Margaret et Tony se lancent dans un grand voyage aux États-Unis pour des raisons privées. Contre toute attente, Elizabeth II charge sa sœur cadette d'une mission diplomatique particulièrement délicate.
Ah, un épisode mettant Margaret en vedette! Comme on le sait, ce n'est pas un de mes personnages préférés et ses malheurs ne m'intéressent pas plus que cela, mais allons-y tout de même voir de plus près.
L'épisode du jour démarre en 1943, sur une Margaret faisant le pied de grue dans un couloir tandis que derrière une porte on entend ce brave vieux Lascelles pontifier, ça nous manquait.
Saluons donc le retour de Pip Torrens. Évidemment, le changement de casting général n'aurait pas eu le moindre sens dans un flash-back mais avouons-le, on ne pensait pas revoir le secrétaire privé de l'Enfer, donc on savoure (les actrices jouant les princesses sont également les mêmes qu'en saison 1 et elles ont bien poussé depuis). Lascelles est en train d'expliquer à Elizabeth que son père n'ayant pas d'héritier mâle et n'ayant pas l'air de trop s'activer pour en obtenir un, on a décidé de la faire passer d'héritière présomptive à héritière apparente. Ce qui signifie, en gros, qu'on va prendre sa formation plus au sérieux histoire que contrairement à George VI, elle ne se retrouve pas prise au dépourvu lorsque la couronne lui tombera sur la tête.
Elizabeth acquiesce évidemment mais le soir, elle ne cache pas à sa sœur qu'elle craint de ne pas y arriver. Margaret, elle, trouve que la fonction de Reine lui irait comme un gant, pensez-vous, donner des ordres, être sous le feu des projecteurs, elle ne demande que ça. Elle demande aussi à Elizabeth de suggérer qu'on inverse les rôles et qu'on fasse d'elle l'héritière, elle se sent de taille à gérer. Elizabeth accepte et c'est sur cette base complètement fantaisiste qu'on va entrer dans le vif du sujet. Fantaisiste car même si Elizabeth n'avait pas plus demandé que son père à se retrouver un jour à la tête de l'État, et était nettement plus réservée que sa cadette, il est très peu probable qu'elles aient envisagé ce genre de manœuvre et se soient même imaginées un tel échange possible.
Une vingtaine d'années plus tard, Elizabeth souhaite bon voyage à Margaret et son beauf: ils seront accueillis en grande pompe un peu partout mais il s'agit avant tout d'un voyage privé, avec des visites à des amis et une dédicace du nouveau livre de Tony une fois à New York. Ce voyage est tellement peu protocolaire qu'ils ne partent même pas dans un avion privé mais avec le peuple (enfin, on leur a réservé toute la première classe pour eux deux, faut pas pousser). Et puisque ça va être de la détente, leur souffle Elizabeth, ce sera l'occasion d'être gentils l'un envers l'autre, n'est-ce pas?
Une fois à bord, Margaret ne cache pas qu'elle a trouvé la remarque fort peu délicate et Tony approuve tout en admettant qu'il faut bien reconnaitre qu'entre eux, c'est compliqué, tout comme c'est compliqué entre les deux sœurs, Margaret s'accommodant mal de son rôle de numéro 2 (diantre, on avait complètement oublié). Mais elle sera toujours numéro 1 dans son cœur, assure son mari. Ah, ah.
À Washington, ça ne va pas très bien. La Grande-Bretagne est dans la panade financièrement et aurait besoin d'un coup de pouce des USA, seulement voilà, le président Johnson n'est pas du tout d'humeur à rendre service: Harold Wilson a refusé de l'assister au Vietnam et maintenant il ose tendre la main, pff, la relation spéciale entre les deux nations, il s'assoit dessus. On apprend au passage que Johnson a un petit complexe vis-à-vis de JKK, son prédécesseur dont il fut vice-président et qu'il vaut mieux éviter de le mentionner en sa présence. Tiens, tiens.
Wilson vient donc demander à la Reine de lui donner un coup de main: dans le passé, la famille royale a été fort utile pour adoucir les angles lorsqu'il y avait des tensions de ce titre avec un autre pays et peut-être que si elle invitait Johnson et lui sortait le grand jeu, il se montrerait plus accommodant.
Elizabeth met donc Charteris sur le coup. Charteris est désormais joué par Charles Edwards, si son visage vous est familier c'est sans doute parce que vous l'avez vu dans
Downton Abbey où il avait joué l'amant de Lady Edith. Il succède ainsi Harry Hayden-Patton, qui dans
Downton Abbey jouait l'époux de Lady Edith. Voilà messieurs, vous savez ce qu'il vous reste à faire si vous voulez un jour jouer Martin Charteris (qui n'en rêve pas?).
