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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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The Crown, saison 1 épisode 2: Hyde Park Corner
Lors de leur grand tour du Commonwealth, Elizabeth et Philip font une première étape au Kenya. Pendant ce temps à Londres, le gouvernement doute de plus en plus des capacités de Churchill à mener les affaires du pays.

Nous voilà au deuxième épisode, qui dure un peu plus d'une heure. Le programme est donc plutôt chargé, mine de rien, alors qu'a priori le fond est simple: attention spoiler, c'est le terminus pour George VI. Mais ce n'est pas non plus pour tout de suite.

L'épisode s'ouvre sur l'arrivée d'Elizabeth, encore princesse, et de son mari à Nairobi. Peter Morgan a donc décidé de zapper la scène d'adieu à l'aéroport qui aurait sans doute été très émouvante avec une Elizabeth qui ne sait pas encore que c'est la dernière fois qu'elle voit son père mais ce n'est peut-être pas plus mal d'entrer directement dans le vif du sujet et de repousser l'émotion en deuxième partie.

Elizabeth se fend donc d'un petit discours à l'assemblée composée de la population locale et de colons, le Kenya n'étant devenu indépendant qu'en 1963. Petit discours sans surprise bien colonialiste, du style "avant cet endroit était totalement sauvage, maintenant grâce à nous c'est un centre dynamique mais tout le monde participe, n'est-ce pas formidable." Les pouvoirs d'oratrice d'Elizabeth ou la teneur du speech attirent d'ailleurs quelques applaudissement polis d'une partie de l'assistance mais on ne peut pas dire que l'enthousiasme soulève les foules, allez savoir pourquoi.

Après quoi le gouverneur du cru présente à Elizabeth les dignitaires kényans, dont le soutien est important alors que l'agitation monte dans la région. On se souvient que dans le premier épisode, cela n'emballait guère Philip d'accompagner sa femme en voyage et de se barber lors de cérémonies et présentations diverses et variées et quand Philip se barbe lors de cérémonies et présentations diverses et variées, il commence à faire ce pour quoi il est peut-être le mieux connu du public: sortir ce qui lui passe par la tête. L'ennui est que ce qui lui passe par la tête n'est pas toujours bien joli quand ce n'est pas carrément raciste.

Le voilà donc qui commence à plaisanter sur la légitimité de la Victoria Cross d'un des chefs avant de faire une remarque sur le "chapeau" de son voisin. Chapeau qui comme le lui explique une Elizabeth très gênée, est en fait une couronne.

Courage cocotte, tu en a pris pour 70 ans à ce tarif

Bref, on ne peut pas dire que le duc et la duchesse d'Edimbourg auront fait une excellente impression et ils viennent à peine de descendre de l'avion ça commence bien, ce n'était que le pré-générique.

Celui-ci nous dévoile que l'épisode du jour s'appelle Hyde Park Corner, qui est le nom d'une station de métro londonienne. Autant l'annoncer de suite, on verra des personnages en avion, en train, et en voiture mais personne ne prendra le métro. Mystère, mystère.

On retourne à Londres pour retrouver Bertie en compagnie de son médecin, auquel il affirme se sentir comme neuf, avant de lui demander s'il peut partir à Sandringham, la résidence d'hiver de la famille royale et accessoirement lieu de naissance du roi, pour prendre un peu l'air. Permission accordée.

Toujours à Londres mais au 10 Downing Street cette fois, Winston Churchill est en plein travail. Dans son bain avec un cigare et un verre de whisky mais au travail tout de même, puisqu'il convoque Venetia Scott, la nouvelle secrétaire, pour lui lire le contenu de sa boite rouge.

La pauvre Venetia doit donc faire la lecture de ses papelards à travers la porte de la salle de bain avec les éclaboussures et le clebs qui s'en mêle, dans une position peu confortable, ce qui ne dérange pas Winston: il a vaincu Hitler ce qui apparemment lui donne droit à toutes les excentricités (comme s'il s'en privait avant).

