Après leur défaite lors de la Bataille du Hayholt, les Norns battent en retraite vers leur fief tout au nord du continent, avec une cargaison précieuse. Sur leurs talons, le duc Isgrimnur dirige une armée, chargé par le nouveau roi de veiller à ce que les "Renards Blancs" ne soient plus jamais une menace.

Ah, L'Arcane des Épées de Tad Williams! Un classique de la fantasy épique qui aura tout de même inspiré un certain G.R.R Martin pour son Trône de Fer. La saga se bouclait de façon tout à fait satisfaisante mais l'on pouvait espérer que l'auteur y reviendrait un jour, ne serait-ce que pour explorer le destin des enfants de Josua. On aura été exhaussé puisque après des années d'attente, Williams a de nouveau trouver une histoire à raconter dont on découvrira le premier tome l'été prochain. Histoire de se remettre en appétit, il nous permet de patienter avec un court roman se déroulant immédiatement après la bataille du Hayholt.

C'est avec plaisir qu'on revient en Osten Ard et qu'on retrouve Isgrimnur et Sludig. C'est également l'occasion de traiter d'un sujet relativement peu abordé dans les sagas de fantasy: les suites immédiates de la grande bataille décisive qui apporte la victoire aux héros et marque la fin définitive de la guerre. On a bien évidemment en contre-exemple le Nettoyage de la Comté dans Le Seigneur des Anneaux, mais généralement, on préfère faire une ellipse que s'attarder sur les retombées directes d'un conflit et le fait que les armes ne puissent pas être déposées aussi facilement.

On découvre donc des survivants de la bataille du Hayholt qui loin de se reposer, doivent continuer de se battre et de mourir, ce qui rend le ton assez amer (survivre à une bataille dantesque pour se faire tuer dans des affrontements sans nom...). Il est intéressant également d'avoir le point de vue des Norns que l'on parvient à plaindre même s'il est difficile d'oublier toutes les souffrances qu'ils ont causé en suivant leur reine, et ils apparaissent beaucoup moins monolithiques. L'Arcane des Épées laissait déjà entrevoir une réalité assez peu manichéenne, Ineluki étant avant tout un personnage tragique plutôt qu'un seigneur des ténèbres lambda sponsorisé par Orangina Rouge et The Heart of What was Lost ne fait que renforcer cette impression. J'ai cela dit par moment eu du mal à m'y retrouver parmi tous ces Norns tout en appréciant qu'on explore un peu leur société.

Voilà en tout cas une bonne occasion de se remettre dans le bain en espérant que Tad Williams nous réserve un nouveau cycle tout aussi réussi que ce qui a précédé.