Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Joker
La vie d'Arthur Fleck est bien difficile: il vit seul avec sa mère dans un appartement sordide, souffre d'un handicap mental dont une des manifestations est d'être pris de rires convulsifs qui conduisent à des malentendus, son travail de clown ne paie pas, percer comme humoriste n'est pas une mince affaire et il est régulièrement tabassé par des malandrins. Au point où Arthur finit par embrasser la violence et la folie du monde qui l'entoure pour devenir le Joker.

Peu de temps après le triomphe en salle de The Dark Knight, un projet de film sur les origines du Joker a commencé a être évoqué, chapeauté par Brett Ratner. Comme si ce nom ne suffisait pas à faire germer les inquiétudes, le concept même paraissait absurde, surtout dans la foulée d'un film qui montrait un personnage fascinant en partie justement parce qu'on ne savait rien de lui. Depuis, il s'en est passé des choses du côté des adaptations ciné de super-héros DC et après quelques déconvenues, Joker marque apparemment la volonté de se lancer dans des one-shot au ton particulier plutôt que de vouloir à tout prix rattraper la machine Marvel bien rodée sur son terrain. C'est Todd Philips, jusque-là associé à des comédies potaches qui atterrit derrière la caméra, avec comme influence manifeste Martin Scorsese, rien que ça, et Joaquin Phoenix incarne celui qui deviendra le Joker, choix plutôt pertinent. Reste que je n'étais pas vraiment conquise par l'idée d'une énième histoire des origines, surtout pour ce personnage, et déjà que le parti-pris "réaliste" chez Nolan ne m'emballait pas vraiment, ici cela semblait être poussé encore plus loin.

Et mes craintes ont été confirmées, sans pour autant que je trouve le film mauvais. Je n'y ai pas vu un chef-d’œuvre digne d'être couronné d'un Lion d'Or mais j'ai également trouvé pas mal de critiques accusant avant même sa sortie Joker de faire l'apologie des Incels et autres sinistres individus de ce genre complètement contredites par ce que l'on voit à l'écran. Commençons par la décision d'implanter le film dans un Gotham qui ne cherche pas à être autre chose que le New York des années 80 (au point où on évoque Wall Street pour parler des trois costards-cravates du métro...): la reconstitution est très jolie mais à aucun moment je n'ai cru que l'on basculerait un jour dans un univers où un homme déguisé en chauve-souris gambaderait à la poursuite de mabouls tous plus incroyables les uns que les autres. Il y a énormément de façons différentes d'aborder l'univers, et la série des années 60 n'est pas moins valable que de faire dans le dark n' gritty mais à ce stade on a la fâcheuse impression que l'auteur se pense au-dessus du genre et ne s'intéresse qu'à raconter la chute dans la folie d'un humble quidam maltraité par la société. Ce qui est un sujet qui mérite qu'on en parle, mais même là, en écartant tout ce qui a trait à Batman, il y a de quoi être perplexe.

Le discours de Philips est paradoxal, mais j'y vois plus de confusion qu'un désir d’ambiguïté. Comme s'il était dépassé par son sujet et les thèmes qu'il veut brasser. À ce titre, le contexte de grève de ramassage des ordures qui court pendant tout le film est un bon exemple de cette incapacité à illustrer ses idées: on nous peint quelque chose d'apocalyptique et on ne voit que quelques tas de poubelles sagement et régulièrement rangées le long des trottoirs. Pour avoir vécu des grèves d'éboueurs dans une ville loin d'être une mégalopole à la New York, dont une au moins qui a nécessité la mobilisation de l'armée, ça faisait singulièrement petit joueur (un des trucs "rigolo" quand ce genre d'opération s'éternise, c'est qu'il y a toujours des gros malins qui pensent résoudre le problème des sacs poubelles qui s'accumulent en y mettant le feu ce qui, ô surprise, ne résout pas le problème et en crée un autre). Mais surtout, on ne voit pas très bien où Philips veut en venir avec ce brave Arthur Fleck.

Victime des dérives d'une société impitoyable ou psychopathe qui allait tôt ou tard se lâcher? On ne sait pas vraiment: il y a un regard critique sur la façon dont les classes les plus modestes et vulnérables sont abandonnées tandis que les riches comme Thomas Wayne estiment qu'elles n'ont à s'en prendre qu'à elles-mêmes mais le message est contradictoire. Par exemple, la psy qui suit Fleck lui explique que leurs rendez-vous ne pourront se poursuivre car on leur a coupé tout financement. La nouvelle tombe pourtant précisément au moment où Fleck accuse sa psy de ne pas l'écouter et de lui poser les mêmes questions chaque semaine sans réellement se soucier des réponses. De même, il s'inquiète de ne plus avoir son ordonnance pour les médicaments qu'il prend, mais plus tôt dans le film il laissait entendre que le traitement était insuffisant, ou inefficace. Du coup, doit-on y voir une critique virulente d'une municipalité qui abandonne ses malades pour qu'on leur reproche ensuite de se comporter en malades, ou les programmes en place étaient de toute manière une perte d'argent car confiés à des incompétents ou inutiles, et en faire l'économie est donc justifié?

J'avais dit plus haut que je n'avais pas trouvé le film mauvais, et on peut se demander pourquoi puisque finalement, ce qui m'a plu tiendra en un paragraphe bien plus mince que mes reproches, pour dire que les acteurs, Phoenix en tête évidemment, ont largement contribué à faire passer la pilule, qu'à défaut d'être tourneboulée par la mise en scène j'ai tout de même trouvé certaines scènes tendues (comme celle du métro) et que j'ai été suffisamment emportée le temps du film pour ne pas m'y ennuyer. Je sens quand même qu'il ne risque pas de bien vieillir dans ma tête.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 16 Octobre 2019, 18:14bouillonnant dans le chaudron "Films".