Lorsque le détenteur de Zémal, la mythique épée, décède brutalement, son arme légendaire a besoin d'un nouveau maître. Sept concurrents, combattants les plus aguerris du monde, se lancent dans une quête pour la posséder.

Une épée magique dont le nom à de quoi faire pouffer bêtement le lecteur francophone, un petit jeune injustement traité mais promis à un grand destin, des mages et un mal ancien qui réémerge, rien de bien foufou là-dedans, au premier abord. Preuve en est une fois de plus que ce ne sont pas nécessairement les ingrédients de départ qui comptent (bien qu'un concept original, ça ne fait pas de mal non plus) mais ce qu'on en fait. Or Javier Negrete sait y faire pour donner une touche bien particulière à son œuvre.

On suit plusieurs personnages tels que Derguin Gorion, le jeune héros, Kratos, guerrier éprouvé qui va contribuer à sa formation tout en étant un rival dans la quête de l'épée, Mikohn Tiq, l'apprenti magicien, et des antagonistes extrêmement violents et antipathiques comme Togul Barok lié à Derguin sans qu'ils le sachent. Les techniques de combat des Tehodarans ne manquent pas d'originalité puisqu'en plus d'un entraînement intensif mais classique se mêlent des formules capables de leur donner certaines capacités qui ont néanmoins un prix. De plus, probablement parce que Negrete est espagnol plutôt qu'anglo-saxon comme la plupart des auteurs de fantasy épique les plus en vue, l'ambiance est plus méditerranéenne, avec une mythologie qui n'est pas sans évoquer celle de la Grèce antique. Ce qui explique également pourquoi, malgré peu de descriptions finalement sur l'architecture ou les vêtements, a-t-on davantage l'impression d'évoluer dans une période antique plutôt que médiévale (d'autant qu'étant aussi l'auteur d'Alexandre et les Aigles de Rome, Negrete a l'air d'apprécier cette époque).

Néanmoins, les protagonistes manquent d'un petit je-ne-sais-quoi pour qu'on se sente vraiment impliqué parce qui leur arrive, alors même qu'ils prennent cher à l'occasion. Peut-être est-ce le revers de ce caractère mythologique qui crée trop de distance entre eux et nous, simples mortels? Cela n'empêche pas ce premier tome des Chroniques de Tramorée de se singulariser et de donner envie de lire une suite apparemment prometteuse.