Stan Carlisle, magicien dans un spectacle forain, voit le moyen de faire fortune grâce à un numéro de télépathie. Son talent pour analyser la psychologie des gens et son côté beau-parleur rendent le jeune homme encore plus ambitieux et il décide alors d'escroquer des gens riches et crédules. Jusqu'au jour où il rencontre le Dr. Lilith Ritter, qui pourrait lui proposer le plus gros coup de sa vie... ou le conduire à sa perte.

Déjà porté à l'écran dans un film intitulé dans nos contrées Le Charlatan avec en vedette Tyrone Power, ce roman de William Lindsay Gresham aura bientôt droit à une nouvelle adaptation signée Guillermo Del Toro. De quoi être curieux, le réalisateur ayant jusque-là toujours mis en boite des films à la dimension fantastique, qui n'est pas flagrante dans l’œuvre d'origine. On découvre à travers les yeux du jeune Stanton une foire du début du XXe siècle, avec ses numéros de voyante, de magicien, d'homme fort, et de geek. ce dernier ne consiste pas à répondre à des questions pointues sur Le Seigneur des Anneaux ou Babylon 5, le terme ayant un sens différent d'aujourd'hui et le spectacle est particulièrement sordide.

On suit alors l'ascension et la chute d'un escroc. Stan fait partie de ces personnages ambitieux et sans scrupules qui remportent des succès mais qui ne savent jamais s'arrêter: un numéro suffisamment impressionnant pour quitter la foire et aller à Broadway? Non, on va plutôt berner une riche veuve pour profiter de sa fortune... Mais ça ne suffit pas et naturellement, un beau jour, le couac dans la machine, notre charlatan vise trop haut et exige surtout trop de sa pauvre partenaire Molly. Gresham accorde beaucoup d'importance à la psychologie de son personnage principal, dont on explore un peu le passé pour mieux comprendre ses craintes et ses obsessions mais l'auteur a aussi une fascination pour le tarot: chaque chapitre est ainsi introduit par un atout. Au fur et à mesure que l'on progresse et que Stan sombre, le récit se fait plus décousu, plus chaotique. Les ellipses entre les chapitres sont parfois déconcertantes mais on s'y retrouve quand bien même l'état mental du protagoniste se dégrade, jusqu'à une issue inévitable qui boucle la boucle.

Il est difficile de juger ce que Del Toro, l'amoureux des monstres, pourra bien tirer de cette histoire qui semble a priori éloignée de son univers. Le roman de Gresham est quant à lui très noir et déstabilisant mais on est happé du début à la fin de cette intrigue qui ne ménage pas le lecteur.