Lena, biologiste, est chargée avec quatre autres femmes d'explorer la zone X, où son mari avait été envoyé plus tôt et d'où il était revenu changé et malade. Une fois sur place, le groupe constate que la faune et la flore subissent des mutations étonnantes.

Ce film d'Alex Garland, scénariste de plusieurs films de Danny Boyle et réalisateur d'Ex Machina, était initialement produit par la Paramount qui a préféré à une sortie cinéma le diffuser dans nos contrées par le biais de Netflix, apparemment car le long-métrage était jugé trop atypique pour le grand public. Pourtant, la première demi-heure, comparée au livre adapté (le premier tome de La Trilogie du Rempart Sud de Jeff VanderMeer), pose des bases assez classiques: les protagonistes ne sont plus simplement définies par leur fonction mais ont chacune un prénom et un nom, les motivations de Lena sont nettement moins floues que dans le bouquin où elle faisait office de narratrice fort peu fiable, qui ne semblait pas éprouver grand chose pour son époux et agissait plus par curiosité scientifique que pour le sauver et par sentiment de culpabilité.

Néanmoins, le rythme lent et des interrogations soulevées qui laissent les spectateurs se dépatouiller avec leurs théories ont eu l'air jugés suffisamment déconcertants. Le résultat, malgré la mise en place un peu longuette et qui enlève pas mal de l’ambiguïté du point de départ de base, n'est pas déplaisant à suivre mais ne s'avère fascinant que par intermittence.

Il y a ainsi quelques passages d'horreur corporelle marquants, notamment grâce à un ours mutant hostile, et il y a toujours un charme étrange et sinistre dans des décors laissés à l'abandon au milieu d'une nature qui reprend ses droits, et dans ce cas précis, une nature qu'on ne comprend plus.

Cependant, malgré un casting solide, les réactions des personnages ne sont pas toujours compréhensibles (quand Josie se fait tirer dans l'eau par un gros prédateur, elle ne fait que répéter qu'il a pris son sac. On n'est pas toujours rationnel dans la panique mais tout de même...) et la montée de la paranoïa au sein du groupe est trop vite expédiée (il est d'ailleurs dommage que le personnage interprétée par Jennifer Jason Leigh soit aussi en retrait alors qu'il y avait largement plus matière à s'interroger sur ses actions).

Le film se révèle finalement frustrant par sa tendance à ne pas laisser suffisamment de mystère et d'incompréhension concernant la zone explorée (on montre dès le départ que celle-ci est la conséquence de la chute d'une météorite, on nous explique l'origine des évolutions notées par une histoire d'ADN...), et il est du coup étonnant de voir tout le jeu de théories et d'interprétations qu'il suscite depuis sa sortie.

Le sentiment qui prévaut est donc d'avoir assisté à un spectacle bancal et pas toujours inspiré malgré un concept de base attirant, mais d'où émergent tout de même des scènes et des images marquantes.