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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Harry Potter and the Cursed Child: Special Rehearsal Edition Script
--> Spoilers en pagaille
Albus Potter s'apprête à entrer en première année à Poudlard aux côtés de sa cousine Rose et de Scorpius Malefoy, fils de l'ancien rival de Harry, Drago. Malheureusement, Al a bien du mal à vivre avec le fait d'avoir pour père une telle célébrité et se sent de plus en plus isolé.

Il y aurait beaucoup à dire sur les réactions d'une partie du fandom à la révélation de spoilers sans avoir assisté à la pièce ou même lu le script complet, et pas grand chose n'a changé depuis cet article. Ou sur le phénomène des "headcanons" qui a pris de l'ampleur avec les années et l'évolution des réseaux sociaux et pas vraiment un tour toujours très positif.

Mais ce sera pour un autre jour peut-être, je me contenterais de parler du livre.

Au risque de passer pour Captain Obvious, il ne s'agit pas d'un roman, mais d'une pièce de théâtre. Il serait vain d'attendre exactement la même chose que des livres de J.K. Rowling, d'autant qu'en plus de la différence de medium, les ambitions ne sont pas les mêmes. Même si Harry Potter à l'école des Sorciers est un livre court et à première vue assez simple tout en introduisant parfaitement à l'univers et en étant bien construit et rythmé, un de ses attraits est qu'à la relecture, on voit à quel point il pose des éléments pour la suite qui passent totalement inaperçus au départ. Ici, il n'y a pas de volonté de lancer une nouvelle grande saga et de poser des bases sur celle-ci mais de proposer une histoire qui se suffit à elle-même et est davantage un addendum à ce que l'on connait qu'un nouveau départ.

On ne retrouvera donc pas le format classique avec une aventure par année et diverses sous-intrigues concernant les personnages secondaires, les ellipses sont plus nombreuses avec un enchaînement de petites scènes illustrant le passage du temps et l'évolution de certains rapports entre les héros, et des personnages sont vite convaincus par certains arguments alors qu'en roman cela leur demanderait certainement plus de temps car il faut bien que l'histoire avance.

Ceci admis, ce qui ressort c'est que sur scène, cela doit valoir le coup d’œil (et la plupart des critiques qui ont vu le spectacle vont dans ce sens). Si l'on pouvait penser que faute d'avoir recours à des images de synthèse comme dans un film ou de pouvoir tout se permettre comme dans un roman, Jack Thorne se montrerait timide sur l'usage de la magie, il n'en est rien, et de ce point de vue on retrouve bien l'univers avec ses lieux, ses créatures et ses sorts phares. Cela donne envie de voir comment John Tiffany et son équipe ont relevé le défit et les places étant difficiles à avoir, on peut espérer une captation de la pièce en dvd quand elle sera bien rodée pour se faire une idée, ainsi que de l’interprétation de la distribution d'origine (Anthony Boyle dans le rôle de Scorpius a l'air de cartonner et j'aimerais voir Jamie Parker en Harry, rien que pour contraster avec son rôle de "moldu" dans Jonathan Strange and Mr Norrell.)

En devant se contenter du script (qui est la version de répétition et pas celle qui est jouée en ce moment, il faudra voir à quoi tiennent les changements), les gros points forts résident dans le traitement des personnages principaux et le fait de revenir sur des éléments des livres qui ne manquaient pas d'intérêt mais parfois sous-exploités.

Harry a grandi dans un placard, élevé par un oncle et une tante qui ne cachaient pas leur manque d'affection pour lui, s'est trouvé la cible du plus grand mage noir du siècle... Autant dire que les problèmes ordinaires des adolescents de son entourage palissaient à côté des siens et que quand ils osaient ne pas prendre sur eux et les mettre de côté pour lui offrir le soutient dont il avait besoin, le personnage et parfois par ricochet le lecteur, ne se montrait pas très patient et compréhensif. Cho et Ron en ont particulièrement fait les frais.

Une partie du conflit entre Harry et Albus tourne autour de cela. Albus est impopulaire, en échec scolaire, et sent qu'on attendait autre chose du fils de Harry Potter. Cela le rend difficile à vivre de façon fort compréhensible, et ses problèmes sont bien plus courants que ce qu'a vécu Harry, tout comme ceux de Ron en son temps. Mais comment se plaindre sans avoir immédiatement l'air ingrat? De son côté, Harry a bien du mal à savoir par quel bout prendre un fils qui lui ressemble sans doute davantage que ses autres enfants mais qui n'a pas du tout eu la même vie et dont il ne comprend pas vraiment comment il peut être malheureux et ne pas aimer Poudlard, qui malgré toutes les épreuves qu'y a affronté Harry a été son premier vrai foyer? (et c'est peut-être un des éléments les plus tristes de la pièce, de voir un personnage ne pas aimer cette école qui aura fait rêver plus d'un lecteur).

