Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Potion précédente-Potion suivante
The Crown, saison 1 épisode 3: Windsor
Le Duc de Windsor, oncle d'Elizabeth II et éphémère Edward VIII, revient en Angleterre pour l'enterrement de son frère avec autre chose en tête qu'un hommage au défunt.

On débute cet épisode par un flash-back. Nous ne somme plus en 1952 mais en 1936 (le 6 décembre très exactement), qui sera connue comme l'Année des Trois Rois, George V étant mort en janvier et Edward VIII ayant laissé place à George VI avant la Saint-Sylvestre, ce qui a permis de vendre de jolies cartes postales, il faut bien trouver des produits dérivés pendant les périodes sans mariages du siècle et autre royal baby.

Elizabeth n'en a cure, elle passe ce qu'elle ignore être ses derniers instants de membre très secondaire de la famille royale à faire du vélo en compagnie de sa sœur par ce qui n'a pas du tout l'air d'une journée de décembre, je m'excuse de le signaler.

Pendant ce temps, son destin se joue, car Edward VIII pour encore quelques minutes, aka le Duc de Windsor pour dans pas longtemps, aka tonton David pour les intimes, porte la dernière main à son discours et c'est le moment de faire un petit point différences réalité/fiction.

Tout d'abord il semblerait que Churchill ait révisé le discours en question, bien moins diplomate envers le gouvernement dans le premier jet d'Edward. Surtout, on le voit en compagnie de Wallis Simpson, qui n'était absolument pas présente à ce moment-là mais sur la Côte d'Azur, et pas du tout contente qu'Edward abdique, car elle se retrouvait coincée à devoir l'épouser ou contrainte de jouer un encore plus sale rôle que celui qu'on lui prêtait déjà. Au temps pour la grande romance du XXe siècle et si Wallis Simpson ne m'était pas aussi antipathique par ailleurs, je la trouverais à plaindre sur ce coup-là. Mais elle m'est antipathique. Cela permet néanmoins de les poser d'entrée en tant que couple et de montrer la cause du problème plutôt que juste la mentionner, c'est inexact mais plus marquant.

Avant l'allocution d'Edward, il est rejoint par sa mère qui le presse de ne pas prendre la parole. Le mieux d'après elle serait qu'après avoir privilégié sa vie sentimentale à son devoir envers son pays, il se fasse discret et file en n'oubliant pas de refermer la porte derrière lui.

Mais Edward veut parler au peuple, donner sa version des faits, en tant qu'individu plutôt qu'en tant que Roi et Empereur. Mary lui fait remarquer d'un ton digne de Francis Urquhart que le peuple se fiche bien de ce qu'Edward peut dire en tant que simple individu, mais il est un peu tard pour annuler, et de toute façon si Edward écoutait sa maman, on l'aurait su et on n'en serait pas là.

Alors que les jeux des princesses sont interrompus par leur gouvernante (je suppose qu'il s'agit de "Crawfie") qui les fait rejoindre leurs parents, Edward fait ses adieux.

En substance, il raconte au bon peuple qu'il lui était impossible de faire son job sans l'appui de sa bien-aimée et qu'il a décidé de rester avec la seconde et de filer le premier à son frangin, qui a déjà une petite famille et à qui il prête allégeance et souhaite bien du plaisir, car quoi de mieux quand on souffre de bégaiement et d'anxiété sociale que d'hériter d'une fonction qui consiste principalement à prononcer des discours en public et s'exhiber devant les foules.

Bien qu'elle ait été gardée à l'écart de la crise jusqu'à présent, Elizabeth sent tout de même que la promotion de son père n'est pas une cause de réjouissance, il faut dire que la tête que fait ce dernier vaut tous les discours. En tout cas les robes des gamines ne donnent toujours pas l'impression qu'on est en décembre, soit la baraque était très bien chauffée, soit Bertie et sa femme les ont élevées de manière plus spartiate que ce que l'Histoire a retenu.

Allégorie de la Liesse

Avant de poursuivre plus avant le résumé de l'épisode, il est quand même bon de mentionner un élément concernant le traitement du Duc de Windsor cette saison. Je fais partie des gens qui estiment que quand vient le moment de discuter d'une œuvre, il est plus pertinent de parler de ce qui s'y trouve plutôt que de ce qui n'y est pas et qu'on aimerait y voir. Néanmoins, ni cet épisode ni les suivants n'évoquent les sympathies nazies d'Edward, que l'on soupçonne tout de même fortement, encore aujourd'hui, de ne pas s'être contenté de trouver le fascisme cool et d'être allé rendre visite à Berlin à Hitler avant la guerre, mais d'avoir également fourni quelques renseignements à l'adversaire. Ces sympathies étaient également une cause d'inquiétude du gouvernement à son sujet, qui a pesé dans les manœuvres pour le faire renoncer au trône. D'où question légitime: pourquoi Peter Morgan n'en parle-t-il à aucun moment?

