En avril 1815, alors que Napoléon a quitté l'île d'Elbe pour reprendre le pouvoir, Lord Cochrane, officier de la Royal Navy, est fait prisonnier alors qu'il croise au large de La Rochelle. Lui et ses geôliers vont cependant devoir faire cause commune contre une menace millénaire et cosmique sur le point de s'éveiller.

Il y a quelques années de cela, j'avais lu un roman intitulé Set the Seas on Fire qui se présentait comme la rencontre entre CS Forester et HP Lovecraft. Le livre en question s'était révélé décevant sur les deux fronts même s'il ne faut pas forcément jeter la pierre à son auteur, Chris Roberson, mais davantage aux phrases de promotion sur la couverture qui survendaient légèrement le bouquin.

L'auteur chilien Gilberto Villarroel y va davantage franco, le titre annonce d'ailleurs la couleur: à ma gauche, Lord Cochrane, authentique officier britannique, principale source d'inspiration du Jack Aubrey de Patrick O'Brian. À ma droite, Cthulhu lui-même, l'entité la plus emblématique de l’œuvre de Lovecraft. Quant au ring, croyez-le ou non, il s'agit de Fort Boyard. Il est bon de préciser que Villarroel n'a pas grandi avec l'émission télévisée du même nom et n'a donc pas choisi le lieu de l'action en référence à celle-ci. Il ne faut donc pas s'attendre à des allusions à Passe-Partout ou autre Felindra, les clins d’œil visent davantage les fans de Forester ou O'Brian.

Le résultat est un bon roman d'aventures fantastico-horrifiques où l'on ne s'ennuie pas une seconde. On pourrait reprocher à l'auteur de rappeler un peu trop souvent des éléments déjà mentionnés, une pratique qui se justifierait dans un roman-feuilleton mais pas ici. Le personnage de Durand aurait pu faire un antagoniste plus nuisible mais il se retrouve vite sur la touche et surtout, si l'affrontement avec Cthulhu est épique, on a du mal à croire que les héros s'en tirent à si bon compte. Ce n'est pas pour rien que chez son créateur, on ne l'entraperçoit jamais pleinement réveillé et en vadrouille: on nous fait bien comprendre que libre d'agir, il ne laisserait pas grand chose des pauvres mortels que nous sommes.

Qu'importe. S'il s'agit d'un roman de plus exploitant la création du Maître de Providence en la mariant à un autre univers évocateur, celui des romans d'aventures maritimes se déroulant durant les guerres napoléoniennes, un genre en soi outre-manche, il le fait de manière tout à fait distrayante.