On coupe sur le conseil des ministres où l'on cause des graves affaires du monde, mais Churchill n'y est pas tout à fait. Il roupille même pas mal, avant de devoir s'esquiver rapidement.

Eh oui, Churchill aussi avait des besoins pressants.

Le reste de l'assistance, pour qui ce n'est visiblement pas un événement exceptionnel, est à bout de patience et Lord Salisbury s'en fait le porte-parole en exhortant Anthony Eden de faire quelque chose. Churchill n'écoutera personne lui conseillant de démissionner du fait de son grand-âge, à moins que la suggestion ne vienne de la seule personne au-dessus de lui (j'avoue que je ne sais trop que penser de la caractérisation d'Eden dans cet épisode, par moment on a l'impression que Salisbury et les autres le poussent à se mettre en avant et il en a l'air très gêné, à d'autres ses dents rayent le parquet).

Bref retour au Kenya où Elizabeth et Philip sont arrivés dans un charmant hôtel et discutent d'un safari à faire le lendemain. Et le malaise continue.

Cette fois-ci, Philip essaie de détendre l'atmosphère en insistant auprès des domestiques qui leur servent le repas qu'il n'est pas nécessaire de faire tant de manières, en fait ils sont de vrais sauvages et mangent avec leurs doigts. Ce que son épouse à l'air de trouver hilarant (oui, elle était aussi attirée par son sens de l'humour).

Hi hi hi hi hi

Pendant ce temps le reste de la smala Windsor a rejoint Sandringham pour une partie de chasse, et Margaret et Peter Townsend qui sont restés un peu en arrière en profitent pour flirter discrètement en plein milieu d'un hall où se croisent tous les domestiques, et dont on a une vue imprenable de l'étage.

Revoilà notre vieil ami Tommy Lascelles, que cette vision emplit de liesse

Alors que George VI occupe les derniers jours de sa vie à abréger celle de tous les piafs du domaine, Eden vient l'entretenir du problème Churchill, qui est complètement dépassé et plus en état de diriger le pays. Bertie est attentif à ses paroles, mais ne voit pas très bien ce qu'il peut y faire.

L'argument d'Eden est que certes, en tant que roi, son pouvoir est limité, mais Churchill pourrait néanmoins être sensible aux paroles d'Albert Windsor, son ami. C'est subtil mais Churchill n'était pas spécialement proche d'Albert avant qu'il ne devienne George VI et son respect pour la monarchie était sans doute plus grand que pour un membre quelconque de la famille royale. Cela importe peu car Bertie, incertain qu'Eden parle pour le bien commun et non le sien propre, est bien décidé à ne pas s'en mêler, et il sort un argument encore plus imparable.

Albert Windsor adorerait dire à son ami Winston de goûter une retraite méritée, mais pas de bol, Albert Windsor est mort, assassiné quand son frère a abdiqué. Ne reste que George VI à qui il ne viendrait pas à l'esprit d'abuser de ses prérogatives royales, et qui ne s'en mêlera donc pas.

C'est la première fois que l'abdication d'Edward VIII est évoquée dans la série et cela peut sembler mélodramatique présenté ainsi, mais du point de vue des Windsor ça a vraiment été un traumatisme, en particulier pour George VI qui n'était pas du tout préparé à reprendre le flambeau, qui avait une sainte terreur des apparitions publiques, et pas vraiment à la période la plus paisible pour le royaume. On aura l'occasion d'y revenir.

En attendant, histoire d'enfoncer le clou, George VI fait ensuite un laïus à Eden sur les vertus de la patience. Il finira bien par accéder au pouvoir mais il est inutile de forcer le cours des événements et d'arriver trop tôt aux plus hautes fonctions sans y être totalement prêt, il est bien placé pour le savoir. Après quoi il monte dans sa jeep, plante Eden en pleine cambrousse, qui n'aura qu'à rentrer à pinces.

Bon, dans le fond Eden et ses comparses n'ont pas tort de s'inquiéter du comportement de Churchill, mais comme cette scène a été jouée sur le mode dents qui rayent le parquet et moustache tirée de manière diabolique, c'est rigolo de le voir remis à sa place.