Une réponse simple mais peu satisfaisante serait "parce que ce n'est pas le sujet". Ce n'est pas très convaincant car certes, ce n'est pas le sujet, mais il n'était pas impossible de caser une allusion dans une conversation, comme pour les mariages des sœurs de Philip dans le premier épisode. C'est justement la réplique sur la famille de Philip qui me fait penser que si Morgan a fait l'impasse, ce n'est pas par frilosité vis-à-vis d'un sujet délicat: après tout, Edward est mort en 1972 alors que Philip est toujours vivant, il y a eu des émissions sur Edward et le nazisme sur de grosses chaînes télévisées britanniques, ce n'est pas tabou et il n'y a pas grand risque à mettre ça sur le tapis.

En repensant aux moments où on aurait pu très bien aborder la question dans l'épisode, j'ai alors remarqué que quand Edward était critiqué, on ne parlait pas nazisme, mais on ne parlait en fait de rien en dehors de l'abdication, ici uniquement causée par sa romance avec Wallis. Par exemple du fait qu'il avait arnaqué sa famille et le gouvernement en prétendant être sans le sou pour soutirer une rente alors qu'il avait un bon million sur son compte et était propriétaire de Balmoral et Sandringham qui lui ont été rachetés par George VI. Mon explication, qui vaut ce qu'elle vaut, est que Morgan a décidé de ne parler que de l'abdication à défaut d'autre chose afin de rester dans le thème du devoir opposé aux désirs personnels, qui ne cesse de diriger la vie d'Elizabeth. Ainsi Edward est placé en contrepoids au personnage principal, toute autre motivation derrière son abdication viendrait parasiter ce discours. C'est donc un choix de narration qui une fois compris se défend, mais j'ai été tout de même contente de lire une interview du scénariste indiquant qu'on parlerait du nazisme d'Edward en saison 2, les différences de considération pour leur fonction entre lui et Elizabeth ayant été traitées en saison 1, il n'y a plus d'excuse pour botter en touche.

Le générique nous apprend que l'épisode du jour est sobrement intitulé Windsor et on n'aura pas à patienter pour comprendre pourquoi, entre la visite du Duc de et le débat sur le nom que va prendre la dynastie maintenant qu'Elizabeth est reine.

De retour en 1952, Philip joue toujours les Valérie Damidot à Clarence House tandis que sa femme s'en va bosser à Buckingham. On pose une des sous-intrigues de l'épisode pour l'occasion: Philip, qui a été trimbalé toute son enfance entre divers oncles et tantes, ses parents étant indisponibles pour des raisons différentes (très défendables pour sa mère, nettement moins pour son père), est ravi d'avoir enfin son propre foyer qu'il peut retaper à son goût. Comme on sait qu'ils vont finir par habiter Buckingham Palace, on pressent le conflit qui pointe.

Il faut dire qu'on se débrouille pour ne pas filmer l'entrée de Buckingham de façon très accueillante, et si ce n'est pas la place qui manque, le tout est quand même lourdingue, mais bon, ce n'est pas comme si on comptait les envoyer dormir dans la cabane à outils, on ne va pas trop les plaindre non plus.

Une fois à destination, Elizabeth est accueillie par Tommy, que l'on peut considérer comme le maître des lieux, on gagnera du temps, et qui lui explique le programme de la journée, son job et le sens de la vie, ses compétences n'ont pas de limites.

En réalité, elle est surtout venue pour discuter des arrangements pour les funérailles de son père en compagnie de la Queen Mum et de la reine Mary. Se pose la question de l'endroit où placer le Duc de Windsor, Queen Mum n'étant pas jouasse à l'idée qu'il soit derrière elle à lui souffler sur la nuque. Elle ne lui pardonne pas d'avoir abandonné la Couronne pour refiler le fardeau à Bertie et Mary abonde dans son sens, considérant son fils aîné comme le meurtrier du cadet, rien de moins.

