Cette première partie de l'ultime saison des aventures d'Hornblower voit notre héros se coltiner un Français arrogant (pléonasme pour les scénaristes, sans doute), des Irlandais très remontés, un officier supérieur hostile, un futur Seigneur des Ténèbres, et l'amûûûr (ou pas).
On retrouve Horatio capitaine du
Renown, s'emparant d'un navire français au large de l'Irlande. À peine a-t-il gagné la bataille qu'on l'informe de la Paix d'Amiens. Une paix à double-tranchant puisque si elle est la bienvenue après tant de sanglants combats, elle signifie également qu'Horatio se retrouve à terre avec une maigre demi-solde de lieutenant. Quand on le revoie un an après, il est donc en train de mettre son sabre au clou.
Pour égayer sa journée, il tombe sur son collègue le lieutenant Bush, lui aussi au chômage technique mais pas encore délesté de son manteau, de son sabre, et de sa capacité à payer un loyer. Horblower l'invite donc à passer la soirée avec lui et à aller dormir dans son gourbi.
À peine arrivés chez la logeuse, celle-ci réclame à Hornblower l'argent qu'il lui doit. Heureusement, Maria, sa fille, parvient à la tranquilliser et sauve la mise d'Hornblower. Dont elle a aussi racheté le sabre pour le lui rendre. Une telle générosité ne peut qu'être motivée par des sentiments profonds, bien sûr.
Bon, Maria, comment dire? Elle n'est pas super jolie, mais elle est gentille et pas totalement cruche (moins que dans les livres, en tout cas j'ai l'impression pour l'instant). Mais bon, c'est Saffron Monsoon, quoi, donc on n'est pas certain que ce soit une bonne chose de trop la fréquenter, Patsy et Edina pourraient débarquer dans la vie d'Hornblower d'une minute à l'autre, et il a suffisamment de problèmes comme ça. Après cet intermède, Honrblower montre à Bush comment il parvient à survivre malgré son maigre revenu: il l'arrondit en gagnant au whist dans un club d’officiers. Club où les deux compères tombent sur de vieilles connaissances, à commencer par cette bonne vieille trogne de Pellew.
J'ai déjà mentionné que je le kiffais, lui, je pense?
Et, moins drôle, le capitaine Hammond, alias Barristan Selmy, qui devient moins sympathique à chaque épisode, et accueille Hornblower au club avec autant de chaleur que Snape accueille Harry à Poudlard. Pour rester dans l'ambiance potteresque, on découvre que Hammond à un neveu, qui n'est autre que Tom Jedusor, celui d'
HP2, Christian Coulson (acteur qui m'avait alors tapée dans l’œil et qu'on ne voit guère depuis).
Contrairement à son tonton, Tom Jedusor a l'air d'admirer Hornblower et aimerait naviguer avec lui. Ça tombe bien, Pellew avait justement un petit commandement à confier à Hornblower pour une mission qui demande du doigté et de la subtilité. Il s'agit de mener un officier français passé au service des Anglais, André Côtard à un rendez-vous avec un contact au large des côtes françaises, tout ça sans se faire remarquer parce que c'est la paix, et qu'il ne faudrait pas que des manœuvres jugées suspectes réenclenchent les hostilités. Ou en tout cas, que les Anglais soient vus comme ceux qui les réenclenchent.
L'officier français est joué par le charmant Greg Wise, vous savez, le Willoughby de
Raison et Sentiments et accessoirement Mr Emma Thompson dans le civil. Bon, le gars apparait assez vite comme ne se prenant pas pour la moitié d'un confetti, n'a pas l'air très au courant des us et coutumes de la Royal Navy et pas l'air motivé pour les apprendre. Tout est parti pour bien se passer!
Horatio se prépare au départ, ayant fait de Bush son premier lieutenant, et il est temps de faire connaissance des autres membres de l'équipage, sources potentielles de problèmes, comme on s'en doute bien.
Tout d'abord, Wolfe, un bosco Irlandais qui a l'air de connaître son métier, mais qui est Irlandais à une époque où pas mal d'Irlandais s'agitaient un peu sous le joug (comme le joujou) anglais, agitation encouragée par Bonaparte.
Ensuite, des vieux de la vieille, Matthews et Styles. Et si du côté de Matthews, on est généralement tranquille, Styles, bien que brave, est toujours un peu incontrôlable. Comme il ne reste qu'une seule place vacante à bord, celle de steward du capitaine, Styles prétend être un cordon bleu et est donc engagé, même si Bush est, à raison, dubitatif.
Enfin, deux nouveaux aspirants, Orrock, un Irlandais qui a l'air de connaître son métier, mais qui est Irlandais à une époque où pas mal d'Irlandais s'agitaient un peu sous le joug (comme le joujou) anglais, agitation encouragée par Bonaparte. Et Tom Jedusor, qui apparait rapidement comme beaucoup plus godiche et timoré, et pas du tout à la hauteur des attentes de sa famille, qui attend de lui de grandes choses.