Au Kenya, le couple princier est donc parti en safari et doit passer la nuit en pleine nature dans un hôtel en haut d'un arbre adéquatement nommé Treetops. Le premier contact avec la faune manque de mal tourner en arrivant à destination, la faute à un éléphant ombrageux.

J'ignore si l'anecdote est avérée ou si c'est un délire de Morgan, mais cela donne à Philip l'occasion de jouer les héros, concentrant sur lui l'attention de l'éléphant tandis que sa femme monte en sécurité dans l'hôtel. Ce serait juste une scène un brin ridicule prise toute seule, mais au regard de ce qui va suivre, cela offre un joli contraste avec ce que deviendra l'existence de Philip, incapable de prendre une initiative un brin casse-cou sans que cela ne devienne une affaire d'état.

La visite d'État de la princesse Elizabeth auprès de Babar ne vire donc pas au drame et Lilibet est tout à fait sous le charme de son viril époux. C'est donc d'humeur optimiste qu'elle lui confie le soir-même que puisque son père va mieux, il les autorisera peut-être à retourner à Malte où Philip pourrait reprendre sa carrière d'officier de marine, elle compte d'ailleurs lui écrire dès qu'ils seront revenus à leur chambre d'hôtel à Nairobi (ô, ironie du sort, je ne te sens pas du tout venir!).

Ensuite le couple regarde une version live d'un reportage animalier de France 5 et hop, au lit!

Le lendemain à Sandringham, George VI poursuit sa partie de chasse, mais cette fois-ci il est rejoint pas sa fille cadette, ce qui est enfin l'occasion, et il était largement temps car il n'en reste plus beaucoup, de les voir ensemble. Le premier épisode mettait justement l'accent sur la relation entre Elizabeth et son père, mais il était tout aussi proche de Margaret.

Le soir venu après une bonne partie de chasse, ils se lancent dans une vibrante interprétation de Bewitched, Bothered and Bewildered et je ne suis toujours pas certaine qu'on puisse tenir la note avec un seule poumon, mais ce n'est pas non plus comme si on faisait passer le roi pour Pavarotti. Enfin, ce qui est intéressant dans cette scène, c'est qu'elle pourrait passer pour une petite scène intime entre un père et sa fille jusqu'à ce que la caméra se déplace et que le plan s'élargisse, révélant que le reste de la cour n'en perd pas une miette.

Ce qui donne l'impression que tout n'est que mise en scène et que les membres de la famille sont en représentation quasi-permanente, même quand les sentiments sont réels, la complicité entre Bertie et Margaret n'ayant rien de feinte.

Quoiqu'il en soit, après cette agréable journée, George VI se retire dans ses appartements, et avant de se coucher, non sans accompagner le tout d'une cigarette, regarde un bulletin d'information à la télévision montrant l'arrivée de sa fille ainée au Kenya.

Et hors flash-backs, ce sera la dernière fois que nous verrons le personnage vivant. La série est consacrée au règne d'Elizabeth II, ce n'est donc pas une surprise de voir son père tirer sa révérence tôt dans la saison (au départ je pensais d'ailleurs qu'il allait mourir dans le courant du premier épisode) mais Jared Harris a livré une si bonne performance qu'il est difficile de se résoudre à le voir disparaître.

Comme dans Wolferton Splash, une nouvelle aube se lève sur Sandringham au son de la cornemuse, mais cette fois-ci, pas de toux sanglante et de première cigarette, ni de partie de chasse au canard. Quand le valet de Bertie arrive, c'est pour le trouver mort dans son lit.

La nouvelle ne tarde pas à se répandre (encore une fois accompagnée de la musique Duck Shoot qui va resservir dès que quelque chose d'un peu intense se passe). Panique totale de la désormais veuve de George VI qui court dans le couloir en chemise de nuit, tandis que Margaret a l'air d'avoir du mal à accepter ce qu'elle vient d'apprendre.

