L'inspecteur John River forme un duo de choc avec sa partenaire Jackie 'Stevie' Stevenson, jusqu'au jour où il se retrouve à enquêter sur le meurtre de celle-ci. Pour ne rien arranger, River est hanté par les apparitions des victimes de cas non-résolus.

Il faut une bonne dose de suspension d'incrédulité pour pouvoir apprécier River: il est en effet difficile d'accepter sans sourciller le fait que le personnage-titre se pointe au Globe sans réservation à la dernière minute pour trouver sans problème une place assise sans même un pilier dans son champ de vision immédiat.

Blague à part, la spécificité de cette mini-série policière est de mettre en scène un limier schizophrène, qui interagit régulièrement avec des apparitions liées le plus souvent à ses enquêtes en cours. Ce qui rend l'histoire plus originale que la moyenne, mais pas toujours très vraisemblable car on ne peut pas dire que River cache son trouble avec habileté: ses collègues et les passants le trouvent régulièrement en train de s'adresser à des personnages qui ne sont là que pour lui, sans qu'il puisse prétendre penser à haute voix comme tout un chacun. Et ça, c'est quand il se contente de parler et qu'il n'en vient pas carrément aux mains avec son interlocuteur imaginaire. Ce qui donne lieu à pas mal de moments gênants pour lui mais qui ne lui posent pas autant préjudice qu'ils le devraient.

Heureusement, Stellan Skarsgård parvient à vendre ce protagoniste auquel on pourrait avoir du mal à croire, et l'enquête elle-même est prenante. Comme prévu, on découvre quelques vérités douloureuses, notamment parce que la famille de Stevie n'est pas piquée des vers. La résolution est forcément déprimante, mais vraisemblable dans le contexte même si l'on peut trouver que Londres est bien petit à en juger par les liens entre les suspects impliqués.

Autour de Skarsgård, on a droit à une jolie brochette d'acteurs, Nicola Walker par exemple dans le rôle de Stevie, ou encore Adeel Akhtar en coéquipier qui fait de son mieux face à un River pas vraiment facile, Eddie Marsan en côté sombre de la psyché de River mais c'est finalement Turlough Convery, loin de l'homme de main brutal de George Warleggan dans Poldark, qui sort du lot.

Avec la multiplication des séries policières, il devient difficile de créer de nouveaux enquêteurs atypiques et la scénariste Abi Morgan a peut-être visé un peu haut pour tirer son épingle du jeu. Cependant, le récit est malgré tout suffisamment prenant pour que l'on accepte de marcher.