Le voyage est marqué par un incident majeur, avec un début d'incendie qui manque de mener le navire à sa perte. Styles est rapidement accusé puisqu'il s'est servi du four, et il a beau nier, il fait un coupable idéal. Mais même Bush peut témoigner qu'il n'a sans doute pas eu d'intentions malfaisantes, il est juste un gros maladroit. Styles échappe donc à la pendaison et écope de trois douzaines de coups de chat à neuf queues, appliquées par son pote Matthews. Ambiance.
Malheureusement, le but de leur mission, le rendez-vous, est manqué: au lieu du navire anglais qu'ils attendaient, voilà qu'arrive le
Loire, un navire français, et les anciens adversaires se saluent en bonne et dûe forme, mais c'est tout de même bizarre. Hornblower décide donc de débarquer sur les côtes françaises voir ce qui se trame, accompagné de Côtard qui connait le coin. Donc ils y vont, déguisés en Jacquou le Croquant.
Effectivement, il s'en passe de belles puisque les deux espions en herbe tombent sur une véritable petite armée en train de bivouaquer. Et là, ils se font repérer (là, je comprends pas, ils étaient pourtant super discrets, avec leur petits chapeaux). Repli en vitesse, du coup, poursuivis par une meute de soldats français enragés.
Ils parviennent à rejoindre le
Hotspur (oui, j'ai pas précisé mais c'est le nom de leur sloop, qui est celui dont Hornblower s'est emparé au début de l'épisode, mais on s'en fout). Le
Loire a rappliqué entre temps, donc fight! Le pauvre Tom Jedusor ne s'en tire pas très bien, puisqu'il est pris d'une véritable crise d'hystérie au cours du combat.
Bon, j'avoue, si j'avais été éclaboussée par les restes d'un mousse de dix ans qui vient de se faire pulvériser sous mes yeux, je ne ferais sans doute pas la fière non plus. Heureusement pour lui, Matthews parvient à le calmer et cacher son moment de faiblesse aux officiers, et la bataille est remportée. Horatio fait donc son rapport à Pellew, rapport accueilli par le désormais habituel "mais qu'est-ce que vous avez encore fichu, jeune fou, non, je déconne, en fait c'était super".
On constate d'ailleurs que Hornblower n'est plus désarçonné par ce genre de blagues, mais qu'il serait étonné si Pellew ne les faisait pas. Apprenant que son chouchou a l'intention de passer la nuit à terre, et de voir une feeeeemme (mais pas pour ce que vous vous imaginez, amiral, voyons), Pellew accorde cette permission à Horatio. Mais voilà, chez Maria, plus personne, elle et sa mère sont en prison pour dettes.
Eh oui, comme on pouvait le prévoir, Edina Monsoon a bu l'argent du loyer! Reconnaissant de l'aide que Maria lui a apporté lorsqu'il était dans la dèche, Hornblower les tire de là, et comme c'est un gentleman, ne demande rien en échange. Où tout cela va-t-il bien pouvoir nous mener, je vous le demande.
Enfin, tout cela est bien mignon, mais on sait maintenant que ce petit filou de Bonaparte prépare gentiment une invasion des côtes britonnes. Donc le plan de Pellew est simple: Hornblower et un petit groupe d'hommes soigneusement choisis débarquent, maîtrisent le fort côtier, et annoncent à l'équipage d'Hammond qu'ils peuvent débarquer pour foutre en l'air tous les préparatifs de débarquement. Honrblower est cela étant toujours travaillé par cette histoire de rendez-vous manqué, et ne voit qu'une explication: il y a un espion bien placé parmi eux pour avoir prévenu les Français, et Côtard est le suspect n°1. Manque de bol, il a besoin de lui dans l'entreprise, et son petit groupe est composé de tous les éléments potentiellement perturbateurs: Côtard, donc, mais aussi Wolfe, Orrock, Styles, et Tom Jedusor qui aimerait bien faire ses preuves.
Une fois le commando à terre, ça commence: Wolfe s'éclipse avec les fusées devant donner le signal de l'attaque à Barristan Selmy. Pas grave, Hornblower fait carrément sauter le fort. Mais c'est le moment que choisit Tom Jedusor pour encore paniquer.
Devinant que les Français vont bientôt débarquer et séparé du groupe, il court à la plage prévenir Matthews de revenir à bord car Hornblower et les autres vont être coincés derrière les lignes françaises. Matthews est fort dubitatif mais ne peut désobéir. Du coup, quand Hornblower et ses compagnons débarquent sur la plage, y'a plus personne et ils se retrouvent vite fait prisonniers, et découvrent alors qui commande les Français du coin.
Wolfe, un traitre? Allons bon. Oui, parce que le bon Wolfe, il en a un peu marre que les Anglais colonisent son pays, et comme il voit avec Bonaparte l'opportunité de les mettre dehors, pensez qu'il n'a pas hésité longtemps. Cela dit s'il avoue être responsable de l'incendie qui a valu le fouet à Styles, il reconnait qu'il n'est pas assez haut placé pour avoir manigancé le rendez-vous manqué et que oui, il y a bien un agent infiltré plus gradé que lui, mais il ne donnera pas son nom à Horatio, nananère. Celui-ci a toujours ses doutes au sujet de Côtard, ce qui fait que le spectateur, lui, se doute que ça ne sera certainement pas lui le traître.
