S'il y a bien quelque chose qui réunit tout être humain, c'est la conscience que tôt ou tard, il va mourir. Pas étonnant donc que la mort ait été représentée dans la fiction. De manière plus ou moins mémorable toutefois. Et plus incongrues sont les circonstances du décès, plus on a de chance de s'en souvenir. Tués par la Mort offre un panorama non exhaustif des morts les plus bizarres, ridicules, d'une simplicité brutale ou élaborée au-delà du raisonnable.

Le livre de Lelo Jimmy Batista se présente comme un dictionnaire mais il demande d'être lu dans l'ordre plutôt que d'y picorer en fonction de ce que l'index promet de plus croustillant: en effet, on fait référence à des films ou des anecdotes précédemment évoqués et parmi les notes de bas de pages se trouve un récit dont vous êtes le héros impliquant des personnalités connues de nos écrans. Il y a donc des règles à suivre mais elles sont peu nombreuses et pas franchement insurmontables. Le livre ne vise pas non plus à l'exhaustivité, que ce soit dans le type de mort ou les films évoqués, tout simplement car il serait obsolète à peine sorti et que malgré son érudition et les heures qu'il a du passer à regarder les trucs les plus improbables imprimés sur pellicule l'auteur ne peut humainement avoir tout vu et entendu parler de tout. Il y a largement de quoi se divertir en l'état. On ne prend pas en compte les morts par armes, ou causées par des animaux qui vous feront un sort dans la seconde si vous croisez leur route, évidemment, ce serait trop facile.

Mort par abeilles, mort par yoyo, mort par pneu, mort par pogo-stick... Les morts violentes les plus absurdes sont passées en revue et toutes ne viennent pas d'obscures séries z ou de nanars bien qu'ils soient honorablement représentés. Certaines entrées sont plus convenues que d'autres: on ne s'étonnera pas trop de chapitres comme "mort par batte de base-ball" ou "mort par tronçonneuse". S'il ne s'agit pas d'armes, ces instruments ont trop souvent été utilisés, et dans des films trop emblématiques, pour les trouver encore surprenants mais il aurait été étrange de faire l'impasse. En plus des exemples fournis, Batista nous gratifie de faits divers en rapport avec l'entrée du moment, d'anecdotes tirées de sa vie personnelle (ce qui me fait une fois de plus réaliser que j'ai vraiment un train de vie de pétoncle et que ce n'est pas avec ça que je tirerai un livre intéressant. Même si c'est reposant) et on rit plus d'une fois, finalement plus par la façon de raconter les choses que pour les morts fictives évoquées. Le livre est de plus doté d'illustrations signées Freak City qui s'accordent fort bien avec le texte.

Tués par la mort est une anthologie savoureuse, qui contrairement à ce que l'on pourrait croire au premier abord ne traite pas seulement de nanars. C'est un livre qui vous en apprendra sur le cinéma, sur l'existence douteuse des snuff-movies, sur l'Australie et sur le liquide d'étanchéité pour pneu mais qui surtout risque fort de vous faire rire bêtement dans les transports en commun.