Ce jugement peut sembler bien excessif pour l'observateur extérieur, surtout un spectateur qui a vu dans les deux précédents épisodes un cancéreux fumer comme un pompier jusqu'à son dernier souffle. Il faut cependant prendre en compte que la relation entre le tabagisme et le cancer n'avait pas encore fait son chemin dans l'esprit des gens de l'époque, et même si c'était le cas, les deux reines auraient considéré que Bertie aurait moins fumé et aurait été plus robuste s'il n'avait pas subi le stress de la royauté, surtout en temps de guerre. Elles n'étaient peut-être pas aussi au fait que nous des dangers de la cigarette, mais elles étaient aux premières loges pour observer les tourments de leur époux ou fils.

L'ambiance s'annonce déjà chaleureuse, et pour enfoncer le clou, Queen Mum raconte à sa fille qu'en plus, tonton David et sa bourgeoise les ont affublés de petits surnoms, celui d'Elizabeth étant Shirley Temple (franchement, il y a pire).

Justement, puisque l'on parle de lui, le Duc de Windsor arrive de New York dans un grand paquebot, ce qui a mobilisé la presse mais aussi une foule importante. Cela me semble exagéré car s'il avait vendu du rêve quand il était Prince de Galles et que le grand public ne savait pas encore tous les soucis qu'il avait pu causer pendant la guerre, son aura ne devait plus être de taille à déplacer les masses. D'un autre côté, on trouve toujours des gens pour se presser voir la moindre célébrité, fut-elle célèbre pour de mauvaises raisons.

Je n'en ai pas encore parlé parce que le point nazi était à mes yeux prioritaire, mais le Duc de Windsor est joué par Alex Jennings. Ce dernier avait joué le prince Charles dans The Queen, déjà scénarisé par Peter Morgan, et actuellement il est aussi l'oncle Leopold dans Victoria, autant dire qu'il n'est pas dépaysé et sa performance est une de mes préférées de la série. Encore plus que Jared Harris qui a eu droit au moins à une ou deux nominations par-ci par-là, ce sera le grand oublié de la saison des récompenses, mais son interprétation est remarquable, il campe parfaitement un personnage souvent détestable (et parfois amusant malgré cet aspect détestable), et pathétique à l'occasion.

Une fois à terre, il livre une émouvante déclaration sur les raisons de son déplacement, quelle tristesse de revenir dans sa patrie en une si triste occasion, mais il doit être aux côtés de sa famille en ces heures sombres. Sortez les mouchoirs, envoyez les violons.

Sur ces bonnes paroles il s'engouffre dans une voiture et là, surprise, dans l'intimité d'avec lui-même à l'abri des regards, il n'a pas l'air si chagrin que cela, mais plutôt satisfait d'avoir encore une partie de la population dans la poche. S'il avait pu se faire pousser une aussi jolie moustache que celle d'Anthony Eden, il serait en train d'en tirer la pointe en grinçant un "eh, eh, eh" machiavélique. L'oncle faux-derche n°1 est dans la place.

Mais quand on est dans la place, on doit commencer par dire bonjour à sa mère, et là tonton David n'en mène pas large. La reine Mary avait déjà du mal à communiquer avec ses enfants quand elle avait de l'affection pour eux, autant dire qu'à présent, il ne faut pas s'attendre à des débordements de chaleur humaine.

À peine a-t-il prononcé quelques mots de condoléances que sa mère se lance dans un panégyrique du défunt qui lui sert surtout à mettre en relief tout ce que son fils ainé n'est pas.

"One can only be thankful for all the years one had him. So wonderfully thoughtful and caring. An angel to his mother, wife and children. I honestly believe he never thought of himself at all. He really was the perfect son".

À l'exception de la dernière phrase il ne s'agit pas d'une invention du scénariste, mais ces répliques proviennent en fait d'une lettre de la Queen Mum à sa belle-mère et non d'une conversation entre celle-ci et Edward. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.

Edward ne peut pas faire grand chose d'autre que de serrer les dents et attendre que ça passe, se faisant avertir au passage qu'il n'a pas intérêt à mentionner sa femme pendant son séjour et fin des émouvantes retrouvailles.

Il y en a un qui ne doit pas être déçu du voyage

De son côté, Elizabeth continue de se familiariser avec son nouveau job, toujours chaperonnée par Lascelles, qui lui montre comment se dépatouiller des boites rouges (encore au nom du roi).

Elizabeth a bien besoin d'un peu de préparation, car son premier entretien avec Churchill approche et elle stresse un peu.

Même si le temps qu'il met à s'extraire de la voiture lui laisse un délai pour se préparer psychologiquement, la reine est tout de même nerveuse et en plus se prend un briefing de Philip qui veut qu'elle impose d'entrée ses exigences: la famille restera vivre à Clarence House et leurs enfants prendront le nom de leur père.

