Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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L'Homme qui n'a pas d'étoile
Dempsey Rae, cow-boy solitaire, prend le jeune Jeff sous son aile alors qu'ils arrivent dans une petite ville du Wyoming. Ils commencent à travailler dans un gros ranch mais les ambitions de la propriétaire se heurtent aux besoins des plus petits éleveurs du voisinage.

Drôle de western que celui-ci. Un scénario signé Borden Chase, qui rappelle son travail avec Anthony Mann, notamment Je suis un aventurier et son protagoniste individualiste qui finit par défendre les petits contre les puissants. Kirk Douglas est bien plus extraverti que James Stewart cependant, et marque le film, tourné en une petite vingtaine de jours, de son empreinte. Au point que son réalisateur, King Vidor, ne reconnut pas le film comme sien même s'il était apparemment plus impliqué qu'il ne l'a prétendu.

Dempsey Rae est un personnage souvent clownesque, au rire facile et qui, bien qu'il se présente comme sans attache, n'hésite pas longtemps à aider son prochain comme il le fait avec Jeff, le petit jeune inexpérimenté et sans beaucoup de cervelle. Les grands sourires cachent pourtant un passé douloureux, et le film est à l'image de son personnage principal: plein d'humour sans tomber dans la parodie mais qui se révèle bien plus sombre et violent à l'occasion, avec des ruptures de ton au sein d'une scène adroitement gérées. On assiste également à la fin d'un monde, celui de l'open range où les troupeaux paissaient dans des horizons illimités, le monde de Dempsey, libertaire et farouche opposant aux barbelés qui commencent à délimiter les terres. C'est d'ailleurs là que le scénario est intéressant car l'opposition est moins tranchée que dans d'autres westerns comme L'Homme des Vallées Perdues et le héros aura d'ailleurs du mal à trouver immédiatement son camp.

En effet, Dempsey entre d'abord au service de Reed Bowman, propriétaire d'un grand ranch qui du fait de sa puissance profite des prairies ouvertes. Bowman est un maîtresse-femme, une entrepreneuse que Dempsey s'empresse d'entreprendre. Si on l'admire pour s'imposer dans un monde très masculin, elle incarne également les tares d'une société tournée uniquement vers le profit: sa méthode consiste à tirer tout ce qu'elle peut d'une région en une petite poignée d'années avant de quitter les lieux pour refaire le même coup ailleurs, sans se soucier de ceux qu'elle laisse dans son sillage. En face, les petits propriétaires doivent s'allier pour faire front mais également monter des clôtures barbelées et malgré sa répugnance pour le procédé, Dempsey devra se résoudre à se joindre à eux et à utiliser les armes qui l'ont autrefois blessé, conscient que l'existence qu'il aime touche à sa fin.

Tout cela est fort intéressant et en 1h30, le récit est mené à un train d'enfer (à propos de train, le début n'est pas sans annoncer L'Empereur du Nord), parfois trop rapidement comme en témoigne la disparition du régisseur intègre sur lequel on ne revient pas. Kirk Douglas a tendance par son cabotinage (on accroche ou pas) à vampiriser l'ensemble bien que Claire Trevor soit également attachante en entraineuse tandis que Jeanne Crain s'illustre en riche propriétaire venue de l'Est pour imposer sa loi. On peut cependant regretter que le film n'aille pas au bout de certaines idées, comme avec le personnage de Jeff qui commence à mal tourner mais rentre finalement vite dans le rang pour que le rôle du méchant échoie à une figure plus classique de brute opportuniste qui n'apparait que dans la deuxième moitié du film (mais ça nous offre l'occasion de revoir Richard Boone, ce qui est toujours un point bonus). Étrangement pour un film de 1955, King Vidor n'opte pas pour un format large histoire d'en mettre plein la vue aux spectateurs mais sa réalisation est toujours dynamique (bien qu'il expliquera que la scène de panique du troupeau a été chapeautée par le réalisateur de seconde équipe et qu'elle ne correspondait pas à ce qu'il aurait voulu).

L'Homme qui n'a pas d'étoile est l'archétype du western mettant en scène un cow-boy solitaire arrivant en ville pour régler un problème avant de s'en repartir tout aussi solitaire vers le soleil couchant, en chanson (ici interprétée par Frankie Laine et pas par le cow-boy lui-même). C'est en même temps un western qui peut se révéler déconcertant par son humour décontracté mêlé à un thème plus empreint de gravité mais cet aspect lui permet aussi de se détacher du lot.
potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 25 Septembre 2020, 19:06bouillonnant dans le chaudron "Films".