Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Norbert Dragonneau, jeune magizoologiste anglais, fait escale à New York après un tour du monde, sa valise pleine de créatures magiques qui ne tardent pas à s'échapper. Malheureusement pour lui, les autorités sorcières locales, déjà particulièrement strictes sur la préservation du secret magique, sont à cran après qu'un monstre inconnu ait dévasté plusieurs immeubles et Norbert est un coupable tout trouvé. Avec l'aide de Jacob, un aspirant boulanger, et de Tina et Queenie Goldstein, deux sorcières travaillant au MACUSA, Norbert va devoir retrouver ses créatures à temps et prouver son innocence.

À l'origine Fantastic Beasts and Where to Find Them de Newt Scamander (devenu chez nous Norbert Dragonneau par la grâce de la traduction de Jean-François Ménard qui pas plus que Trelawney n'aurait pu prévoir ce qu'on en ferait) était un livre de cours de Harry Potter, mentionné au détour d'une phrase dans les romans de J.K Rowling. Puis, pour le bénéfice d'une association, ce livre de cours (ou plutôt, une encyclopédie) a été publié comme un fac-similé amusant du manuel du sorcier à lunettes. Aussi, quand on a annoncé qu'il servirait de base pour un film (puis une trilogie, puis une pentalogie), il y avait de quoi rouler des yeux devant la volonté des grands studios de faire feu de tous bois pour tirer quelques dollars supplémentaires à des spectateurs pas encore prêts à dire adieu à un univers qui les avait fait rêver. Le fait que J.K.Rowling elle-même se collait au scénario, en revanche, avait de quoi rassurer, ou tout au moins intriguer. Les adaptations de ses livres ont toujours soufferts de scripts saccadés et d'incohérences plus ou moins flagrantes, la voir livrer elle-même un scénario original laissait espérer qu'on éviterait cet écueil. Et de fait, si cette première aventure de Norbert n'est pas parfaite, elle se tient nettement plus et se révèle infiniment moins frustrante que les aventures de Harry à l'écran.

Le choix de placer cette première aventure dans la Grosse Pomme de 1926 promettait beaucoup moins de dépaysement qu'on pouvait l'espérer, mais la reconstitution que ce soit le côté moldu (ou no-maj pour faire couleur locale) ou le côté sorcier ne manque pas de charme, on retrouve le soucis du détail dans le design qui a toujours fait la force de la série-mère à l'écran. On balance tout le long entre retrouvaille avec un univers connu, que ce soit dans les sorts, l'esthétique ou les thèmes abordés et nouveauté, les personnages et le contexte étant inédits, avec de nouvelles règles à intégrer. Le ton varie entre un aspect léger lié à la traque des créatures de Norbert, qui vaut quelques scènes amusantes quoique parfois un peu longues et qui renoue avec la découverte du merveilleux qui avait déserté les derniers volets plus sombres, et une intrigue nettement plus grave et douloureuse tournant autour de la Société de Salem et particulièrement Credence Barebone.

L'histoire de base est donc simple, mais comporte nombre d'éléments pas tous développés mais dignes d'intérêt. On retrouve les sujets que Rowling aime aborder: les différentes communautés en proie à la peur de l'autre, les héros marginaux pour différentes raisons, la maltraitance qui pousse à être vulnérable aux séductions de personnalités charismatiques mais peu recommandables...

Les personnages principaux sont réussis et touchants. Eddie Redmayne est impeccable dans le rôle de Norbert, lunaire et maladroit mais dont on devine un passé douloureux qui le conduit à se méfier des autres humains. Sa posture, ses regards rarement fixés sur le visage de son interlocuteur montrent bien son malaise mais pour une fois, l'aspect asocial ne se traduit pas par une attitude hautaine ou cassante. Jacob Kowalski, avec son embonpoint et son manque de pouvoirs magiques laissait craindre qu'on ait affaire au sidekick boulet de service et il faut bien reconnaître que certains gags foncent tête baissés dans ce travers. Néanmoins, parce que Dan Glover maîtrise ses effets et que Jacob a un background rapidement esquissé mais qui le rend facilement attachant, il n'est jamais insupportable et tout en se montrant rarement utile par ses actions, a la personnalité qu'il faut pour atteindre Norbert et l'aider à s'ouvrir aux autres.