Après quoi on a droit à une petite scénette mignonne avec Charles, et c'est là qu'on se rend compte que sa mère ne lui a pas accordé plus de dix secondes d'attention depuis que la série a débuté, ce qui annonce des lendemains qui chantent.

Évidemment, ces dernières semaines n'ont pas été très propices aux activités en famille et ce n'est pas parti pour changer maintenant qu'Elizabeth est dans le grand bain et doit s'entretenir des affaires de ce monde avec son premier ministre. Et ça ne part pas d'un très bon pied.

Lors du premier épisode, lorsque George VI avait reçu Churchill, cela avait été l'occasion d'apprendre que le PM mettait un point d'honneur à rester debout. Soit que Bertie ait omis d'en avertir sa fille, soit qu'elle ne s'en souvient plus, elle commet d'entrée un impair en lui proposant un siège et une camomille, et Churchill lui met les points sur les i: il n'existe pas de crise si grave qu'on ne puisse la régler en vingt minutes alors on ne perd pas son temps à prendre ses aises, la reine Victoria en a décidé ainsi et on ne va pas commencer à tout chambouler.

Il lui explique ensuite que son couronnement est organisé pour l'été 1953, soit dans plus d'un an, ce qui ne manque pas d'alerter Elizabeth, puisque son père n'avait eu un délai que de cinq mois entre son accession au trône et la cérémonie. L'inquiétude d'Elizabeth est une liberté prise avec l'Histoire pour les besoins de l'intrigue, puisque ce laps de temps n'a rien d'alarmant et est en fait standard, les préparatifs sont lourds et cela laisse de quoi se retourner en cas de problème, comme avec Edward VIII. S'il n'y a eu que cinq mois pour George VI, c'est simplement parce qu'il a maintenu la date prévue pour son frère.

Dans le cadre de l'épisode, on est néanmoins prié de croire que la situation est anormale, alors soit.

Elizabeth n'est pas la seule à avoir un oncle encombrant. Pendant qu'elle travaille, Philip reçoit un coup de fil de Lord Louis "Dickie" Mountbatten, l'oncle faux-derche n°2, qui a une ambition très simple: avoir une dynastie à son nom.

Ce qui parait tout à fait normal à Philip bien que celui-ci ait l'air d'avoir des motivations plus prosaïques: hors de toute considération monarchique, c'est lui le mâle, donc les marmots prennent son patronyme (en tout cas celui que son oncle lui a accordé en le prenant sous son aile) et pas celui de leur mère, c'est comme ça qu'on fait et puis c'est tout.

Le voilà donc déception quand sa femme lui annonce qu'elle n'a pas réglé la question avec Churchill lors de cette première réunion, à la place il a préféré parler de sujets secondaires comme le rationnement des vivres et le prix du sucre, et cette histoire de couronnement continue de la mettre mal à l'aise.

Les réjouissances continuent, puisque cette fois-ci Edward rend visite à sa belle-sœur et à ses nièces, dans une ambiance toujours aussi conviviale.

Ses tentatives de rabibochage sur le cadavre de son frère lui apportent au moins une promesse d'un repas avec Elizabeth, mais il n'est pas dupe sur le fait que ce n'était que pure politesse de sa part et qu'il est définitivement un paria, au point de s'en ouvrir à Peter Townsend, qu'il ne doit pas particulièrement connaître et qui n'en a probablement rien à cirer, mais j'imagine que de temps en temps Edward a besoin d'extérioriser.

"With this family, when you're in, you're never quite sure that you're in. But when you're out, there's no doubt at all. You're out."

Je pourrais presque le plaindre s'il ne s'agissait pas de lui, et s'il avait assumé ses choix plutôt que vouloir le beurre et l'argent du beurre.

Pour sa part, la Queen Mum a tenu bon pendant le thé mais le verni craque et alors que Margaret suggère qu'il faudrait peut-être pardonner, elle est trop bouleversée pour être d'humeur conciliante, et a suffisamment d'expérience des manières de tonton David pour se douter qu'il est là avant tout pour leur soutirer des sous afin de maintenir son train de vie et celui de son épouse. Cela aurait été une occasion pour parler des fautes du Duc de Windsor en dehors de la simple abdication, mais comme je l'ai mentionné plus haut, ce n'est pas le choix qui a été fait. En tout cas la Queen Mum n'entend pas se faire avoir et ménage une surprise à son beauf.

