Geralt, Yennefer et Ciri parcourent le continent à la recherche d'un lieu sûr pour la jeune fille qui suscite toujours les convoitises de différents partis tandis que les complots continuent autour d'eux et que des alliances se forment à leur insu.

Mais qu'est-ce qu'il s'est passé? Les deux premières saisons de The Witcher avaient eu des retours mitigés, souvent liés à la structure de la saison 1 ou le manque de fidélité aux livres et aux personnages. N'ayant que peu de souvenirs des trois premiers volumes, les seuls que j'ai lu, je n'ai pas été choquée par les choix entrepris par rapport à l'oeuvre de base et je suivais sans trouver cela génial mais sans déplaisir non plus. Certes, je n'ai pas révisé avant de me lancer dans cette nouvelle saison mais j'ai rarement été aussi perdue que pendant les cinq premiers épisodes, puis finalement les trois suivants. Ce n'est donc pas tant qu'il eut fallu me rafraichir la mémoire: c'est écrit en dépit du bon sens, à un point difficilement excusable ou compréhensible.

Le trio principal se sépare plusieurs fois par épisodes sans que l'on sache vraiment qui va où, pourquoi, comment ils se retrouvent: parfois Geralt est avec Ciri et Yennefer vaque à ses occupations ailleurs, parfois Yennefer forme Ciri pedant que Geralt démonte des monstres, parfois Ciri, qu'il faut protéger à tout prix, est livrée à elle-même tandis que les adultes ont à faire... Il n'y a aucun liant, le scénario part dans tous les sens et il est difficile de se passionner pour les enjeux tant ils sont confus: mages, Nilfgaardiens, Elfes, tout le monde ou presque avance ses pions mais on ne voit pas le plateau, et à ce stade, ce n'est pas de la complexité, c'est de l'incompétence. Qui fait encore plus apprécier, avec le recul, le boulot effectué sur Game of Thrones pour rendre querelles et complots entre différentes familles aussi limpides.

La saison partait sur de mauvaises bases avant même sa diffusion: annonce avait été faite que Henry Cavill tirait sa révérence à l'issue de celle-ci pour laisser la place à Liam Hemsworth (déjà pas un monstre de charisme jusqu'ici alors avec une écriture aux fraises, que restera-il?). Difficile de ne pas donner raison à Cavill, oui, remplacer un acteur, surtout principal, en cours de route, n'est pas chose aisée, d'autant plus qu'il a eu trois saisons pour s'imposer mais il y a des fois où il faut savoir prendre ses cliques et ses claques plutôt que de conserver un rôle qui vous apporte plus d'insatisfaction que de plaisir, alors que le bonhomme était très investi au départ.

Il y a déjà eu quelques petits changements dans les rôles secondaires (Rience en tout cas, pour ce qu'on lui donne à faire) mais l'essentiel du casting reste fidèle au poste, sans avoir l'air de trop savoir quoi faire si ce n'est de son mieux. Comprennent-ils seulement ce qu'ils doivent jouer tant certains changements de direction semblent aléatoires? Mention spéciale à l'interprète de Radovic qui affiche un air benêt même quand son personnage est censé montrer que ce n'est qu'un masque. À croire que le mec qui jouait Wills dans The Windsor, série comique moquant la famille royale, s'y croit encore.

La série n'a jamais atteint des sommets mais cette saison a tout de la catastrophe industrielle qui n'a de mémorable qu'un monstre de chair parfaitement glauque. Cela ne suffit pas et on imagine mal la prochaine saison relever le niveau et le défi du changement d'acteur.