Katherine Waterson et Alison Sudol dans le rôle des sœurs Goldstein tiennent également bien leur rôle mais si on reconnait la force de Rowling pour dessiner des personnages féminins cools dans des genres totalement différents, encore une fois elles ne sont pas aussi intéressantes que les personnages masculins qui ont droit à plus de mystère et d'ambivalence.

C'est ce qu'offre Ezra Miller dans le rôle de Credence, maltraité par une mère adoptive fanatique et qui cherche soutien et reconnaissance auprès de l'Auror Percival Grave (Colin Farrell, dont je me souviens que je ne pouvais pas le sentir il y a encore quelques années et qui m'a fait oublier cette détestation en quelques rôles), figure respectée du MACUSA dont on devine vite qu'il faut se méfier mais jusqu'à quel point (et après tout, Rowling a l'habitude de nous lancer sur des fausses pistes). Difficile de ne pas être ému par le personnage de Credence, de vouloir qu'il s'en sorte tout en craignant que ce genre de personnage soit condamné à une issue tragique.

Bien que l'intrigue principale soit bouclée, on lance des pistes pour la suite, certaines immédiatement discernables (les méfaits de Grindelwald devraient prendre une place importante) d'autres plus ténues (sans doute un personnage issu du passé de Norbert devrait apparaître en chair et en os), d'autres peut-être de l'ordre du détail pour l'instant mais qui dans le plus pur style rowlingien seront vu dans le futur d'un tout autre regard.

Concernant la réalisation c'est encore une fois David Yates qui s'y colle et il emballe le tout très correctement mais sans génie (on reconnait son utilisation habile des articles de presse dans la scène d'ouverture mais c'est sans doute trop léger pour appeler ça un style), et la 3D ne s'impose pas. Néanmoins, cela fait l'affaire, la direction artistique, la musique et même une touche de poésie ici et là parviennent sans problème à faire opérer le charme malgré des effets spéciaux qui bien que tout à fait honorables n'éblouissent plus le spectateur qui en a vu d'autres.

Pour un début de nouvelle franchise, c'est en tout cas fort prometteur. Je vais à présent parler de l'éléphant dans la pièce, donc un petit paragraphe masqué de noir pour la peine.

Johnny Depp joue le mage noir Grindelwald. Choix qui ne me ravit pas. Même sans les récentes révélations relatives à Amber Head qui n'arrangent pas son cas, je n'aurais pas été enthousiaste face à cette idée: tout d'abord parce que les performances d'acteur du monsieur ne me font plus vibrer depuis déjà quelques années, mais on n'est pas à l'abri d'une reprise en main, mais surtout parce qu'un des charmes des films Harry Potter étaient de mettre en avant des acteurs qui n'étaient pas forcément des inconnus mais pas non plus de grosses stars et des sexe-symbols, fussent-ils sur la pente descendante (une des raisons pour lesquelles, après quelques essais, Hugh Grant avait dû décliner le rôle de Lockhart). Or avec Depp, on tombe dedans, et cela me donne un peu le même sentiment que si à présent on annonçait George Clooney dans le rôle de Dumbledore.

Quoiqu'il en soit, pour sa courte apparition dans ce premier opus, il n'y a pas grand chose à critiquer dans sa prestation. Le revers de la médaille, c'est qu'avec une aussi courte apparition, il ne se pose pas tant comme Grindelwald que comme Johnny Depp le membre caché des Peaky Blinders. D'ici le deuxième film, je me serais sans doute habituée à l'idée mais ce choix ressemble à une faute de goût et détonne par rapport au parti-pris auquel on était habitué.
potion préparée par Zakath Nath, le Jeudi 17 Novembre 2016, 21:33bouillonnant dans le chaudron "Potterverse".