Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-Potion suivante
Une femme dangereuse
--> It's Noirvember!
Routiers, Joe et Paul Fabrini sillonnent les routes de Californie. Malgré leurs efforts pour rester indépendants, ils ont du mal à joindre les deux bouts. Après un accident, Joe accepte l'offre d'emploi d'Ed Carlsen, chef d'une compagnie de transport. Lana, la femme d'Ed, obsédée par Joe, ne cesse de lui faire des avances.

Réalisé par Raoul Walsh en 1940, Une femme dangereuse tient plus, pendant sa première moitié pour ne pas dire ses deux premiers tiers, du mélodrame que du film noir. On y suit le quotidien de braves routiers qui affrontent les dangers parfois mortels de la route, soumis à des cadences infernales, en butte à de mauvais payeurs prêts à faire saisir leur camion et dont les rêves de fonder une famille sont fragiles et compromis. Pour alléger l'atmosphère, on a quelques trognes comiques comme Irish, le collègue accro au flipper et des échanges percutants, généralement quand l'interlocutrice privilégiée est Cassie, serveuse de relais-routiers qui ne s'en laisse pas compter et dont Joe tombe instantanément amoureux (comme elle et le scénariste le disent: "ça fait gagner du temps"). Elle ne tarde pas à fuir son patron aux mains baladeuses (ce que personne autour d'elle n'a l'air de trouver particulièrement choquant; les mains, pas la fuite) et peut compter sur l'aide du brave Joe, qui a ses propres soucis quand son frère se retrouve handicapé avec une famille à charge après un accident. Le titre américain They Drive by Night ne ment pas sur la marchandise. On conduit beaucoup et on s'endort au volant.

Le film noir, dans tout cela? Il repose intégralement sur l'arrivée fracassante de Lana Carlsen, l'épouse d'un jovial patron de compagnie de transport qu'elle méprise ouvertement mais qui est trop idiot ou trop gentil pour prendre ses piques et ses reproches pour autre chose que du badinage ou de bons conseils. Toquée de Joe, elle est prête à aller jusqu'au meurtre pour mettre le grappin sur lui puis a le détruire quand elle comprend qu'il n'a aucune envie de partager sa vie avec elle. Le personnage est particulièrement chargé face à un héros loyal à sa bien-aimée et qui ne trahirait jamais son patron et ami mais Ida Lupino offre une performance mémorable et sans frein de garce sombrant peu à peu dans la folie qui vaut à elle seule le détour.

Non pas que le reste soit sans mérite. Raoul Walsh, rompu à la réalisation de westerns et de films de gangsters et habitué à filmer l'action, montre le quotidien périlleux des routiers. Ce n'est pas Le Salaire de la Peur mais on a quelques sorties de route spectaculaires. Le tournage n'a d'ailleurs pas été sans risques puisque le camion dans lequel se trouvait George Raft, Humphrey Bogart et Ann Sheridan a eu un problème de freins et que seule la maîtrise de Raft de ce genre d'engins acquise lorsqu'il conduisait des convois clandestins durant la Prohibition a limité les dégâts.

Outre Ida Lupino, le casting est de bonne tenue. George Raft s'éloigne des rôles de voyous qui l'on fait connaître pour camper un brave gars droit dans ses bottes. Une orientation de carrière qu'il va chercher à poursuivre et qui lui vaudra de laisser passer de beaux rôles, au profit notamment de Humphrey Bogart qui joue ici son frère, plus tourmenté. Bien qu'il n'y ait pas à redire à la performance de Raft ici, il suffit de voir les deux acteurs côte à côte pour ne pas vraiment s'étonner que Bogart n'ait pas tardé à prendre l'ascendant. Ann Sheridan est excellente dans le rôle de Cassie, qui montre autant de caractère que Lana et un petit talent pour la manipulation mais de manière plus positive. Une galerie de seconds rôles pittoresques comme le patron joué par Alan Hale complète la distribution.

Mélo social piqueté de comédie bon enfant, Une femme dangereuse opère un virage audacieux quand le personnage de Lana prend les commandes. Le mélange des genres peut déconcerter mais il rend plus marquant ce film qu'il ne l'était jusqu'alors.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 13 Novembre 2022, 17:39bouillonnant dans le chaudron "Films".