Après avoir survécu une nouvelle fois aux Hunger Games, Katniss Everdeen a trouvé refuge auprès des rebelles du District 13. Alors que la révolte continue de s'étendre, Katniss va devoir accepter son rôle dans les événements. Mais quel est-il au juste?

Après deux premiers tomes construits sur un schéma assez semblable, qui gagnaient en complexité tout en restant relativement soft étant donné le sujet abordé, Suzanne Collins frappe fort et n'a pas peur de faire mal.

Un des points forts du livre est d'éviter le manichéisme, point de gentils rebelles contre méchant empire, la présidente Coin ne vaut pas forcément mieux que le président Snow, et on insiste beaucoup sur le rôle de la propagande, quel que soit le côté employé. Les apparences, au travers du travail des stylistes, sont importantes dès le premier tome, et si au départ on pouvait penser qu'ils n'étaient là que pour donner un look cool aux héros adolescents afin de plaire aux lecteurs du même âge, cela fait partie d'un thème bien plus vaste. Le personnage de Plutarch est particulièrement intéressant: organisateur des Hunger Games travaillant en fait pour les rebelles, il se contente en fin de compte de ne faire que le même travail, sans états d'âme.

Le roman n'est pas dépourvu de faiblesses. On n'a que le point de vue de Katniss, qui n'est pas toujours au cœur des événements, et raconte tout de façon assez détachée une bonne partie du roman: façon de montrer ses tentatives de se distancer des horreurs, ou problème relatif à un style trop sec? Si Collins n'hésite pas à tuer nombre de personnages, il est dommage qu'elle s'en débarrasse souvent rapidement ou hors-champs quand ils méritaient mieux (Finnick, par exemple). Du coup, pendant la majeure partie de l'histoire, j'ai suivi avec attention mais sans être plus émue que cela.

Jusqu'au tournant dans les dernières pages, avec la mort de Prim. Ce n'est pas un personnage que j'aimais particulièrement (trop en retrait et parfaite) mais face à l'ironie de la chose, déjà: c'est pour la protéger que Katniss a participé aux Jeux et que tout s'est enclenché. Et enfin, à ce moment, le personnage semble sortir de sa réserve, ses relations vis-à-vis des autres sont mises à plat, notamment vis-à-vis de Gale, qui ne finit pas de la façon attendue (il aurait pu mourir héroïquement pour laisser la place à Peeta, ou se retirer simplement et dignement sur un "on reste ami").

Si l'on finit cependant sur une touche plutôt positive et un peu rapide, elle laisse un goût amer.

Cette trilogie a donc des défauts et ne va pas aussi loin qu'elle pourrait, sans doute à cause du public visé, mais elle vaut en tout cas largement mieux que ce que j'en craignais, c'est-à_dire qu'elle soit au roman d'anticipation ce que Twilight était aux histoires de vampires.