S'ensuit un montage alterné où Edward livre toute sa rancœur dans une lettre à Wallis en parallèle avec les funérailles de George VI.

"My dear darling Peaches They say hell is an inferno. What a sunless, frozen hell we both escaped in England. And what a bunch of ice-veined monsters my family are. How cold and thin-lipped, how dumpy and plain. How joyless and loveless. The way Cookie treated me looking down at me through her dumpy nose, it was as much as I could do not to let her have it with both barrels. And Shirley Temple, who has the rank now to silence her common mother, sadly, has no mind of her own. But I remained civil because I am following your advice to keep them on side, keep a foot in the door and see what we can get out of the wretched circus. Perhaps even a raise on the allowance, who knows? It's the only revenge I can think of for the insult of your non-invitation, to drain their coffers to our benefit. Thinking always of you and counting the minutes until I am back in your arms. Your loving David".

Tout cela est très vache mais fort bien écrit, on est généralement plus inspiré quand il s'agit de dire du mal, néanmoins, l'image de la Queen Mum en larmes quand Edward évoque la froideur de sa famille illustre bien qu'il n'est pas un narrateur des plus fiables.

En attendant, adieu George VI.

Pendant que tonton David persifle, tonton Dickie profite de la vie en organisant une partie de chasse sur son domaine, en compagnie d'Ernst Auguste de Hanovre, qui comme son nom l'indique est apparenté à la famille royale, ainsi qu'au Kaiser Guillaume II dont il a hérité de la pétoire adaptée à sa morphologie particulière.

Et comme en plus Dickie, qui n'est décidément pas aussi bonasse que dans Le Dernier Vice-Roi des Indes sait recevoir, on arrose de champagne un bon festin. Ce n'est pas parce qu'il y a un deuil national et que le peuple est encore rationné qu'on doit arrêter de s'amuser. Et pour faire bonne mesure, on lance un toast à la toute nouvelle dynastie des Mountbatten.

Ce qui trouble tout de même un peu Hanovre.

On retrouve Philip qui s'offre un moment père-fils avec Charles, qui est encore mignon mais déjà bien godiche puisque apparemment même shooter dans un ballon l'intimide.

Ils sont rejoint par Mike Parker, le secrétaire de Philip, qui en observant un avion survolant Buckingham confie son envie d'apprendre à piloter, voler l'a toujours attiré mais son oncle l'avait orienté vers la Navy, créneau plus porteur, et pour cause (ce serait bien si la saison 2 offrait un flash-back montrant comment Mountbatten a organisé la rencontre entre Philip et Elizabeth alors que la famille royale visitait Dartmouth où il était cadet).

Elizabeth regarde la scène avec attendrissement, mais encore une fois, elle bosse, elle, pas moyen d'aller folâtrer dans le jardin et taper un peu dans le cuir. D'autant que désormais, elle a une boite rien que pour elle plutôt que celle de papa.

Elle n'a toutefois pas oublié les conseils de ce dernier et puisque personne ne regarde, première chose qu'elle fait: retourner la pile de documents.

Pendant ce temps, Edward est retourné voir sa mère et cette fois-ci, il n'a pas l'intention de se faire remettre à sa place. Il est venu pour se plaindre et qu'on se le dise, il va se plaindre. Car il s'est rendu compte que sa belle-sœur lui a coupé la rente que George VI lui avait promise à condition qu'il se fasse profil bas (rendre visite à Hitler n'est pas l'idée que je me fais de garder profil bas mais Edward estime avoir rempli sa part du marché). D'après Edward, elle devait lui être versée jusqu'à sa mort à lui, mais Queen Mum a fait semblant de comprendre que c'était jusqu'à la mort de son mari, quel fâcheux malentendu.

On ne peut pas dire que Mary soit particulièrement convaincue que son fils aîné ait du mal à boucler les fins de mois, mais le bougre insiste.

"Oh, that it would appear insensitive for a member of the extended Royal family to be seen to be rewarded and live in luxury. Extended Royal family! I was the most senior member of that family. The King! Now, we barely make ends meet! Every day is a struggle".

"Cry me a river", a l'air de se dire la reine Mary, et on profite de la conversation pour découvrir qu'après Elizabeth surnommée Shirley Temple, la Queen Mum a été rebaptisée Cookie et Philip l'enfant trouvé. Ils sont interrompus par Ernst August de Hanovre qui est contrarié par le toast porté à la maison Mountbatten lors de son repas chez tonton Dickie.