Charteris informe également la reine que Margaret rencontre un franc succès aux USA, où elle a même un fan-club, les Margaretologistes. On sent Elizabeth un peu pincée en entendant cette bonne nouvelle et elle confesse plus tard à son mari qu'elle n'est pas une sainte, elle ne peut pas s'empêcher d'être jalouse de sa petite sœur tellement à l'aise en public.
En effet, Margaret s'éclate à être le centre de l'attention, à séduire le public, à mener grand train, tandis qu'à côté d'elle Tony fait bonne figure en apparence mais se montre de plus en plus lassé par tous ces dîners interminables, jusqu'à ce que la dispute éclate enfin.
D'autant que Margaret le perce à jour. Ce n'est pas tant l'aspect répétitif des sauteries qui l'agace mais qu'elle soit le centre de l'attention et lui, qui ça? Ah, oui, le mari, Tony quelque-chose. En somme, il n'y a pas qu'elle qui vit mal d'être le numéro 2 dans l'ombre. Néanmoins, elle fait une concession: une fois à New-York, quand Tony dédicacera son livre, elle le promet, elle ne sera qu'une simple figurante, toute à son service.
Côté relations internationales, ça ne va pas mieux: Johnson (Clancy Brown!) a reçu une invitation à chasser à Balmoral, et on lui dit que même Kennedy n'a pas eu droit à ça, c'est exceptionnel. Pendant un instant, l'argument pèse mais... Tout plaquer pour aller chasser en Écosse qui est toute loin et toute humide, avec tout le protocole, non c'est vraiment trop la barbe.
Michael Adeane, toujours secrétaire privé et désormais joué par David Rintoul (qui a fait une apparition aussi furtive que remarquée dans
Game of Thrones, oui
c'est possible, c'était ça), Michael Adeane, donc, explique à la reine que Johnson n'a pas vraiment décliné l'invitation, il n'y a tout simplement pas répondu. Ouch.
Pendant ce temps, Margaret et Tony sont chez des potes en Arizona, la première avec une bonne crève qui lui vaut d'être alitée et Tony est vachement plus prévenant maintenant qu'elle n'est plus en état de l'éclipser, quel couple sain et fonctionnel... Enfin, Margaret lui rappelle une fois encore qu'à New-York ce sera lui qui brillera, on ne voit absolument rien venir.
Retour à Washington où on explique à Johnson-la-Classe que son insulte aux Windsor risque de poser un petit problème. C'est une chose de snober un Premier Ministre mais la Reine, c'est une autre histoire et il devrait faire un geste pour rattraper le coup et ça tombe bien...
... ça tombe bien explique Wilson à la Reine, puisque Margaret se trouve en ce moment aux USA, si Johnson ne peut pas aller aux Windsor, les Windsor iront à lui. Invitation a donc été lancée pour que Margaret vienne dîner à la Maison Blanche, à charge pour la Reine d'annoncer la nouvelle.
La Reine, ça ne l'amuse pas parce que d'une, ça lui rappelle le succès de Margaret, de deux on va confier une mission importante à quelqu'un qui ne s'est pas illustrée par sa diplomatie et de trois, elle va devoir contrarier les projets de vacances de sa sœur, et ça, ça risque d'être mal reçu.
Effectivement, Margaret qui a toujours le nez bouché n'est pas du tout partante, surtout que maintenant elle doit aller à New-York pour assister Tony dans la promotion de son livre, ce n'est pas du tout le bon moment. Elizabeth doit donc remettre quelques pendules à l'heure: ce n'est pas une question c'est un ordre. Mais elle est vraiment désolée d'avoir à faire ça. Seulement, l'enjeu est élevé et puis ça tombe bien finalement, Margaret se plaint toujours qu'elle reste en coulisse tandis que tout le boulot important revient à Elizabeth. C'est l'occasion pour elle de se rendre vraiment utile.
Lors du voyage vers Washington, monsieur l'ambassadeur enfonce encore le clou: si elle ne charme pas Johnson au point de lui faire lâcher quelques milliards de dollars pour renflouer le Royaume-Uni, c'est la dévaluation, la récession, la honte, la fin du monde et du
five o'clock. Sans vouloir lui mettre la pression. Pression que Margaret commence à ressentir, réalisant lentement qu'on ne l'envoie pas à un dîner de gala de plus.
Le lendemain, Wilson vient faire un compte-rendu du dîner à Elizabeth, qui devant l'air très gêné de son Premier Ministre, se résigne au fait que sa petite sœur se soit plantée et qu'il faille affronter la catastrophe. Wilson la détrompe tout de suite... L'opération a été un franc succès, une victoire sur toute la ligne. Néanmoins, cette victoire, Margaret l'a remportée avec ses armes, toutes personnelles. Pour commencer, elle a osé parler de JFK, sujet délicat pour Johnson, on s'en souvient.