Pendant ce temps, à bord du
Hotspur Matthews fait bien comprendre à Tom Jedusor qu'il sait quel lâche il est malgré les protestations de celui-ci. On ne devine pas du tout comment la sous-intrigue relative à Tom va pouvoir se conclure.
De son côté, Barristan Selmy, lui, il bosse, et débarque donc avec sa petite armée british sur les côtes françaises et se fait accueillir évidemment par une armée française légèrement moins petite, commandée par Wolfe, et il n'a d'autre choix que de se rendre pour éviter le bain de sang.
Notons la philosophie avec laquelle il prend la défaite. Hum.
Hornblower ne reste pas les bras croisés et parvient donc à s'évader avec ses hommes. Une évasion un peu merdique sur les bords, cela-dit:
Enfin, c'est le résultat qui compte, et une fois libre, on en profite pour faire sauter la forteresse où on a été enfermé, histoire de rameuter les navires anglais qui croisent au large, et de prendre la fuite sur la plage, fuite qui tourne court, notamment avec un Côtard blessé.
Nos héros sont encore une fois coincée par un bataillon ennemi, et cette fois, le grand traître se dévoile enfin!
On ne l'avait pas vu venir du tout, celle-là, non alors! Il se trouve que Barristan Selmy est aussi Irlandais, comme Wolfe et que lui aussi a vu l'occasion de se débarrasser du joug anglais, après avoir joué les parfaits officiers british pendant des années (ce qui fait réfléchir à ses actions des saisons précédentes d'ailleurs, selon que les scénaristes avaient ça en tête dès le début ou pas). Hornblower n'est pas franchement impressionné, parce que bon, Selmy a fait le serment de protéger son roi, alors d'accord, Aerys II, pardon, George III a tourné la carte, mais quand même, ça ne se fait pas. Ser Barristan commence à trouver que la conversation ne mène à rien et les héros sont sur le point de se faire abattre, quand heureusement, l'équipage du
Hotspur débarque sans prévenir (à croire que tous les soldats français avaient les yeux braqués sur Hornblower et Selmy et qu'aucun n'a pensé à regarder l'océan derrière).
S'ensuit donc une baston générale, remportée naturellement par les Anglais, même si Wolfe parvient à filer à l'anglaise, un comble! Mais le prix est amer car Tom Jedusor, après s'être battu courageusement et loyalement, a été mortellement blessé, et expire dans les bras de son tonton dans un râle et des dernières paroles touchantes.
Ah, mais qu'ai-je fait? qu'ai-je fait? Pourquoi? Pourquooooi?
Autant dire qu'après ça, Barristan Selmy n'a plus trop le choix sur la façon de tirer sa révérence.
Pas vache, Hornblower, dans son rapport, cache la trahison du bonhomme et les circonstances de sa mort. Rapport qui ne trompe pas Pellew parce qu'il a un pouvoir de déduction à faire rougir Sherlock Holmes. Ou parce que Côtard lui a déjà tout raconté avant.
Il se montre en tout cas moins clément qu'Horatio vis-à-vis de Selmy. Non mais c'est vrai, qu'est-ce qu'ils ont, ces Irlandais, à se rallier à Bonaparte, ils sont quand même bien plus heureux sous le joug anglais, non? Horatio tente vaguement de lui faire comprendre que la loyauté doit se gagner plutôt qu'être exigée, sages paroles qui impressionnent beaucoup Pellew, qui part alors dans une envolée lyrique sur les sentiments paternels qu'Horatio lui inspire. Horatio dit ne pas comprendre, mais Pellew a compris qu'Horatio a très bien compris. Après cette scène touchante, il reste encore une chose à régler.
Parce que Maria ne peut pas accepter l'argent d'Horatio comme ça sans que ça fasse jaser. Il n'y a donc qu'une solution. Hornblower met du temps à percuter que Maria ne veut pas dire qu'ils doivent cesser de se voir mais qu'au contraire, ce serait bien si, enfin, ils se mariaient. Horatio pige enfin, et résultat des courses:
Même si on a l'impression qu'il s'est fait un peu piéger, sur les bords:
L'épisode se base sur Hornblower and the Hotspur, bouquin qui ne m'a laissé aucun souvenir, à part celui que l'intrigue y était fort différente. Quoiqu'il en soit, malgré des éléments très prévisibles, l'épisode est très bon, avec toujours les mêmes qualités (et les quelques défauts). Ils s'en sont pour l'instant assez bien sortis avec Maria, n'en faisant pas un boulet, sans pour autant la rendre trop glamour et passer à côté du fait qu'Hornblower ne négocie pas bien du tout sa relation avec elle. Plus qu'un épisode, hélas!