Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Buffy contre les Vampires, saison 4
Buffy fait son entrée à l'université et a du mal à prendre ses repères. Heureusement, vampires et démons sont toujours présents pour assurer un semblant de stabilité dans sa vie.

Avec cette nouvelle saison, on quitte le cadre familier du lycée pour la fac. Angel et Cordelia ont quitté Sunnydale et la série pour Los Angeles et un spin-off, Xander a loupé ses examens et vit de petits boulots, logé dans le sous-sol de la maison de ses parents, Giles a perdu à la fois son job de bibliothécaire et son poste d'observateur... Quant à Buffy, au contraire de Willow qui semble enfin s'épanouir sur le campus, elle se sent paumée dès le premier jour. Une sensation qui ravive bien des souvenirs, quand on s'est sorti correctement du lycée pour se retrouver perdue à la fac en ayant l'impression que tout le monde autour de soi est largement plus autonome, dégourdi, et intégré. La série commence ainsi habilement à associer le manque de repères de l'héroïne et toutes les nouveautés que le spectateur doit également assimiler. On retrouve le même traitement dans la manière dont le groupe très soudé a davantage de mal à le rester à présent que le lycée ne sert plus d'élément fédérateur: on s'est tous éloigné d'amis de longue date à cette période et on retrouve ce risque dans le gang, à la différence près que le sort du monde dépend de la force du groupe. Il faudra néanmoins arriver en fin de saison pour que cela soit flagrant bien que certains épisodes amorcent déjà cet état de fait (Xander qui se sent à l'écart et inférieur car il n'est pas étudiant, Giles qui se sent inutile à présent que son rôle de figure parentale et voix de la sagesse n'est plus flagrant. Même ce pauvre Spike voit son statut d'antagoniste remis en jeu). En attendant, la saison elle-même a beaucoup à proposer, en bien et en mal.

Dans les bons points, le changement de cadre apporte une nouveauté bienvenue à une série qui aurait pu s'arrêter en fin de saison 3 ou étirer artificiellement les années lycée au-delà du raisonnable. Cordelia est remplacée par Anya dans le rôle de la fille sans tact plus ou moins membre de la bande, Oz tire sa révérence et si le personnage était sympathique, son départ laisse la voie libre pour Tara. Le couple qu'elle commence à former avec Willow était pour le moins innovant dans une série grand public de l'époque bien que cela soit beaucoup moins révolutionnaire de nos jours. Malheureusement, le couple Buffy/Riley est nettement moins satisfaisant, à cause du personnage de Riley tout court. Je n'étais guère fan d'Angel mais au moins amenait-il soit un danger, soit de l'humour occasionnellement alors que je suis bien en peine de voir ce qu'apporte Riley à part un contraste avec le précédent grand amour de Buffy. Sarah Michelle Gellar et Marc Blucas n'ont pas une grande alchimie, le personnage, bien qu'on lui donne un arc narratif, est toujours fade et tout ce qui a trait à l'Initiative manque de charme. Adam a ses moments comme grande menace et montrer la lutte entre une force militarisée dotée d'une technologie avancée et des créatures démoniaques valait qu'on s'y attarde mais les membres de l'Initiative, en particulier Forrest, apparaissent plus comme crispants et imprudents que comme de grands professionnels face au groupe amateur et sans grand moyen formé par les héros.

Après une saison 3 assez homogène, les épisodes sont également plus inégaux. Les atermoiements sentimentaux de Buffy et Willow sont parfois fastidieux (cela dit, leur état d'esprit soûle aussi leur entourage par moment ce qui sonne de manière réaliste): montrer Buffy subir une nouvelle déception amoureuse est douloureux mais semble surtout là pour donner lieu à un contraste entre l'indélicat Parker et le chevaleresque Riley. On peut comprendre la douleur de Willow mais on n'a qu'une hâte, que Tara fasse son entrée. Il y a du franchement anecdotique pour ne pas dire mauvais comme Bad Beer ou Where the Wild Things Are ou du nettement plus consistant comme le double épisode qui voit Faith sortir de son coma et échanger son corps avec Buffy (l'occasion de constater, si besoin était, que Sarah Michelle Gellar est loin d'être une mauvaise actrice) ou Superstar centré sur une réalité alternative où Jonathan est, basiquement, un Gary-Stu. Ce qui donne lieu a des scènes croquignolesques (Giles et son calendrier!) mais laisse place à une conclusion plus mélancolique.

Il y a surtout Hush, un des épisodes salués comme un incontournable, totalement à part des autres avec ses méchants, les Gentlemen (dont Doug Jones), qui privent les habitants de Sunnydale de leur parole. Un épisode du coup en grande partie muet, effrayant et poétique, resté justement dans les annales. Autre épisode expérimental, Restless, conclusion de la saison en forme de coda puisque la grande menace, une fois n'est pas coutume, a déjà été vaincue. Quatre parties, chacune explorant les rêves de chacun des membres fondateurs de la bande pour remonter à la Première Tueuse. Des épisodes qui prennent des risques et jouent avec la narration de manière payante.

La saison du changement, donc, la saison de la transition alors que la précédente offrait une sorte d'aboutissement. Si tout n'est pas réussi, loin s'en faut et que le résultat est en dents de scie, il y a quelques pépites qui montrent que la série, malgré ses maladresses, en a encore sous le capot pour surprendre les spectateurs et ne pas se reposer sur ses lauriers.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 12 Mai 2021, 21:38bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".