La reine Mary, pour sa part, est d'abord contrariée d'apprendre que Mountbatten organise des parties de chasse alors que son fils est à peine dans la tombe, mais admet qu'on bouffe très bien à Broadlands, et les voilà qui s'échangent la recette du canard au rhum, ce qu'Edward ne trouve pas très palpitant, ça fait bien deux minutes qu'on ne lui accorde plus aucune attention.

On lui reconnaîtra au moins le mérite de recentrer le débat et je dois dire qu'Alex Jennings me fait beaucoup rire dans cette scène.

Du coup, Hanovre crache enfin sa valda et raconte qu'on a porté un toast à la dynastie Mountbatten, est-ce lui qui a manqué un épisode ou Windsor est toujours bien le nom du clan? Pour le coup, Mary et Edward trouvent enfin un terrain d'entente, pas question d'abandonner Windsor pour Mountbatten (d'autant que ce que la série ne précise pas, c'est que Mountbatten était très proche d'Edward jusqu'à l'abdication de ce dernier, après quoi il a décidé que son meilleur pote s'appelait désormais George VI. Edward n'a pas non plus apprécié que Mountbatten ne vienne pas à son mariage, tandis que celui-ci racontait n'avoir reçu aucune invitation. Bref, ça volait haut).

Ce qui passe encore moins que les complots dynastiques aux yeux de Mary, c'est qu'on ait pu s'envoyer du champagne le jour de l'enterrement de son fils.

Oups

Loin de ces considérations, Margaret rejoint Peter dans son bureau, car celui-ci a une nouvelle à lui annoncer: sa femme le quitte. La princesse y voit une opportunité, désormais ils ont le champ libre, mais Peter est moins optimiste, le divorce, même s'il n'est pas considéré comme la partie coupable, n'est toujours pas bien vu et pourrait être un obstacle à leur avenir. Sans dec' Maigret.

Ils sont interrompus par Philip venu demander à Peter, officier de la RAF et héros de la Bataille d'Angleterre, s'il ne pourrait pas lui donner des cours de pilotage. S'ensuit une scène de vaudeville avec Margaret planquée derrière les rideaux tandis que Peter tente de rester naturel.

Il part même dans un délire lyrique sur les sensations que procure le pilotage d'un avion, mais ça n'a pas du tout l'air de mettre la puce à l'oreille de Philip.

On grimpe encore d'un cran dans la gêne quand Philip, pourtant pas du genre à étaler ses sentiments, commence à raconter la poignante histoire de sa sœur préférée, morte dans un accident d'avion alors qu'elle était enceinte, ce qui est une anecdote étrange à caser quand on vient demander des leçons de pilotage. Comme il se rend compte qu'il a un peu plombé l'ambiance, Philip se rattrape donc en repérant le sac à main très féminin que Margaret a laissé traîné sur le bureau de Townsend.

"Alors comme ça coquinou, on reçoit des dames sur son lieu de travail? Mais cela ne me regarde pas..." Après avoir été bien lourdingue, Philip se décide enfin à partir et Margaret trouve tout ce qui vient de se passer très cocasse.

Philip peut bien rire, il ne sait pas encore que la reine Mary, la Queen Mum et Lascelles, en somme la vieille garde, informent Jock Colville, le secrétaire de Churchill, que le duc d'Edimbourg commence à poser problème avec ses velléités de transmettre le nom de Mountbatten à ses enfants.

Du coup, Churchill met le sujet sur le tapis lorsqu'il voit Elizabeth, on a du mal l'informer, elle ne compte quand même pas prendre ce nom-là?

En fait, cela doit bien l'arranger, Elizabeth, que la conversation porte enfin sur le sujet, et elle confirme qu'en effet elle compte bien prendre le nom de son mari, comme c'est l'usage. Churchill lui rappelle tout de même qu'à la base, le duc s'appelle Schleswig-Holstein-Sonderburg-Glucksburg, mais Elizabeth tient bon.

Pour faire bonne mesure, elle donne la première indication à son Premier Ministre qu'elle est moins candide qu'elle n'en a l'air. Le long délai avant son couronnement? Elle a parfaitement compris que la position de Churchill est fragile et que beaucoup au sein de son parti voudrait le voir prendre sa retraite, mais on ne pourra pas le virer durant les préparatifs: elle accepte donc d'attendre plus d'un an avant la cérémonie pour le laisser à son poste, et en échange, ses enfants prendront le nom de leur père et ils resterons vivre à Clarence House, Buckingham sera juste un lieu de travail.

