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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Parade's end
Christopher Tietjens, fils cadet d'une famille de l'aristocratie anglaise, est partagé entre sa femme Sylvia qui le trompe allègrement et Valentine Wannop, une jeune suffragette. Plus largement, c'est tout son système de valeur qui est sur le point d'exister (si tant est qu'il ait jamais vraiment existé) alors que la Première Guerre Mondiale éclate.

Adapter la tétralogie de Ford Madox Ford n'était pas une mince affaire, et sir Tom Stoppard, le scénariste, s'en est sorti avec brio. En effet, si ce n'est pas non plus du James Joyce, l’œuvre de base nécessite de la part du lecteur une attention de tous les instants, car rien ne lui est facilité: ellipses temporelles, non-dits, retour en arrière, c'est à lui de reconstituer le puzzle et de comprendre l'attitude des personnages en se basant sur leurs actions et des bouts de dialogues et d'information. Il aurait sans doute été plus confortable de rendre la mini-série plus grand public en étant plus explicatif. Après tout, si on se tient à l'histoire de base (un triangle amoureux pris dans la tourmente de l'Histoire, envoyez les violon) on a de quoi obtenir un mélo en costume très classique. Or Stoppard ne prend jamais le spectateur par la main, et celui-ci se retrouve dans le même état d'esprit que le lecteur du roman. Ce qui peut vite conduire à une grande frustration si on attend des rebondissements ou des scènes de déballage, mais est fascinant si on se prend au jeu.

Car si bien sûr on peut se demander qui Christopher choisira et si lui et Valentine vont enfin conclure, ce n'est finalement que le fil conducteur d'un récit beaucoup plus riche, où les systèmes de valeurs différents des personnages s'affrontent. Chrissie est pétri de principe passé de mode (et encore, ont-ils vraiment été à la mode un jour ou le fantasme d'une époque plus chevaleresque) qui supporte sa femme qu'il considère comme une punition pour un instant de faiblesse, tandis que celle-ci mène la mauvaise vie par provocation, espérant que son mari réagisse, voire s'abaisse à son niveau, tout en se sentant menacée quand elle le soupçonne de le faire. Quant à Valentine, l'opposée de ces deux personnages (à la fois moderne là où Tietjens est conservateur, sage et naïve en même tant là où Sylvia se comporte en garce) elle apporte un peu de fraîcheur à l'ensemble. Il y a également McMaster, l'ami whig du tory Christopher, qui monte dans la société tandis que Tietjens s'en éloigne, mais n'en sort pas pour autant vainqueur, les passages dans les tranchées auprès de soldats à bout de nerfs dont l'état-major est totalement déconnecté. Il y a beaucoup de ruptures de ton qui peuvent surprendre, on se trouve à rire à des moments où on s'y attend le moins, par exemple.

Les cinq épisodes ne couvrent que les trois premiers tomes de la tétralogie (même si l'arbre coupé me semble provenir du dernier livre). La fin peut alors paraître abrupte, à la fois chaleureuse puisque la série se clôt sur un moment de bonheur de Tietjens et douce-amère (les personnages ne sont pas sortis de l'auberge et n'ont pas de solutions à long terme). On peut comprendre que The Last Post ait été laissé de côté, puisque les personnages principaux sont quasiment absents et qu'on se focalise sur Mark Tietjens foudroyé par une attaque, tout cela pour aboutir sur une fin ouverte. La mini-série forme donc un tout cohérent et qui se suffit à lui-même tel quel.

La réussite de l'entreprise ne doit pas tout à Stoppard. Il faut souligner la belle réalisation de Susannah White, avec des effets soignés (le côté kaléidoscopique par exemple) sans être tape-à--l’œil, et l'interprétation. Rebecca Hall retranscrit à merveille le personnage de Sylvia (un peu plus humaine que dans le livre, mais garce tout de même) excessive, difficile à cerner et à apprécier mais laissant transparaître une vulnérabilité et parfois une envie de se rapprocher de son mari sans savoir comment. En face Benedict Cumberbatch, même s'il ne correspond pas a priori à la description de Tietjens dans le livre, retranscrit finalement bien son côté maladroit et sans grâce qui cache une grande intelligente, et se révèle souvent émouvant même si ses principes le rendent parfois difficile à comprendre. les seconds rôles (Rufus Sewell, Miranda Richardson...) sont tous remarquables. On a là une superbe adaptation, mais étant fidèle au style des livres dont elle est tirée, elle risque de déconcerter plus d'un spectateur à la recherche d'un costume-drama classique.
potion préparée par Zakath Nath, le Samedi 22 Septembre 2012, 22:04bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".