Les scènes entre les deux personnages sont parmi les plus réussies. Il est agréable de revenir un peu sur Amos Diggory, qu'on avait quitter en larmes après le décès de Cédric. Je me suis toujours demandée comment les parents de ce dernier avaient vécu les événements suivants, la campagne de presse contre Harry, le retour de Voldemort et la guerre.

Quant aux personnages, il est aussi plaisant de voir Harry en adulte surchargé de travail, dépassé, et toujours marqué par son passé tragique (il fallait parfois lire entre les lignes dans les romans pour vraiment voir le traumatisme d'avoir grandi chez les Dursley). Parmi les anciens, Drago tire pas mal son épingle du jeu, pas forcément très sympathique au premier abord vis-à-vis du trio, ce qui est logique, mais qui a eu le temps de réfléchir à ses erreurs. Du coup, le rapprochement avec Harry apparait de façon assez naturel.

Hermione et Ron sont peut-être plus en retrait, surtout le second qui n'a pas les responsabilités de sa femme, mais ressortent renforcés en tant que couple, et finalement ont moins besoin d'évoluer. Leurs enfants ne posent pas de problèmes, Hermione a beaucoup de boulot mais les deux ont trouvé une place qui leur convenaient, c'est plutôt positif.

Concernant les enfants, si l'on s'attendait à voir renaître un trio, on sera déçu du rôle finalement assez secondaire de Rose, finalement plus là pour illustrer la position d'Albus et Scorpius par opposition à elle, mais qu'on ne nous ressorte pas le même schéma n'est pas plus mal. Albus n'est pas un personnage facile, souvent hostile, mais cela se comprend et il se rattrape dans la dernière partie. La vraie révélation de la pièce est le personnage de Scorpius, qui ne m'a jamais particulièrement intéressé dans l'épilogue. Très attachant, il apporte souvent une touche d'humour tout en étant intelligent, gentil mais jamais niais et vole la vedette à son camarade (d'ailleurs, il devient même le personnage principal dans une des parties les plus sombres de la pièce).

On en vient maintenant à l'intrigue elle-même. Et là, les choses sont moins claires.

Le choix a été fait de baser l'histoire sur le voyage dans le temps, Albus et Scorpius se faisant convaincre qu'éviter la mort de Cedric éviterait bien des malheurs et leur rendrait l'existence plus facile. Si le traitement du voyage dans le temps est différent de celui du tome 3, il n'en remet pas en cause les règles établies mais du coup, pour une suite, on est singulièrement tourné vers le passé. Cela permet de crever certains abcès et se révèle parfois ludique mais n'enrichit pas énormément l'univers, puisqu'on joue avec des scènes, des personnages, des lieux et des concepts déjà connus.

Encore plus casse-gueule, l'origine de l'antagoniste:l'enfant caché du méchant arrivant dans la suite pour se venger n'est pas la ficelle la plus originale, mais surtout cela a du mal à cadrer avec l'image de Voldemort. Je l'avais toujours imaginé conscient des sentiments de Bellatrix à son égard mais lui faisant miroiter une concrétisation. Passe encore que celle-ci ait eu lieu mais qu'il y ait eu un enfant est encore plus gros à avaler, entre les fantasmes d'immortalité de Voldemort qui n'aurait donc pas d'intérêt à pondre un héritier, le fait que Bellatrix soit en disgrâce à l'époque donc pourquoi lui faire cet honneur, et niveau timing c'est tout de même assez serré pour caser une grossesse bien qu'il se passe de longs mois entre chaque apparition du personnage dans le dernier tome. Certes, cela s'accorde avec le thème de la pièce et les paternités lourdes, et Delphi arrive même à devenir touchante quand sa motivation se fait jour à la fin et dans sa confrontation avec Harry mais la pilule est tout de même dure à faire passer .

Une critique de Radiotimes affirmait que la pièce est finalement un hommage plus qu'une oeuvre enrichissant l'univers et je la rejoins sur ce point. L'intrigue tient du prétexte pour revisiter ce que l'on connaît déjà et réaffirmer ce que les romans ont établi: que ce soit au niveau des couples, de certains personnages controversés comme Dumbledore ou Rogue, ou du déroulement des livres, la conclusion est que cela devait se passer ainsi et pas autrement.

Le point fort du script réside donc dans les relations entre les personnages principaux, anciens ou nouveaux, et le spectacle doit être un joli tour de force. Pour découvrir une nouvelle facette de cet univers avec un véritable apport et du dépaysement en revanche , il faudra probablement attendre Les Animaux Fantastiques.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 10 Août 2016, 18:38bouillonnant dans le chaudron "Potterverse".