Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Zu, les Guerriers de la Montagne Magique
Dans une Chine ravagée par des guerres sans fin, le jeune éclaireur Ti Ming-chi déserte et se réfugie au sein de Zu, une chaîne de montagnes. Il est sauvé de créatures maléfiques par un chevalier, Ting Yin. Ti Ming-chi l'accompagne alors que son nouveau compagnon, bientôt rejoint par un moine et son disciple, tente d'empêcher la venue d'un être démoniaque.

"La réponse de Hong Kong à Star Wars" nous dit la jaquette de la récente édition blu-ray d'un des plus fameux films de Tsui Hark. De quoi y placer quelques attentes déraisonables qui ne sont pas satisfaites même s'il n'y a pas que de la publicité mensongère dans cette accroche: réalisé en 1983, Zu, les Guerriers de la Montagne Magique bénéficie d'un budget élevé pour l'époque et a profité dans l'équipe des effets spéciaux de quelques noms ayant participé à la trilogie initiale de George Lucas. Il y est question de bataille entre le Bien et le Mal et les guerriers du titre bénéficient de pouvoirs magiques, qui semblent fort naturels dans le contexte. Néanmoins, le film est bien particulier et ne ressemble pas vraiment à ce qui se faisait ou s'est fait depuis en terme de culture populaire chez nous malgré l'influence qu'il a pu avoir, des Aventures de Jack Burton à Dragon Ball.

Résumer le film est une gageure tant le scénario est décousu et pas aidé par le fait que toutes les scènes prévues n'ont pu être tournées. Budget confortable ou pas, les ambitions de Tsui Hark ont rendu les coupes nécessaires pour que ce qui existe puisse avoir du cachet. Disons le tout net: l'histoire semble avoir été écrite pas un gamin de primaire et... ce n'est pas une critique: les personnages ont tous des réactions enfantines, du jeune héros naïf aux officiers le commandant en passant par les guerriers légendaires, le déroulement de l'intrigue consiste en une suite de rencontres qui paraissent aléatoires et uniquement là pour occasionner des affrontements, on affiche un manichéisme sans complexe ("bien sûr que je suis un gentil, tu vois bien que je suis habillé en blanc" clame même un personnage) même si un gentil peut devenir méchant une fois contaminé par le démon car qu'est-ce qu'il y a de plus cool qu'un gentil cool si ce n'est un méchant cool? Le résultat est qu'on s'amuse à ne pas savoir sur quel pied danser, ce que la prochaine scène va réserver tellement tout est possible. Pas seulement scénaristiquement mais visuellement.

Si l'on commence à l'air libre, on plongera vite dans les entrailles de Zu et on explorera divers temples et châteaux, avec quelques décors impressionnants comme chez la Dame de Glace. On alterne entre grandiose et oppressant, on ne perd pas de temps pour souffler en enchaînant les idées barrées comme un vieux guerrier dont la puissance réside dans ses sourcils, va te recoiffer Samson... Évidemment, tout ne fait pas mouche. On peut par moment se lasser de l'humour puéril plutôt que le considérer systématiquement charmant et trouver que l'on patine avec les allers et retours successifs pour chercher guérison dans le palais de la Dame avant de devoir se presser vers une résolution sur la fin. Quant aux effets spéciaux, il y a à boire et à manger. La restauration du film permet de goûter une image de qualité mettant en valeur le festival visuel mais on voit également dans certaines scènes (et ce dès la première cascade) les câbles servant à faire voler les acteurs. Certains passages sont très beaux comme l'affrontement entre Ting Yin et la Dame mais le goût pour les rayons fluo parait bien kitsch et pas toujours dans le bon sens.

Sans surprise vu le ton général, la distribution cabotine joyeusement. Yuen Biao et Mang Hoi sont néanmoins vite attachants en petits jeunes forcés de prendre la relève anticipée de glorieux aînés, Adam Cheng est particulièrement classe tandis qu'on repérera Sammo Hung qui malgré un double rôle est finalement peu présent. Bien qu'on soit dans un divertissement non-stop délibérément naïf dans sa peinture du Bien et du Mal, le film dénonce l'absurdité des guerres en dépeignant des affrontements absurdes entre soldats qui ne savent même pas pourquoi ils doivent combattre leurs voisins hormis qu'ils portent des casaques de couleurs différentes ou en critiquant la tendance des guerriers légendaires à vouloir faire cavaliers seuls pour leur gloire plutôt que de s'unir (même si Ting Yin et Hsiao Yu tentent de se sauver mutuellement ce qui rend le reproche un peu injuste quand il arrive vu qu'ils avaient commencé à évoluer sur la question... mais il fallait bien laisser la place aux jeunes).

Avec son récit complètement foutraque qui ne cherche guère à soigner ses transitions et son principe d'une nouvelle idée par minute, Zu, les Guerriers de la Montagne Magique est un spectacle souvent déconcertant, bourratif mais qui fait retomber en enfance dans le meilleur sens du terme, en plongeant le spectateur dans un monde où tout et surtout n'importe quoi est possible.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 16 Avril 2024, 16:06bouillonnant dans le chaudron "Fantasy".