Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Harry Potter et l'Ordre du Phénix (2007)
Cette fois-ci, cela ne fait pas très longtemps que j'ai vu le film, puisqu'il passait sur ITV en août, la veille de ma visite aux studios Leavesden, le hasard fait bien les choses. Je m'étais d'ailleurs dit qu'il vieillissait plutôt bien et que ce serait sympa de me les refaire tous à l'occasion. D'où ce marathon. Par acquis de conscience et parce qu'il faut tout faire dans l'ordre ( du phénix ) j'ai revisionné le film hier, pour revenir à la même conclusion: ça passe vraiment bien l'épreuve du revisionnage. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu'il n'y a pas de défauts. Bien sûr que si.

Exceptionnellement, pour cet opus, Steve Kloves ne s'est pas collé au scénario, occupé par celui du Curieux incident du chien pendant la nuit (dont on n'a plus de nouvelle, d'ailleurs) et c'est Michael Goldenberg qui a temporairement pris la relève. Goldenberg avait récemment écrit le scénario d'une très sympathique adaptation de Peter Pan, donc pourquoi pas. Quant à Mike Newell, il laisse la place à David Yates, nouveau venu au cinéma mais qui avait signé quelques travaux remarqués à la télévision britannique, en particulier State of Play, une mini-série qui mêlait politique et presse. Un choix plutôt pertinent pour L'Ordre du Phénix où le rôle du Ministère et celui de La Gazette du Sorcier est particulièrement en avant. Cependant, si le boulot des réalisateurs sur les séries-télés n'est pas à négliger (il suffit de comparer le pilote de Sherlock et son premier épisode pour constater l'apport de Paul McGuigan) c'est surtout le scénariste qui est roi, et Paul Abbot avait livré un travail parfaitement construit. Or sur un Harry Potter, Yates pouvait difficilement s'appuyer là-dessus, vu que le grand point faible de la saga au cinéma, c'est bien cette incapacité à fournir un scénario qui tienne parfaitement.

Goldenberg s'en tire globalement plutôt bien. Le bouquin est un pavé, mais contrairement à La Coupe de Feu ou Les reliques de la Mort trancher dans le lard est plus évident, car les intrigues sont moins entremêlées et dépendantes les unes des autres. Si on regrettera l'absence de Quidditch, l'histoire tient laroute sans ce sport, et l'évolution de Ron peut être traité aussi bien dans le film suivant. On perd au passage quelques trucs sympas (le bordel organisé avec la complicité des profs en réaction à Ombrage devenue directrice, ou le fait que Rowling avait parfaitement rendu l'ambiance des examens importants pointant en fin d'années: la surcharge de travail, le bachotage, l'anxiété, l'impression d'avoir plus ou moins réussi...) mais l'essentiel est là: Harry dont les rêves deviennent de plus en plus perturbants et le Ministère cherchant à étouffer le retour de Voldemort. Il reste quand même quelques éléments embêtants qui donnent parfois l'impression que les films sont élaborés un à un, non seulement en ignorant ce qui va venir après, mais aussi ce qui a précédé, ce qui est moins excusable. Ainsi, on ne case pas le miroir de Sirius, laissant un film suivant se débrouiller avec une explication alors que ça aurait pris trente secondes de l'introduire (mais on devait avoir peur que le spectateur lambda ne comprenne pas pourquoi mettre une scène dont l'utilité ne serait pas apparente dans le film lui-même), par contre on laisse Graup, personnage dont le seul intérêt est de donner à Hagrid l'occasion de faire plus que de la figuration. On oublie en route de mentionner qui a envoyé les Détraqueurs au début du film; peut-être cela a-t-il été coupé au montage, mais si cela ne gêne pas quand on suit le film, il y a de quoi s'interroger plus tard. On ne dit rien du sort de Croupton Jr, comptant sur le spectateur pour l'oublier et ne pas se demander pourquoi il n'est pas parmi les évadés d'Azkaban. C'est la même chose concernant au moins deux raccourcis très compréhensibles qui s'avèrent un peu problématiques.