Choc maîtrisé de la part de la reine Mary, mais choc tout de même. C'est déjà le troisième fils auquel elle survit, puisque les deux plus jeunes, John et George, sont morts en 1919 et 1942.

Malgré la détresse, on n'oublie cependant pas les usages et la bannière royale est immédiatement retirée du mat puisqu'elle a pour fonction d'indiquer la présence du monarque dans la demeure, et le monarque est à présent au Kenya.

Enfin, la mort du roi est discrètement annoncée par Lascelles à Churchill qui intime l'ordre d'appeler le Secrétaire aux Affaires étrangères et de simplement lui dire Hyde Park Corner, il comprendra. D'où le titre de l'épisode (pour info, on sait déjà que le code pour annoncer la mort d'Elizabeth II est "London Bridge is down" ce qui semble un peu moins subtil).

L'ennui c'est que tandis que l'annonce de la mort du roi se répand, Elizabeth est toujours injoignable. Après une nuit idyllique à Treetops, elle est sur le chemin du retour pour Nairobi, mais le moteur de la jeep fait des siennes. Ce qui est surtout l'occasion de caser l'information sur le passé de mécanicienne de la reine pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Entre The Queen et cette scène, je soupçonne Morgan d'écrire des passages où la jeep d'Elizabeth cale rien que pour pouvoir placer ce petit point culture.

La BBC ne peut éternellement retenir son flash-info le temps que la reine soit prévenue, d'autant qu'à l'étranger on commence déjà à lancer des bulletins spéciaux. C'est donc la valse des annonces radio qui s'enclenche.

Encore inconscient de ce qui se trame, Martin Charteris est en train de mettre au point la suite du programme pour le voyage d'Elizabeth, dans ce qui semble être un hall d'hôtel intégralement peuplé de journalistes.

C'est l'un d'eux, appelé au téléphone, qui apprendra donc le premier la nouvelle.

Après quoi il allume la radio, et voyant Charteris partir en catastrophe, comprend que la première concernée n'est toujours pas au courant. Du coup tout ce beau monde se précipite vers son hôtel dans l'espoir de capter une première réaction.

Charteris est donc l'heureux élu chargé d'apporter la funeste nouvelle, mais il n'ose finalement pas le dire à Elizabeth, occupée à écrire à son père.

Il se rabat donc sur Philip qui faisait tranquillement la sieste dans son hamac, mais qui une fois qu'il a réussi à émerger, comprend vite que quelque chose cloche.

Et Elizabeth également quand elle arrive un peu plus tard dans le jardin (toujours avec la lettre pour son papa, tu la sens l'ironie tragique?)et qu'elle voit l'air de cocker abattu de son époux.

En cuisine, on n'en mène pas large non plus.

Cela peut sembler incongru de voir des Kenyans à ce point effondrés alors que l'Indépendance devait déjà faire son chemin dans les esprits, mais que ce soit en Grande-Bretagne ou dans le reste du Commonwealth, on ne voit quasiment que des personnages entourant la famille royale, même quand il s'agit de gens du peuple, du coup on n'a pas pour contrebalancer les opinions de gens qui ne se déplaceraient pas de leur table à la fenêtre pour regarder la reine passer. Pas étonnant dans une série qui s'appelle The Crown bien que cela puisse du coup paraître trop partial, mais pas totalement injustifié. Je suppose également qu'au fur et à mesure des saisons, on devra voir les protagonistes de plus en plus confrontés aux réactions d'un peuple qui demandera davantage de comptes.

À Sandringham, c'est au tour de Margaret d'exprimer sa détresse, tout d'abord en débarquant dans la chambre de son père alors qu'il est en train de se faire embaumer (entre la pneumonectomie de l'épisode 1 et ça, on lui aura tout fait à ce pauvre Bertie). Cette fois inutile de faire dans le déni, son père adoré et qui lui passait tous ses caprices est mort et bien mort.

À l'issue d'une folle chevauchée d'un grand romantisme elle s'en va rejoindre Peter Townsend qu'elle craint de voir éloigné d'elle à présent que l'homme dont il était l'écuyer n'est plus de ce monde et il la rassure comme il peut.

