Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Watchmen, saison 1
Angela Abar, alias Sister Night, enquête sur le meurtre d'un policier par un membre du 7e Kavalerie, une organisation de suprématistes blancs qui se réclament du justicier masqué Rorschach. Son investigation va la conduire à découvrir des secrets qui mêlent l'histoire de sa famille, les dessous d'une attaque qui a secoué le monde en 1985, et de nouvelles conspirations en cours.

Il ne faut pas avoir froid aux yeux pour s'attaquer à Watchmen, le monument d'Alan Moore et Dave Gibbons. A fortiori en ne désirant pas en livrer une adaptation fidèle au point d'en reprendre tous les dialogues et d'en animer seulement les cases mais en proposant une suite, en imaginant ce que pourrait être le monde trente ans après les événements du comics, et en offrant une relecture de certains personnages emblématiques. C'est ce qu'a fait Damon Lindelof, scénariste de Lost et de The Leftovers, en une saison de neuf épisodes.

Les quatre premiers épisodes sont intrigants. À l'instar du comics, un assassinat va entraîner une enquête aux ramifications bien plus importantes que prévues et qui permet d'explorer un univers alternatif, se basant sur des événements réels (la scène d'ouverture se déroule durant les émeutes de Tulsa de 1921 où des membres du KKK ont ouvertement massacré des membres de la communauté afro-américaine de la ville) et ceux, uchroniques, découlant de la bande-dessinée (le Viet-Nam devenu un état des USA, par exemple). Il y a un grand soin du détail, parfois très amusant (les extraits de la série American Hero Story racontant l'histoire des Minute Men et tourné à la Zack Snyder sont de grands moments de rigolade toute en offrant un miroir déformant à des scènes bien plus importantes pour l'intrigue) mais l'empilement des questions commence à laisser craindre un enchaînement de péripéties dont on ne saura pas la finalité, pour un résultat abscons qui tentera de s'en sortir par une pirouette.

Il n'en est rien. La deuxième moitié de la saison va s'employer à apporter toutes les réponses nécessaires, combler l'ellipse entre la fin du comics et le début de la série (à ce titre, il est recommandé de lire le bouquin pour faciliter l'entrée dans cet univers et mieux comprendre certaines allusions. De toute façon il est recommandé de lire le bouquin, point) et toutes les pièces du puzzle se mettent gentiment en place pour un final qui d'un côté à de quoi satisfaire toutes les attentes et qui de l'autre fait des choix plus discutables. L'histoire que Lindelof a voulu raconter trouve une conclusion brillante, ce qui est tout de même beaucoup. On a droit à une interprétation haut-de-gamme (Regina King est impériale, Jeremy Irons dont le cabotinage le place sans arrêt sur un fil duquel il ne tombe pas...), des moments magnifiques (la dernière rencontre entre Angela et son grand-père dans le cinéma, pour n'en citer qu'un).

Là où cela peut coincer, c'est dans la manière dont la fin revient sur celle du comics et donne l'impression de vouloir, en quelque sorte, la corriger. Notamment dans le destin du personnage d'Adrian Veidt, mais plus globalement flotte le sentiment de vouloir rendre justice en récompensant les bons et en punissant les mauvais. Non sans ambiguïté toutefois mais sans vraiment savoir jusqu'à quelle point celle-ci est volontaire et ce choix prend le contrepied de l'histoire d'Alan Moore, qui offrait une conclusion (si c'en était une) bien plus féroce et moins rassurante.

Lindelof a en tout cas proposé sa version de ce qu'aurait pu être l'univers des Watchmen après la destruction de New York en 1985, une version parmi d'autres possibles mais qui est suffisamment riche, crédible sur la plupart des points et habilement racontée pour fasciner. Une seule vision n'est d'ailleurs probablement pas suffisante pour appréhender correctement tout ce que la série propose. Le neuvième épisode boucle en tout cas tout ce qui a besoin de l'être et une deuxième saison ne s'impose absolument pas, ce qui est sans doute préférable. À l'instar de l’œuvre sur laquelle elle se base, il est pour le mieux qu'on reste sur une mini-série atypique et passionnante.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 17 Décembre 2019, 13:44bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".