Le premier concerne l'intrusion de Harry dans les souvenirs de Rogue. Il eut été laborieux de le montrer déposer des souvenirs dans la Pensine, s'absenter, montrer Harry y plonger (sans que le spectateur puisse forcément comprendre que ce n'est pas par curiosité mal placée mais parce qu'il croit y trouver des réponses sur ses rêves, à la base) et on se base sur un autre épisode du livre: puisque Harry arrive une fois à percer les défenses de Rogue dans le bouquin, il peut le faire pour voir le souvenir concernant son père et pas des trucs annexes. Ce n'est pas un raisonnement idiot mais il y a un hic: Rogue est sensé être un excellent occlumens capable de berner Voldemort. Qu'il sous-estime suffisamment Harry pour laisser une brèche est logique mais il doit vite le bloquer. Du coup, le souvenir important reste parcellaire (Lily a été coupée au montage) et encore une fois le passé complexe de Rogue est traité superficiellement. De plus, sa réaction est bien trop exagérée alors que dans le livre, sa fureur est justifiée bien que son arrêt total des cours au regard des enjeux est discutable.

Le second concerne Cho. Ne pas s’embarrasser de Marietta et faire de Cho celle qui dénonce l'AD est un raccourci qui en vaut un autre, surtout qu'on ne cherche pas à noircir Cho en révélant par la suite qu'elle n'a agit que sous emprise du veritaserum et pas par lâcheté ou malfaisance. L'inconvénient c'est que si on a un plan sur Harry lors de cette révélation, montrant qu'il a du coup conscience que Cho ne méritait pas d'être snobée par le reste de l'AD car Ombrage aurait pu se servir aussi bien de quelqu'un d'autre, on n'a jamais l'occasion d'y revenir et de donner une véritable conclusion à cette histoire. Cho pourrait très bien ne plus vouloir remettre le couvert avec Harry considérant qu'il aurait peut-être pu écouter sa version au lieu de l'ignorer complètement, mais avec les événements du Ministère, elle passe au second plan et il n'y a jamais de mise au point entre les deux, donnant l'impression que Harry l'a totalement oubliée après avoir été assez mufle.

Malgré ses défauts inhérents à chaque adaptation, le film se tient plutôt bien, Goldenberg et Yates arrivant à illustrer le conflit entre Harry et Voldemort ce qui n'est pas une mince affaire puisqu'il a lieu intégralement dans la tête du premier et qu'il est dur d'expliciter la lutte. Si la vision de Voldemort sur le quai de la gare est un peu trop cocasse, la possession de Harry au Ministère et sa façon de rejeter son ennemi arrive à ne pas être trop nunuche, tout comme la scène finale où on évite intelligemment de nommer la fameuse chose que Voldemort ne possède pas contrairement aux gentils, les films s'étant montré généralement moins subtils à ce niveau. Le travail de montage et avec les coupures presses est astucieux et permet d'en montrer beaucoup (la prise de pouvoir d'Ombrage et les efforts de l'AD) de façon dynamique et sans empiler des scènes répétitives.

Seul un gros décor vient faire son apparition, le Ministère, et si le Département des Mystères est trop peu exploré pour être mémorable, le reste est plutôt réussi. Il faut dire qu'on a définitivement passé le cap de la découverte émerveillée et même Poudlard commence à devenir assez terne, ce qui semble être une démarche volontaire. Yates s'appuie également assez peu sur la musique, avec une bande originale de Nicholas Hooper qui n'offre qu'un thème mémorable pour Ombrage et reste agréable mais très en retrait ce qui change de la majorité des films à gros budget. Yates prend même le parti de ne pas s'appuyer sur la musique lors du duel entre Dumbledore et Voldemort, ce qui est tout à son honneur et passe très bien. Cela dit, il ne fait pas preuve d'une inventivité exceptionnelle mais l'ensemble est fluide et sans lourdeur.