Bien que comme signalé plus haut, cette histoire autour du couronnement est fantaisiste, c'est finement joué de la part de la reine et il était temps de la voir moins passive. Dommage que ce soit pour agréer aux désirs de Philip, mais le premier épisode ayant établi qu'elle avait insisté pour caser l'obéissance à son époux dans ses vœux de mariage, il aurait été encore plus fantaisiste de tenter de la faire passer pour la féministe qu'elle n'est pas.

Churchill bat en retraite et Elizabeth remporte la manche, mais pense un peu tôt avoir remporté le match, et annonce à Philip que c'est dans la poche. On comprend qu'elle soit contente d'elle-même après avoir rivé son clou à Churchill, tout le monde ne peut pas s'en vanter, mais s'il s'avouait si vite vaincu il n'encombrerait pas les livres d'Histoire et on ne se farcirait pas trois fictions historiques par an le mettant en scène.

Pour contrecarrer les plans de l'oncle faux-derche n°2, sa stratégie est d'utiliser l'oncle faux-derche n°1, et il invite donc Edward à un dîner aux chandelles. C'est l'occasion pour eux de se rappeler que Churchill était l'un des rares à soutenir Edward pendant la crise de l'abdication, et l'occasion de ne surtout pas se rappeler que durant la guerre Churchill et George VI ont envoyé Edward aux Bahamas voir s'ils y étaient, par crainte que les Nazis ne l'utilisent contre eux.

Les deux hommes concluent un marché: Edward convainc Elizabeth de garder le nom de Windsor et d'emménager à Buckingham, Churchill s'arrange pour qu'il touche à nouveau une rente.

Edward tente alors d'obtenir davantage, que sa femme reçoive enfin le titre d'altesse royale qui lui ferait tant plaisir. En résumé, aux yeux d'Edward et de Wallis, puisque lui est altesse royale et qu'ils sont légitimement mariés, elle devrait en être une aussi. Aux yeux du reste de la famille, et c'est ce qui a prévalu, il n'était pas question que quelqu'un comme elle, avec deux maris encore vivants, se voit accorder un tel honneur, d'autant que si elle peut être altesse royale, elle aurait aussi bien pu être reine et alors l'abdication n'a plus aucun sens.

Enfin, là, Churchill commence à trouver Edward trop gourmand et lui demande si vraiment cela vaut le coup de se battre encore pour cela, qu'elle peut être sa motivation.

"L'amooouuur" explique Edward ce qui fait peut-être vibrer la corde sensible chez ce vieux sentimental de Churchill mais je ne suis ni vieille, ni sentimentale, ni Churchill, donc permettez-moi de ricaner.

À propos du soutien de Churchill à Edward VIII en 1936, j'en ai d'ailleurs lu une bien bonne dans la correspondance de Tommy Lascelles: il raconte que Jock Colville, alors que Churchill était en fin de vie, lui avait demandé si, avec le recul, il aurait toujours défendu Edward si c'était à refaire. Churchill affirme aussitôt que oui, il faut aider le grand amour à s'accomplir plutôt que lui faire obstacle, blablabla. Colville lui dit que d'accord, mais est-ce que Churchill voyait Wallis Simpson reine? "Jamais de la vie", répond Churchill. Quelle vista.

On a alors droit à un montage alterné dont la série est décidément friande, mais on a beau mettre le Liebestod tiré du Tristan et Iseut de Wagner en fond sonore, il est tout de même moins convaincant que les autres. On voit donc en parallèle les couples Edward/Wallis, Margaret/Peter et Elizabeth/Philip se rejoindre et montrer chacun à leur manière leur amour, et je comprend l'idée de lancer des ponts entre les trois qui laissent leurs sentiments prendre le pas sur la raison, mais ça cloche un peu à mes yeux à cause de la représentation d'Edward et Wallis.

Pour le coup, ce n'est pas simplement mon opinion du couple qui joue, mais pour les jeunes, on montre le présent, alors que pour eux, c'est une espèce de flash-back sépia qui donne l'impression que c'est fantasmé (et pourquoi pas) mais c'est décalé par rapport au reste et donne une touche profondément kitsch à la scène.

Je vais avoir besoin d'une cuvette

Heureusement, on ne reste pas sur cette image et le lendemain a lieu le lunch qu'avait proposé le duc un peu plus tôt dans le séjour et qu'Elizabeth avait poliment accepté. Edward connait tout de même bien sa nièce et sait briser la glace en commençant par orienter la conversation sur les clébards.

