Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-Potion suivante
Pour toi j'ai tué
--> It's Noirvember!
Steve Thompson, convoyeur de fond, planifie un hold-up audacieux avec le gangster Slim Dundee. Son vrai but n'est pas tant l'argent que récupérer son ex-épouse, désormais mariée à Dundee.

Trois ans après Les Tueurs, Robert Siodmak retrouve Burt Lancaster, toujours pas le héros bondissant au sourire conquérant de films d'aventures, pour un nouveau film qui comporte quelques points communs avec le précédent: en effet, on dépeint une nouvelle fois la chute d'un pauvre gars (ancien boxeur dans le roman de Don Tracy, ce que la version pour l'écran ne précise pas) entraîné dans le crime par passion pour une femme splendide acoquinée à un voyou. On retrouve également la figure du brave flic ami du personnage principal, qui essaie de l'avertir mais n'en fait pas moins son devoir.

Il ne s'agit cependant pas d'une pâle resucée de l'adaptation de la nouvelle d'Hemingway. En fait, ce film souffre moins du côté mécanique de l'investigation de Reardon dans celle-ci et gagne en humanité, notamment dans le traitement de sa femme fatale: un personnage néfaste là-encore, intéressé par l'argent et qui va conduire à leur perte les hommes qui s'approchent de trop près. Néanmoins, Yvonne DeCarlo n'est peut-être pas aussi impressionnante qu'Ava Gardner mais elle est moins glaciale et parvient à être plus touchante, notamment quand elle dévoile comment Slim la traite, ce qui l'a rend plus intéressante qu'une vamp vénéneuse mais distante.

Au couple formé par Lancaster et DeCarlo, il faut ajouter la présence bienvenue de Dan Duryea, toujours un plaisir à contempler, en particulier ici en sale type violent aux manières faussement doucereuses. Le genre de bonhomme qu'on adore détester et que l'on a envie de voir puni: il le sera mais époque et Code Hays obligent, tous ceux ayant trempé dans le crime ne peuvent s'en sortir sans encombre, y compris ceux pour qui l'on s'est pris de sympathie. On sait donc dès le départ que Steve et Anna sont condamnés, reste à découvrir comment, et à suivre la catastrophe annoncée se dérouler.

Le titre français, Pour toi j'ai tué, met d'ailleurs l'accent sur le couple maudit et sur la responsabilité supposée de la femme dans les choix désastreux de son ex. Criss Cross, le titre original, fait en revanche référence au fait que chacun essaiera de doubler l'autre dans cette histoire de casse audacieux, ce qui finalement atténue la sensation que l'intrigue peut être trop balisée: la première scène est un bel exemple du mélange de vérité et de faux-semblants, puisque la bagarre entre Steve et Slim est une mise en scène pour berner le personnage du policier mais la détestation entre les deux hommes n'est pas feinte. Steve est celui qui prend l'initiative du braquage, pour se tirer d'un mauvais pas au départ puis en voyant une vraie possibilité de ressortir gagnant de la situation mais ses complices auront chacun leurs propres ambitions.

D'un point de départ ultra-classique, Robert Siodmak tire le meilleur, à la fois film de casse réalisé au cordeau (l'attaque du fourgon dans la fumée est mémorable) et imparable tragédie portée par des acteurs inspirés.
potion préparée par Zakath Nath, le Jeudi 5 Novembre 2020, 15:23bouillonnant dans le chaudron "Films".