Concernant les acteurs, on a deux nouveaux venus, avec Imelda Staunton chez les adultes dans le rôle de Dolorès Ombrage. L'actrice n'est pas aussi monstrueuse physiquement, heureusement pour elle, mais ce n'est pas forcément un mal, on perçoit parfaitement sa profonde cruauté derrière les dehors sucrés et la certitude d'être dans son bon droit, et en rajouter dans son apparence est inutile. Du côté des jeunes, c'est Evanna Lynch en Luna Lovegood qui fait une entrée remarquée. Très investie dans son rôle, Lynch est un excellent choix, même si je regrette un peu qu'on ne montre de Luna qu'un côté éthéré certes dominant mais qui n'est pas tout ce que le personnage a à offrir (elle est capable de fous-rires déstabilisants, par exemple).

Les adultes font le taf mais manquent un peu de scènes pour sortir du lot (à part peut-être Rickman lors des leçons d'occlumencie). Gary Oldman est très bien mais trop en retrait malgré quelques scènes de tête à tête avec Harry. Sa frustration à l'idée de vivre enfermé chez lui est trop atténuée et il fait un peu trop figure de sage mentor, ce qui au final rend sa disparition un peu moins puissante. On a beau caser au détour de deux répliques son désir de voir en Harry un nouveau James, cela reste trop à la surface. Du côté du trio, Emma Watson est dans le même registre que dans le quatrième avec une inquiétude vis-à-vis de Harry surjouée, Daniel Radcliffe s'en sort très honorablement pour montrer un Harry aux nerfs à fleur de peau et tourmenté par Voldemort, il est moins crédible en leader de l'AD (cela dit, être prof, ça ne s'improvise pas), et Rupert Grint fait preuve d'une sobriété bienvenue.

Le film n'est donc pas parfait, et on pourra toujours regretter de ne pas y voir certains passages éminemment sympathiques mais qui auraient ralenti l'ensemble (l'inspection de McGonagall, par exemple, totalement jouissive dans le bouquin mais qui n'aurait pas fait avancer l'histoire et cassé le rythme du montage par rapport aux autres inspections). La synthèse du livre, sans être dépourvue de défauts, tient plutôt la route mais voilà, il s'agit d'une synthèse d'un livre de transition, dont l'intérêt ne reposait pas vraiment dans l'enjeu tardivement annoncé (le contenu de la prophétie est en fait sans importance à ce stade, Voldemort aurait pu l'entendre sans que ça ne change rien, c'est ce que son existence a enclenché et la venue de Harry au Ministère qui importent). De ce fait, même si le produit fini est de bonne tenue, il ne peut que difficilement susciter un enthousiasme que les volets plus épiques promettaient. On digère les informations et le sort de Sirius mais il manque d'un petit quelque chose pour se hisser un peu plus haut.
potion préparée par Zakath Nath, le Samedi 2 Novembre 2013, 16:19bouillonnant dans le chaudron "Potterverse".


Ingrédients :

  Escrocgriffe
06-11-13
à 12:33

Je suis bien d’accord avec ton article, il manque un je-ne-sais quoi à ce film… De l’enjeu peut-être ? Curieux.

  Zakath-Nath
Zakath-Nath
06-11-13
à 16:35

Re:

Je crois qu'un des problèmes du film (et encore plus dans le suivant où Harry a en plus l'opinion public pour lui) c'est que le héros n'est pas en danger physiquement jusqu'au dernier acte contrairement aux tomes précédents. Le tome est riche en information, il y a une évolution psychologique de plusieurs personnages (Harry, Neville...), les caractères deviennent plus complexes mais quand on doit se concentrer sur l'intrigue elle-même comme le doit le film pour tenir en un temps normal et garder un certain rythme, on s'aperçoit que ce qui mène l'intrigue est assez mince, contrairement au tome 4 par exemple où l'intrigue centrale avec le tournois était très forte. Je pense qu'une partie du problème vient du fait que les tomes 5 et 6 sont des livres de transition avant le grand final explosif, ils préparent le terrain mais on voit que l'auteur doit se retenir et c'est un peu frustrant après le grand tournant pris à la fin du tome 4.