On retourne une dernière fois à Nairobi où Charteris continue d'apporter les bonnes nouvelles: petit problème, il n'y a pas de tenue de deuil dans les bagages d'Elizabeth, une fois à Londres elle devra donc attendre dans l'avion qu'on lui en apporte une avant de descendre.

Deuxième point il serait bon qu'elle choisisse un nom pour son règne, suggestion qui semble étonner Elizabeth, qui estime que le sien conviendra. Il est assez peu vraisemblable qu'Elizabeth soit désarçonnée par cette interrogation puisqu'elle est bien placée pour savoir qu'un monarque ne prend pas toujours son premier prénom pour régner, son père Albert ayant opté pour celui de George, il ne s'agissait que d'un moyen un peu artificiel d'amener l'information au spectateur peu au fait des usages. On va mettre cette ignorance sur le compte du choc et de la fatigue.

"Longue vie à la reine Elizabeth!" proclame donc Charteris et il ne s'imagine probablement pas à quel point elle sera longue.

C'est ensuite l'heure du départ, et les journalistes, qui se pressent à la porte, sont finalement pris de scrupules au moment de mitrailler le couple royal. Encore un élément posé là pour être amené à évoluer.

Enfin, alors qu'elle fait route vers l'aéroport, Elizabeth croise le regard du chef que Philip avait insulté à son arrivée au Kenya, et je ne sais comment interpréter cette séquence, je l'avoue. Respect à la nouvelle tête du Commonwealth? Reconnaissance d'un monarque vis-à-vis d'un autre? Je sèche.

À Londres, c'est au tour de Churchill d'être tourmenté. Il doit se colleter à l'éloge funèbre de George VI, et il a intérêt à ce qu'il soit impeccable car il est bien conscient qu'on ne le loupera pas dans le cas contraire. Sa femme lui apprend alors qu'Eden était allé voir le roi peu de temps avant sa mort, ce qui ne rassure pas Churchill, même s'il ne peut croire que George VI l'aurait lâché.

Pendant qu'il peaufine son discours, son absence est remarquée à la réunion du gouvernement qu'Anthony Eden est donc chargé de présider.

C'est alors que Lord Salisbury suggère que puisqu'il remplit le rôle de Churchill, il peut aussi bien s'asseoir dans le fauteuil de Churchill, et l'assemblée d'acquiescer.

Et comme décidément dans cet épisode, c'est vraiment une scène sur deux en ce qui concerne Eden, il est tout gêné, non vraiment ce serait déplacé, allons, allons les gars, jusqu'à ce qu'on tire carrément le fauteuil pour qu'il s'y mette, et ça m'a rappelé un épisode de Kaamelott où Lancelot présidait une réunion de la Table Ronde en l’absence d'Arthur et en profitait pour mettre ses fesses sur le trône.

Dans l'avion ramenant Elizabeth en Angleterre, Charteris, qui ne se repose jamais, déballe la dernière mauvaise nouvelle: il a été ravi d'être secrétaire particulier de la princesse Elizabeth, mais il n'a pas assez d'ancienneté pour être le secrétaire particulier de la reine Elizabeth. C'est Tommy Lascelles qui continuera de remplir cette fonction qu'il occupait auprès de George VI.

Voilà qui attriste Elizabeth, mais désole Philip encore plus car Charteris était un allié, alors que Lascelles, c'est la vieille garde, le gardien des traditions, et il sent bien qu'il va chercher à étouffer dans l’œuf toute tentative de moderniser l'institution.

Jusque-là, on ne l'avait vu que très brièvement et en fait, il n'était même pas nommé mais enfin, on va avoir l'occasion d'observer Lascelles en action. Et j'avais oublié de préciser qu'il était incarné par Pip Torrens, qu'on a forcément croisé dans une série ou un film britannique, de Doctor Who à Easy Virtue, et le bougre attaque direct en convoquant Peter Townsend dans son bureau.

