Gil Patterson, doctorante en Histoire, est hantée depuis quelques nuits par des rêves vivaces où une cité médiévale est assaillie par de monstrueuses créatures. Quand un magicien apparu dans ses songes se matérialise dans sa cuisine pour solliciter son aide, elle lui emboite le pas, bientôt rejointe par un autre jeune Américain, Rudy.

Fendragon de Barbara Hambly fait partie de mes très bons souvenirs de fantasy, de ces romans qui prouvent si besoin est qu'il n'est pas forcément nécessaire de pondre plusieurs pavés pour faire vivre un monde, raconter une bonne histoire avec des personnages solides. Pourtant, je ne m'étais pas précipitée sur ses autres livres, et Darwath part d'un postulat qui me freine: comme dans La Tapisserie de Fionavar de Guy Gavriel Kay, on nous demande de suivre des protagonistes issus de notre monde et de notre époque quitter leur Amérique du Nord natale pour un royaume médiéval fantastique et s'y adapter en un temps record, ce que j'ai toujours du mal à trouver le moins du monde crédible.

Hambly ne surmonte pas cet écueil et à aucun moment je n'ai trouvé que ce choix se justifiait pour suivre des personnages novices dans un nouvel univers. On peut saluer le fait qu'elle prend un peu le contrepied des attentes: Gil devient membre de la Garde tandis que Rudy se trouve des talents de magicien alors qu'on aurait pu présager du contraire (c'est d'ailleurs mentionné par Gil elle-même) mais par ailleurs, c'est très classique: un monde médiéval, des forces des Ténèbres, un magicien au nom fort tolkienien d'Ingold Inglorion, etc.

Revenir à une fantasy bien traditionnelle n'est pas sans charme et les rêves de Gil sont fort évocateurs mais une fois ce premier tome refermé, on a une fois de plus l'impression de n'avoir lu qu'une introduction malgré le rythme soutenu de l'intrigue. Quelques questions en suspens donnent envie d'en lire davantage (qui en veut à Ingold? Il y a un sens de la stratégie derrière les attaques des monstres mais qui les mènent exactement?) malgré donc des personnages principaux auxquels on ne croit guère (ce qui est ballot puisqu'on a l'impression que les faire venir de notre univers devait être un moyen de faciliter l'identification).