Inutile de préciser qu'Elizabeth est team Corgis et comme son oncle est team Carlins, elle ne se gêne pas pour dire le mal qu'elle pense de ces bestioles qui jappent bizarrement quand ils ne sont pas occupés à dormir ou péter. Ça ne part pas d'un bon pied, mais enfin, les voilà lancés et du coup, Elizabeth ne s'arrête pas là.

Elle confronte son oncle au sujet du surnom qu'il lui a collé, et exige des excuses pour l'avoir placée dans la position où elle est aujourd'hui, car elle aurait préféré mener sa vie loin des projecteurs.

Tonton David s'aplatit sur tous les tableaux, il est même possible qu'il soit sincère sur le moment bien qu'il n'ait jamais trop donné l'impression de saisir la mesure que ses actions pouvaient avoir sur les autres mais why not. Du coup, Elizabeth est suffisamment apaisée pour lui demander conseil, ce qui est hautement improbable.

Elle n'était sans doute pas la plus intransigeante vis-à-vis de son oncle, sa mère était beaucoup plus remontée et au moment de l'abdication, elle était jeune et ses parents avaient essayé de la garder éloignée de la crise, mais avec les années, en dehors de la perspective d'hériter du trône, elle avait trop vu les soucis que la charge causait à son père pour être conciliante et surtout voir en Edward un conseiller potentiel. Néanmoins, dans le cadre d'une fiction, je vois ce que l'on essaie de faire: malgré tout ses défauts et le fait qu'il ait déserté son poste, Edward est le seul de son entourage à avoir été dans sa position et pas seulement proche comme sa mère ou sa grand-mère. Donc, même en tant que contre-exemple, je peux comprendre qu'ils aient une relation particulière qu'Elizabeth ne peut avoir avec d'autres.

Il faut reconnaître que tonton David a l'air réellement touché, mais c'est aussi une trop belle occasion de remplir la part du marché passé avec Churchill pour qu'il la laisse filer. Il y a une rente à la clé! Et au nom de la stabilité, il lui enjoint de garder le nom de Windsor et de s'installer à Buckingham.

Elizabeth doit donc annoncer à Philip qu'elle a rétropédalé et que finalement, on fera comme le gouvernement le désire. Monsieur, qui était tout content à l'idée de prendre sa première leçon de pilotage bientôt, apprécie peu, et l'on a donc droit à la première, mais pas la dernière, scène de jérémiades sur le thème de "j'ai tout abandonné pour toi et on ne me laisse aucune consolation, je suis le seul homme du pays à ne pas transmettre mon nom à mes enfants, blabla..."

On serait un peu plus ému par ses sacrifices si ceux-ci n'avaient pas été pendant des lustres considérés comme allant de soi quand les rôles sont inversés.

Vous vous souvenez quand à la fin de l'épisode 1 il affirmait à George VI avoir parfaitement compris le discours de ce dernier sur le fait que son job était sa femme et rien d'autre? Pas lui, de toute évidence. Mais de toute façon, il n'a pas le choix, et on conclut donc, vous avez deviné, sur un nouveau montage alterné ponctué d'une musique dramatique.

Elizabeth, Philip, Charles et Anne emménagent donc dans leur modeste cahutte.

Le nom de Windsor est officiellement maintenu.

La première tentative de la reine de s'imposer face à son Premier Ministre est un échec et les Mountbatten l'ont dans l'os, mais il y en a au moins un qui est content.

Après avoir salué ses groupies, Edward rentre à New York. Même s'il ne rapporte pas à bobonne le titre d'altesse royale qu'elle convoite, il a au moins l'assurance de continuer de vivre dans le luxe sans lever le petit doigt, ça valait le coup de se déplacer pour l'enterrement du petit frère.

Mis à part le traitement très incomplet de la relation entre Edward et Wallis et des motivations derrière l'abdication et le rejet de sa famille à son égard, même s'il est compréhensible pour les besoins de l'histoire à ce stade, le niveau reste toujours aussi constant et on continue de dérouler tranquillement, avec une première opposition frontale entre les désirs de Philip et les réactions de sa belle-famille et du gouvernement, une reine qui démontre déjà qu'elle est capable de manœuvrer mais encore inexpérimentée, et un Edward qui sert de reflet inversé de celle-ci.

Le Point Corgi: après le néant de l'épisode précédent, on tape fort d'entrée avec plusieurs corgis qui gambadent en compagnie des princesses.

Attention pour le prochain épisode, alerte pollution!
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 20 Septembre 2017, 11:41bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".