Puisque son employeur est mort, plus rien ne retient Peter à la cour et Lascelles est certain qu'il a hâte de retrouver sa famille et sa carrière d'officier de la RAF. La Queen Mum, en remerciement de ses loyaux services lui offre une place de contrôleur de sa maisonnée, mais Lascelles est certain que Peter va décliner puisque rien ne le retient plus. Mais voilà, Townsend entend bien accepter, et Lascelles devient donc plus direct.

Si Townsend s'imagine que personne n'a remarqué son manège avec Margaret, il s'illusionne et s'il a deux sous de jugeote, il s'éloignerait vite avant de provoquer un scandale. Townsend n'a peut-être pas de jugeote, mais il ne se laisse pas non plus facilement impressionner et c'est décidé, il reste.

Ça ne peut que bien se passer entre ces deux-là désormais.

De son côté, Elizabeth est enfin arrivée à Londres, où ce qui est désormais son gouvernement l'attend en grande tenue.

Lascelles est aussi de la partie, puisqu'il amène la robe de deuil d'Elizabeth, non sans une vérification de dernière minute au cas où on aurait confondu celle-ci avec un costume de clown, on ne sait jamais (je sens que ça devait être le genre de type à côté de qui on avait toujours l'air incompétent).

Et après avoir sèchement fait comprendre à Charteris qu'il pouvait désormais rentrer chez lui, il remet également à Elizabeth une lettre de sa grand-mère Mary.

Alors qu'on lui fait revêtir sa robe comme s'il s'agissait d'une armure, Elizabeth prend connaissance de la lettre en question, qui est plus ou moins le programme du reste de la saison, et probablement de la série.

"Dearest Lilibet, I know how you loved your papa, my son. And I know you will be as devastated as I am by this loss. But you must put those sentiments to one side now, for duty calls. The grief for your father's death will be felt far and wide. Your people will need your strength and leadership. I have seen three great monarchies brought down through their failure to separate personal indulgences from duty. You must not allow yourself to make similar mistakes. And while you mourn your father, you must also mourn someone else. Elizabeth Mountbatten. For she has now been replaced by another person, Elizabeth Regina. The two Elizabeths will frequently be in conflict with one another. The fact is, the Crown must win. Must always win."

Comme Albert Windsor est mort pour être remplacé par George VI, Elizabeth Mountbatten est désormais la reine Elizabeth et devra toujours faire passer la couronne avant le reste. Je suppose que les trois grandes monarchies qu'évoque la reine Mary sont les dynasties des Hohenzollern, des Romanov et des Habsbourg-Lorraine qui n'ont pas passé le cap de la Première Guerre Mondiale.

Le changement de statut se fait sentir avant même qu'elle ne descende de l'avion, quand Lascelles empêche Philip de l'accompagner.

Désormais ce sera toujours deux bons pas derrière, en tout cas en public (vu comme il se presse de lui emboiter le pas j'ai quand même cru qu'il allait la coller tel Michel Taupin avec les Bourdelles et l'aviateur anglais quand ils cherchent à s'échapper de la Kommandantur dans Papy fait de la Résistance. On a les références qu'on peut).

On en arrive à la fin de l'épisode, et comme pour le précédent, on nous offre un joli montage alterné, entre Downing Street et Sandringham, où se rendent Elizabeth et Philip.

Churchill est au micro prêt à délivrer l'éloge funèbre à George VI sur lequel il séchait quelques scènes auparavant pendant que son gouvernement est réuni non loin, tout oreilles.

Sans surprise puisque lors de sa précédente apparition il était tout gêné, ce coup-ci Eden frisotte de la moustache avec les regards en biais à ses voisins du gars qui s'attend à voir son rival se planter (ou alors j'interprète tout de travers depuis le début, ce n'est pas impossible,mais je ne comprend pas comment Jeremy Northam, qui n'est pas un mauvais acteur, loin s'en faut, passe ainsi de l'un à l'autre alors que je suis certaine qu'il pourrait mêler subtilement les deux sentiments).

