Le cardinal Wolsey, incapable d'obtenir de Rome l'annulation du mariage entre Henry VIII et Catherine d'Aragon, est en disgrâce auprès de son souverain. Son conseiller Thomas Cromwell tente de son mieux de l'aider mais doit également préparer sa survie à la cour une fois que son bienfaiteur est écarté.

À l'origine de cette série, il y a bien sûr une page bien connue de l'histoire de l'Angleterre, mais également une trilogie de livres signée Hilary Mantel. Seuls les deux premiers tomes ont été publiés, et après des prix littéraires et une adaptation théâtrale, c'est au tour de la télévision de transposer son œuvre. La série et les livres ont pour point commun de se focaliser sur Thomas Cromwell, un fils de forgeron réussissant à devenir un proche conseiller du roi avant de perdre ses faveurs. Mais nous n'en sommes pas encore là et la saison s'arrête à la chute d'un autre personnage, la célèbre Anne Boleyn. Le style d'Hilary Mantel est très particulier, une narration au présent, beaucoup de dialogues, peu de descriptions. L'adaptation tente de traduire cela à l'écran avec une mise en scène sèche, une musique utilisée avec parcimonie et un montage souvent elliptique.

On est très loin du côté sexy des Tudors à ce niveau et le peu d'explication du contexte ne facilite pas forcément la compréhension du spectateur. Il est conseillé d'avoir une petite idée des événements, sans être non plus un amateur éclairé, pour plonger dans le bain, car le scénario ne prend vraiment pas les gens par la main. Le casting est de haute tenue, dominé par Mark Rylance dans le rôle de Cromwell. Peut-être parce que le roman est passé par les planches, peut-être à cause de la mise en scène jamais démonstrative et parce que finalement ce sont les acteurs et les dialogues qui occupent le devant de la scène, il y a un côté assez théâtral et la série, bien que plus moderne et à l'ambiance différente, n'a pas été sans me rappeler une autre série de la BBC, Moi, Claude Empereur.

À une époque où les productions historiques télévisées se permettent de plus en plus de gros moyens et des séquences parfois dignes de blockbusters, le côté austère de Wolf Hall risque d'en laisser plus d'un sur le bas-côté. Mais comme avec le livre dont elle est tirée, pour peu qu'on arrive à accrocher la série a un véritable charme et on se prend avec plaisir à voir se faire et se défaire la fortune des personnages.