Harry Ludlow et son jeune frère James sont deux corsaires au service de l'Angleterre alors que celle-ci vient d'entrer en guerre contre la France révolutionnaire. Après un affrontement avec un navire français qui tourne mal, les Ludlow sont recueillis par un 74 commandé par un vieil ennemi de Harry. Quand le second du vaisseau est retrouvé assassiné, c'est James qui est accusé du meurtre.

Encore une série se déroulant dans l'univers de la Royal Navy de la fin du XVIIIe, genre fort développé outre-manche (de notre côté, beaucoup moins, comment se peut-ce?). Comment tirer son épingle du jeu quand on passe après des poids lourds comme C.S Forester ou Patrick O'Brian? David Donachie a trouvé la solution avec une approche plus policière et moins guerrière, un peu comme dans la bande dessinée H.M.S de Roussel et Seiter. Et même si l'histoire à lieu sur un navire de la Royal Navy, Harry, ancien officier, a une position extérieure, ce qui là encore permet un point de vue différent.

Ce premier tome arrive donc à s'affranchir des comparaisons avec ses illustres prédecesseurs car même si on a droit à des batailles navales et des informations sur la vie à bord d'un navire de sa Majesté, c'est un autre type de récit qui est proposé, et plutôt bien mené, tout ne repose pas sur un affrontement final avec l'ennemi français, qui permet quelques rebondissements mais n'est pas la menace principale.

Même si la collection Libretto annonce "une aventure des frères Ludlow", il faut noter que James est en fait un personnage plutôt secondaire, l'enquête étant menée principalement par Harry, qui, sans être Sherlock Holmes, s'en tire fort bien, dans le sens où on n'a pas trois longueurs d'avance sur lui sans que la solution à l'énigme paraisse totalement parachutée (on soupçonne quand même de quoi il pouvait exactement retourner en gros sans identifier pour autant le coupable). Les frères sont pour l'instant un peu lisses, mais les personnages secondaires sont plutôt bien campés, notamment Carter qui évite d'être le tyran trop caricatural, et les dialogues ont souvent une petite touche d'humour qui manque par exemple à un Alexander Kent.