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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Un plan simple
Hank Mitchell, son frère Jacob et Lou, ami de ce dernier, découvrent plusieurs millions de dollars dans la carcasse d'un avion. Ils se mettent d'accord pour se partager la somme mais Hank décide de la garder le temps d'être sûrs qu'elle ne sera pas réclamée. Le plan est simple et pourtant la situation dégénère très vite.

Un plan simple a souvent été comparé à Fargo. Ce n'est effectivement pas aberrant car les deux films, sortis à deux ou trois ans d'intervalle à peine, ont des similitudes. Le lieu, une petite ville enneigée du Minnesota; les personnages, qui se lancent dans un projet malhonnête qui échappe à tout contrôle dans une spirale infernale tandis que s'empilent les cadavres... Quant au réalisateur, Sam Raimi, il est après tout pote de longue date avec les frères Coen, Joel ayant mis la main à la pâte au montage d'Evil Dead tandis que Raimi faisait notamment une apparition dans Miller's Crossing. Il serait cependant hâtif de n'y voir qu'un ersatz du lauréat du prix de la mise en scène à Cannes en 1996. Tout d'abord il s'agit de l'adaptation d'un roman de Scott Smith (que je ne connais que par Les Ruines, que j'avais lu il y a un bail en pensant voir le film dans la foulée et toujours pas) publié quelques années plus tôt. Ensuite l'esprit n'est pas vraiment le même.

On peut penser au départ que l'on va avoir affaire à une comédie noire, avec ce personnage principal ordinaire qui va faire entorse sur entorse à ses principes moraux, son frère pas très malin flanqué d'un ami bon à rien et alcoolique mais le regard porté sur eux et sur ceux qui gravitent autour, épouses et flics, n'est pas féroce et caustique comme peut l'être celui des Coen. On a affaire à des gens précaires, Hank, petit comptable dans une entreprise, sans grand espoir de promotion, est celui qui s'en sort le mieux tandis que Jacob et Lou sont au chômage et probablement considérés comme inemployables. Si l'on peut s'amuser au début de leur médiocrité et de leur inaptitude à s'en tenir à un plan simple, l'envie de rire passe très vite quand on se rend compte que leurs actions sont moins mues par une cupidité sordide que par le besoin d'avoir enfin la tête hors de l'eau dans une région sinistrée. Jacob se montre notamment particulièrement touchant quand il fait part à Hank de ses rêves et de la vraie raison de la faillite de leur père.

La réalisation de Sam Raimi joue à merveille du cadre glacé et désolé et se montre sobre. Pas d'effets cartoonesques chers au réalisateur ici, à une mort à coup de fusil près, et encore, même la découverte du pilote dans la carcasse de l'avion en début de métrage ne joue pas la carte du gore rigolo bien que l'on flirte avec. Les rebondissements, prévisibles ou non, maintiennent le suspense pendant deux heures mais plus que la tension c'est finalement l'évolution des personnages et l'ampleur de la tragédie dans laquelle ils s'enfoncent qui finissent par rester. Hank et son épouse Sarah sont les mieux lotis de la bande et ceux qui commencent par émettre le plus d'objections au fait de garder l'argent mais une fois impliqués, ils deviennent bien plus vite machiavéliques que Lou, aux besoins très prévisibles, et Jacob, partagé entre ses rêves, son frère et son ami et qui a de plus en plus de mal à y voir clair pour se montrer en fin de compte le plus lucide.

La distribution est particulièrement excellente. Bill Paxton et Bridget Fonda se tirent à merveille de rôles assez ingrats (la seconde en particulier) de jeune couple sans histoire qui piétinent vite les valeurs qu'ils affichaient quand la possibilité de s'enrichir ou la peur d'être pris pointent leur nez. Néanmoins, ils échappent à la caricature et finissent pas provoquer plus de pitié que de dégoût. C'est cependant Billy Bob Thornton qui laisse la plus forte impression en incarnant Jacob, âme simple jeté dans une situation qui ne l'est pas et qui s'extrait de sa place de boulet de service pour se montrer fort émouvant. Le reste du casting, composé de gueules que l'on croise régulièrement sur les grands et petits écrans sans forcément placer un nom dessus (Gary Cole, Brent Briscoe, Becky Ann Baker...) est tout aussi solide.

Néo-noir sur fond blanc, Un plan simple tient une place à part dans la filmographie de Sam Raimi, témoignant d'une sobriété et d'une gravité qui peuvent surprendre. On peut trouver dommage qu'il ne soit jamais retourné sur ces terres par la suite et en même temps le film conserve ainsi son caractère singulier.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 26 Février 2023, 19:19bouillonnant dans le chaudron "Films".