Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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La Grande Évasion (1941)
--> It's Noirvember!
Libéré de prison après huit ans derrière les barreaux, Roy Earle, un braqueur, a à peine le temps d'apprécier de nouveau le chant des oiseaux, le vent dans ses cheveux et le rire des enfants avant d'être engagé par son ancien patron pour superviser le vol d'un casino californien. Ses complices sont inexpérimentés et Earle voit d'un mauvais œil la présence de Marie, la compagne de l'un d'eux.

Si l'on dit La Grande Évasion, le premier film qui vient à l'esprit est celui où Steve McQueen et ses compagnons tentent de fuir un stalag. Je vais parler de l'autre, High Sierra de son titre d'origine, sorti plus de vingt ans auparavant et réalisé par Raoul Walsh (sur un scénario de John Huston et W.R. Burnett). C'est un film notable pour plusieurs raisons, la première et non la moindre est qu'il a contribué, après les désistements de Paul Muni et George Raft, à faire d'Humphrey Bogart une vedette, démontrant qu'il pouvait tenir un rôle principal et que le public était partant pour le voir faire. Autre point important, Raoul Walsh en a lui-même réalisé quelques années plus tard un remake, La Fille du Désert, transformant le film noir en western. J'avais déjà vu cette version et l'intrigue générale est proche, en revanche je ne l'ai pas suffisamment en tête pour juger à quel point la mise en scène est similaire dans des scènes comparables.

On suit donc l'organisation d'un casse pendant la première moitié du film, après quoi Roy Earle se retrouve en cavale en compagnie de Marie avant d'être acculé sur un éperon rocheux par les autorités. Entretemps, Earle sera tombé amoureux d'une jeune infirme, Velma (la jaquette du dvd la présentait comme une adolescente mais une ligne de dialogue précise qu'elle a la vingtaine, ouf) et rencontrera une sévère désillusion avant de reporter son affection sur Marie. Joan Leslie n'est pas mauvaise mais il est difficile pour elle de soutenir la comparaison avec Ida Lupino et l'on peut donc ronger son frein en voyant Earle s'amouracher de son personnage mais cette romance impossible est finalement bien gérée: Earle voit surtout en elle un espoir de nouvelle vie éloignée du crime, elle l'apprécie et lui est fort reconnaissante de son aide mais elle ne l'aime pas pour autant et l'épouser par sentiment d'obligation n'aurait pas été une résolution satisfaisante. Velma est en tout cas mieux servie par le scénario que son équivalent plus vénal de La Fille du Désert.

Tout n'est pas que romance contrariée, on a signé pour un film de gangsters et de braquage, après tout, et de ce côté-là, tous les ingrédients y sont, des complices peu fiables au couac inévitable jusqu'à la traque finale forcément désespérée. Walsh est toujours parfaitement à son aise dans les scènes d'action et les dernières minutes du film, de la poursuite en voiture dans une route en lacet au siège final où Earle se trouve coincé sur son piton rocheux avec une réserve de balles qui s'amenuise, sont un modèle de tension. De plus on tire très bien partie du paysage. J'ai à l'occasion pensé à Anthony Mann et ses westerns qui s'achèvent souvent sur des affrontements en hauteur et il n'est finalement pas étonnant que le remake ait justement été un western.

Outre Humphrey Bogart qui trouve un juste équilibre dans son personnage de braqueur capable de grands élans d'affection, Ida Lupino (en tête au générique car plus susceptible à l'époque d'attirer les spectateurs que son compère) est magnétique en femme mal embarquée, on reconnaitra également de jeunes Arthur Kennedy et Cornel Wilde en apprentis voleurs (personnellement je n'avais reconnu que le premier en fait, il a fallu attendre le générique de fin pour réaliser que le second y était). J'avoue avoir eu un peu peur en voyant loucher et rouler des yeux le personnage d'Algernon, incarné par le seul acteur noir du film, Willie Best, finalement on évite d'en faire un faire-valoir comique source ou cible de gags. Cela dit son chien a un rôle plus étoffé et je n'irai pas jusqu'à dire que le film ce serait mieux fini s'il avait recueilli un chat mais tout de même.

Jalon de taille dans les carrières de Bogart qui s'extrayait des seconds rôles où la Warner le cantonnait et de Huston qui allait passer à la réalisation dans la foulée, La Grande Évasion est porté par un couple parfaitement assorti à l'écran et demeure un classique incontournable du film noir.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 17 Novembre 2021, 12:32bouillonnant dans le chaudron "Films".