agit pas de nettoyer toute une ville de ses puissants fauteurs de troubles mais de résoudre un simple vol de diamants, vite élucidé par ailleurs mais qui n'est que la partie émergée de l'iceberg. En effet, à la fin de la première partie, alors qu'on n'en est pourtant pas au deux-tiers du roman, on a l'impression que tout devrait être réglé et alors que reste-t-il à raconter? On est pourtant loin d'avoir fait le tour de la malédiction des Dain qui semble s'acharner sur l'entourage de Gabrielle Leggett, jeune femme qui fait une très mauvaises première impression et qui s'attire des ennuis comme rarement: consommation de drogue, flirt avec une secte... L'aimant à problème est peut-être la victime d'une immense manipulation mais de qui?

Chaque partie est différente de la première (une histoire de vol, de meurtre et de chantage classique pour ouvrir le bal, un épisode franchement étrange à la limite du fantastique lors du passage dans le temple avant de revenir à quelque chose de plus terre-à-terre), les rebondissements ne manquent pas alors qu'on pense avoir le fin mot de l'histoire très vite, il y a pas mal d'humour dans les dialogues (et du racisme aussi, à l'occasion) mais on peut deviner qui manigance tout sans forcément bâtir un vrai raisonnement, tout simplement quand on repère le personnage toujours dans les parages même quand concrètement il n'a rien à y faire.

Pas de jeu de massacre jouissif comme dans Moisson rouge, Sang maudit s'approche plus d'un whodunit mais avec un limier bien éloigné de la tradition britannique de l'époque(ancien de Pinkerton, Hammett trouvait cette dernière trop dépourvue de réalisme). Peut-être pas aussi savoureux et mémorable, du coup, mais haletant tout de même.