Alors que l'année 1933 vient de débuter, Georgie obtient des vacances inespérées sur la Riviera. Vacances? Pas tout à fait puisqu'elle est surtout envoyée à Nice pour récupérer une antique tabatière subtilisée à la reine Mary, vérifier où en est la relation du fils ainé de cette dernière avec Mrs Simpson et enfin, démasquer celui qui a volé un précieux collier lors d'un défilé supervisé par Coco Chanel.

Après un château perdu dans les montagnes de Transylvanie, nouveau changement de décor pour Georgie, cette fois-ci envoyée à Nice, où malgré le mois de janvier les touristes anglais décidément peu frileux n'ont aucun mal à piquer une tête dans la piscine de leur villa... Ce qui se révèle fatal au moins pour l'un d'eux bien que le climat ne soit pas le coupable. Difficile de décrire le pur plaisir causé par la familiarité acquise auprès des personnages qui les rend si agréable à retrouver. Bien entendu, la haute société britannique et aristocratique est un tel microcosme que même en changeant de pays, on retrouve à peu près toute la bande venue profiter du régime méditerranéen. On rencontre quelques nouveaux personnages comme la sœur de Fig et sa maisonnée, encore plus épouvantable que Fig elle-même et les suspects du jour: un marquis français trop séduisant pour être honnête, un homme d'affaires mal vu de la vieille aristocratie, une mystérieuse jeune femme ressemblant étrangement à Georgie... Avec, en plus des Windsor habituels, un second rôle pour Coco Chanel. Avec un inspecteur qui tient plus de Clouseau que de Maigret, Georgie n'aura pas le temps de chômer.

Il est tout de même dommage qu'encore une fois, on nous joue la carte du quiproquo avec ce brave Darcy. Ce n'est pas totalement injustifié: si on en est au cinquième tome, cela ne fait pas un an que lui et Georgie se connaissent, il reste discret sur une partie de sa vie, n'apparait que quand cela lui plait et ce n'est pas parce qu'un homme vous sauve la mise à plusieurs reprises qu'il sera forcément fidèle en amour. De plus, notre héroïne est trop peu sûre d'elle pour qu'elle n'en vienne pas à douter de l'attachement qu'on lui porte. Néanmoins, on peut se demander combien de malentendus Rhys Bowen a encore dans son sac pour alimenter le suspense quant à leur mise en ménage, celui de ce livre étant particulièrement téléphoné.

Qu'importe, cette réserve n'empêche pas, une fois encore, de savourer ce roman, aussi caricaturaux que puissent être les décalages culturels entre Anglais qui pestent contre la manière dont les "étrangers" font les choses sans avoir l'air de réaliser que dans le contexte ce sont eux les étrangers et Français tous très assurés, que ce soit justifié ou non par leurs compétences. On est dans du divertissement pur, référencé sans que ce soit lourd avec cette intrigue à base de vols de bijoux sur la Côte d'Azur et on ne boude pas son plaisir mais il est peut-être préférable de ne pas enchaîner les tomes de façon trop rapprochée tant les ficelles sont toujours un peu les mêmes.