Mina s'égare dans une forêt du Connemara et trouve refuge dans une bâtisse où se terrent trois autres personnes. Elle découvre que les alentours sont peuplés de créatures meurtrières qui ne se manifestent que la nuit. Mina va devoir apprendre à survivre auprès de ses nouveaux compagnons, dont la mystérieuse Madeline.

Ishana Shyamalan, fille de, ne s'est pas facilitée la tâche en choisissant pour son premier long-métrage de marcher sur les plates-bandes de son père. La carrière de ce dernier est en dents de scie dans le meilleur des cas mais il conserve malgré tout l'image de quelqu'un qui aura marqué en quelques films le genre du film fantastique, option twist. De fait, la sortie de son premier film en France, Les Guetteurs, a été tellement discrète le mois dernier que je pensais qu'il arriverait plus tard dans l'année. J'ignore donc comment la réalisatrice s'est tirée de l'adaptation, car c'en est une et je n'en ai pas cherché de critiques. Au lieu de cela, j'ai lu le roman dont son film est tiré, signé de l'Irlandais A.M. Shine.

Bien que se déroulant à notre époque, l'intrigue démarre comme un conte: l'héroïne se perd en forêt, une forêt dans laquelle rôdent de dangereuses créatures. Elle parvient de justesse à un havre construit par un universitaire disparu et habité par d'autres "naufragés". Madeline, la plus ancienne sur les lieux, la plus parée à la survie mais peu patiente avec ses compagnons d'infortune; Daniel, un adolescent malheureux; enfin Ciara, une jeune femme dont le mari a tenté de s'enfuir peu de temps avant l'arrivée de Mina. Quant aux créatures, la jeune femme en apprend assez vite la vraie nature, accentuant l'aspect de conte de fées. Bien que court, le roman peine à être haletant. Finalement, la partie en huis-clos est vite traitée, les personnages pourraient être davantage creusés qu'ils ne le sont. Les survivants retrouvent la civilisation dans les derniers chapitres et comme il reste des choses à raconter, les retournements de situation sont prévisibles.

La chute n'en recèle pas moins une certaine efficacité car l'idée elle-même infuse suffisamment de paranoïa pour fonctionner mais il n'y a rien de particulièrement remarquable dans ce récit qui effleure la psychologie des personnages mais passent rapidement sur leurs confrontations et qui n'offre pas assez de péripéties lors du séjour en forêt de Mina. On peut donc se demander pourquoi ce roman en particulier, au milieu de toutes les sorties surfant sur de l'horreur folk ou gothique, a pu se voir porté à l'écran, et il n'est pas certain qu'en retour l'adaptation lui fera une publicité énorme (quoique, l'aurais-je lu si je n'avais pas vu le trailer du film? Oubliez cette dernière phrase).