Dans les années 80, la diffusion de Candle Cove, un show télévisé pour la jeunesse mettant en scène des marionnettes coïncide avec la disparition d'enfants dans une petite ville de l'Ohio. Des années plus tard, Mike Painter, qui a perdu son frère jumeau lors de cette vague d'enlèvements, revient sur les lieux alors que les enfants du voisinage regardent à nouveau religieusement Candle Cove.

Alors que la saison 6 d'American Horror Story touche à sa fin (et que j'en dirais tout le mal que j'en pense le moment venu), c'est au tour de SyFy de se lancer dans une série anthologique d'horreur où chaque histoire se déclinera sur une saison. Cette fois-ci, point de grande figure du fantastique revisitée, on se base sur les creepypasta, ces récits diffusés sur le web destinés à faire frissonner les internautes comme ils le faisaient autrefois en colo quand on leur parlait de la Dame Blanche et autres légendes. Ce qui fleure bon l'opportunisme ou le manque d'inspiration à première vue.

Channel Zero a le bon goût de ne pas se précipiter sur le plus connu des creepypasta, le fameux Slender Man, mais s'attaque donc à Candle Cove, pseudo vieux show télévisé dont le public visé, très jeune, devrait laisser supposer un caractère innocent mais qui cache quelque chose de beaucoup plus sinistre (et là, nombre de francophones ayant grandi dans les années 80 de s'exclamer "Téléchat"!)

Ça tombe bien, j'ai justement un faible pour les histoires d'horreur tournant autour d’œuvres pour enfants déraillant de leur fonction et cette saison n'est pas non plus sans évoquer Ça de Stephen King, avec cet adulte revenant dans le bled paumé de son enfance où il a vécu des événements traumatisants.

Malheureusement, la saison se révèle assez lente dans son rythme, ce qui ne serait pas un défaut si une véritable ambiance oppressante arrivait à s'installer. La sobriété de la mise en scène, le manque de musique, tout cela pourrait contribuer à susciter une véritable angoisse mais la sauce n'arrive jamais à prendre totalement. L'interprétation laisse la même impression: aucun acteur n'est mauvais, j'ai beaucoup apprécié Paul Schneider et Fiona Shaw ailleurs mais personne ne laisse vraiment une marque, on fait le taf de façon professionnelle mais sans avoir l'air particulièrement investi par ce qu'on raconte.

Pourtant, Candle Cove se laisse suivre malgré l'ennui qu'il dégage parfois. L'histoire elle-même, sans briller par son originalité, possède de belles idées, arrive à être dérangeante au détour d'un plan, bien que ce soit souvent trop fugace, et ne se vautre pas dans la surenchère tout en surprenant parfois pour sa violence après un début calme. On sent en fait qu'avec une mise en scène bien plus réussie la série aurait pu se hisser de quelques crans mais pour l'instant l'essai est trop timide pour être totalement transformé.