En balançant au débotté que JFK, elle l'a vu, et franchement, elle l'a trouvé très décevant. Silence de mort autour de la salle jusqu'à ce que Johnson acquiesce, que Margaret et lui se retrouvent sur la souffrance que c'est d'être numéro 2, quand bien même on aime le numéro 1 et ils bavent un peu sur le défunt pour faire bonne mesure. La glace est brisée.
Puis est venu un petit concours de boisson, et l'on sait que Margaret a la descente facile...
On continue sur un concours de limericks, ces petits poèmes cochons (on se souvient du tout premier épisode et de ceux que s'échangeaient George VI et Peter Townsend, nostalgie et cochoncetés, quand vous nous tenez...). Quand vient le moment de rapporter lesdits limericks et surtout celui qui a valu la victoire à Margaret, le pauvre Wilson cale un peu mais comme le lui dit une reine impassible: "You've made it this far". Et donc:
"There was a young lady from Dallas,
Who used a dynamite stick as a phallus...
They found her vagina
in North Carolina...
And her arsehole in Buckingham Palace."
Amis de la poésie bonsoir.
Elizabeth n'a qu'un mot: "Bravo".
La soirée a fini en chanson, et Johnson a généreusement accepté d'aider le Royaume-Uni financièrement, à quoi tient le sort des nations, tout de même.
Victoire mais Elizabeth est contrariée: Margaret a réussi en faisant exactement tout ce qu'elle lui avait dit de ne pas faire et tout ce qu'elle-même aurait été incapable de faire, elle qui est prévisible et fiable. Philip, qui s'est quand même bien calmé depuis la saison dernière, lui dit qu'il n'échangerait pas dix barils de Margaret contre un d'Elizabeth et de sa fiabilité, c'est meugnon (mot qu'on n'associe pas souvent au duc d’Édimbourg, donc profitons).
À son retour en Angleterre, Margaret est accueillie par Harold Wilson en personne à l'aéroport qui lui offre ses sincères félicitations. Une fois à Windsor, Elizabeth lui en présente d'autres et lui propose même une breloque en récompense mais Margaret a d'autres idées en tête: puisque tout le monde s'accorde à trouver qu'elle a géré à merveille, pourquoi ne pas poursuivre dans cette voie au lieu de la cantonner à jouer les dépravées oisives?
Elizabeth lui promet d'y réfléchir, et elle est même tentée par amour pour sa sœur mais en même temps, elle a des doutes, que vient confirmer Philip: oui, cette fois, ça a marché, mais c'était très risqué et ce qui a fonctionné avec Johnson pourrait se révéler une cata avec d'autres. Il relate alors une conversation qu'il a eu autrefois avec Lascelles qui lui a confié que dans la famille royale, on a deux types de personnages: les Victoria, George V, George VI, Elizabeth II... Ennuyeux, prévisibles, certes, mais sérieux et parfaits pour leur fonction, et leurs revers: Edward VII, le prince Eddy (frère aîné de George V qui est mort avant son père), Edward VIII, Margaret... plus divertissants et brillants en apparence mais surtout... dangereux.
Margaret attend dans le jardin, espérant une réponse positive...
Un seul coup d’œil à sa sœur lui suffit pour comprendre.
Elle s'est rendue utile, mais on n'en fera pas une habitude.
Retour en 1943 pour avoir le fin mot de la scène d'ouverture... Déjà, sa requête était refusée par Lascelles: on ne remet pas en cause un système existant depuis des siècles parce qu'une gamine s'imagine bien reine. Son rôle à elle, c'est d'assister sa sœur en gardant sa place, en coulisse. C'est sa personnalité qui doit s'adapter au système, pas l'inverse, et qu'elle se le tienne pour dit.
Margaret court donc sangloter dans sa chambre...
Et des années plus tard, renvoyée une nouvelle fois à sa place de numéro 2, elle doit bien se résigner à n'être que cela.
Bon, bon, bon. En soi, ce n'est pas un mauvais épisode. Il file vite, et rien que pour la scène du dîner à la Maison Blanche et le pauvre Wilson qui patauge pour la raconter à la Reine, ça veut le prix du ticket. Mais sur le fond, ça n'apporte pas grand chose de plus à
Pride and Joy en saison 1: Margaret est extravertie et s'éclate sous le feu des projecteurs mais souffre de devoir n'être qu'un membre secondaire de la Firme, Elizabeth jalouse les facilités de sa cadette en société mais c'est justement parce qu'elle est naturellement réservée et fiable qu'elle est bien mieux taillée pour le rôle de Reine, elle veut faire plaisir à sa sœur mais la raison la pousse à la contrarier...Rien de neuf, quoi, même si on devait relancer le personnage de Margaret pour cette nouvelle saison, et que quand on engage Helena Bonham Carter, il faut bien amortir.
Le Point corgis: comme pour l'épisode précédent, ils font leur apparition avant le générique puis leur devoir accompli ne montrent plus leur truffe.