Alors que le couple royal arrive enfin à destination, on a droit à une belle interprétation par Lithgow du discours de Churchill, abrégé pour les besoins du montage et du rythme, puisque le bestiau d'origine dépassait le quart d'heure.

"When the death of the King was announced to us yesterday morning, there struck a deep and somber note in our lives, which resounded far and wide, stilled the clatter and traffic of 20th century life, and made countless millions of human beings around the world pause and look around them. The King was greatly loved by all his peoples. The greatest shocks ever felt by this island fell upon us in his reign. Never, in our long history were we exposed to greater perils of invasion and destruction. The late King, who assumed the heavy burden of the Crown when he succeeded his brother, lived through every minute of this struggle with a heart that never quavered and a spirit undaunted. In the end, death came as a friend. And after a happy day of sunshine and sport, and after a goodnight to those who loved him best, he fell asleep, as every man or woman who strives to fear God and nothing else in the world, may hope to do."

Ce n'est peut-être pas le discours le plus connu du monsieur mais tout de même, il a une certaine allure.

Elizabeth, pour sa part, se trouve enfin face à la dépouille de son père, et enfin seule, peut se laisser à exprimer son émotion, tout en faisant preuve d'une parfaite maîtrise d'elle-même, étant données les circonstances.

Après ce très bref moment d'intimité, elle reçoit une nouvelle preuve du changement qui vient de s'opérer quand sa mère puis sa sœur lui font la révérence.

Tout comme Philip, Margaret devra s'habituer à marcher derrière la sœur avec qui elle a passé toute son enfance.

Le dernier clou dans le cercueil d'Elizabeth Mountbatten va être planté par la reine Mary. Le meilleur moyen de faire ressentir ce qui tombe sur les épaules d'Elizabeth? Filmer ça comme un film d'horreur. Et Mary en grand deuil a l'air tout droit sortie de The Woman in Black

De son côté, après avoir fait l'éloge de George VI, Churchill introduit la nouvelle reine avec toujours autant de verve.

"Now, I must leave the treasures of the past and turn to the future. Famous have been the reigns of our queens. Some of the greatest periods in our history have unfolded under their scepters. Queen Elizabeth II, like her namesake, Queen Elizabeth I, did not pass her childhood in any certain expectation of the Crown. This new Elizabethan age comes at a time when mankind stands uncertainly poised Wait. on the edge of catastrophe. I, whose youth was passed in the august, unchallenged and tranquil glories of the Victorian era, may well feel the thrill in invoking once more the prayer and the anthem, God Save the Queen."

Ce morceau d'art oratoire laisse Eden tétanisé, réalisant qu'il a peut-être enterré le Vieux Lion un peu vite (ça me semble un brin exagéré qu'il puisse imaginer Churchill à la masse au point de ne plus pouvoir prononcer un discours de grande classe mais la séquence est suffisamment réussie pour qu'on ne chipote pas).

Le reste du gouvernement est en revanche totalement en transe quand vient le moment de dire God save the Queen

La Queen en question se retrouve quand à elle face à mère-grand, qui s'incline à son tour devant elle et il n'y a pas plus sinistre et terrifiant que ce passage dans toute la série.

Fin d'un épisode riche en émotion, qui marque une étape décisive puisque l'on plonge dans le règne d'Elizabeth II pour de bon et qu'on développe les principaux axes de la saison: le conflit entre Elizabeth la femme et Elizabeth la reine, entre la romance de Margaret et Peter et les institutions, entre Churchill et le gouvernement. On se débrouille pour donner une image assez peu flatteuse bien que très soft de l'attitude colonialiste de l'époque et malgré mes réserves sur la caractérisation en dents de scie d'Anthony Eden, c'est toujours très solide. Gros point noir tout de même =>

Le Point Corgi: rien. Pas une truffe aperçue furtivement dans un plan, pas même un jappement hors champs. Il y a intérêt à vite se rattraper. Pour les plus curieux, l'intégralité du discours de Churchill:

Dans le prochaine épisode, nous parlerons de nom de famille et on recevra la visite du Prince Charmless.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 13 Septembre 2017, 23:03bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".